FAQ09 Jésus berger

Jean ch.10

Jean 9 Jean 9  La porte, les brebis, le berger

Jean ch. 10

Je donne ma vie pour la reprendre.

Le dicton français, qui oppose donner et reprendre, peut troubler notre compréhension de la parole de Jésus (Jean 10, 17). Une traduction plus rigoureuse écrit: "le père m'aime parce que je me désaisis de ma vie pour la reprendre ensuite. Personne ne me l'enlève..." Saint Jean écrit dans la perspective de la passion de Jésus qui approche. En même temps, c'est une méditation "après-coup" de l'évènement où l'on est venu arrêter et condamner Jésus.

 

Il est facile d'imaginer les débats entre chrétiens et juifs au cours du premier siècles, les Juifs affirmant que Jésus a été arrêté par eux, condamné et exécuté. "On l'a bien eu!" devaient-ils dire. Alors les paroles où Jésus dit "je donne ma vie pour que le monde ait la vie", ces paroles sont contestée. Jean met dans la bouche de Jésus l'expression de sa totale liberté:" ma vie, nul ne la prends, mais c'est moi qui la donne". C'est un chant ancien, fort connu, qui résume la pensée de Jésus (et de Jean). (Chant : "La nuit qu'ilfut livré, le Seigneur prit du pain...")

 

Les croyants affirment que Jésus ne reste pas dans la mort. Cette vie donnée, disparue, retrouve sa consistance avec la résurrection. Bientôt Jésus exprimera : "encore un peu de temps et le monde ne me verra plus et vous me verrez "(Jn 14, 18-22). On retrouve semblable expression en 16, 16-20. Il faut y voir là l'expression de la mort de Jésus et le laps de temps de l'absence de Jésus avant qu'il ne soit reconnu comme vivant, dans sa réalité de ressuscité... Je vous verrai à nouveau et votre coeur alors se réjouira (16, 22) Paroles énigmatiques, paroles qui invitent à comprendre que la mort de Jésus n'est pas le dernier mot de ceux qui l'auront rejeté, car "à ceux qui l'ont reçu, il donne de devenir enfants de Dieu" (Jean 1, 12).

 

Quelles sont les autres brebis?

Plusieurs images (comparaisons) sont imbriquées l’une dans l’autre, où Jésus (et Jean qui reprend l’enseignement de Jésus) essaient d’exprimer ce que, plus tard, on appellera l’Eglise.

La première image est la porte avec la notion d’entrer et de sortir (aller et venir), associée à une seconde image, celle du bercail (bergerie, enclos), lieu protégé. Il faut y voir aussi l’image du berger-guide, à la tête de son troupeau. Il faut remarquer aussi ceux venus avant moi, allusion aux mauvais bergers.

Jésus insiste sur la relation de confiance qui caractérise le troupeau et le berger. Il est clairement fait allusion à la passion, désormais toute proche (“je donne ma vie, on ne me la prend pas“ fait allusion à la liberté de Jésus). Enfin les autres brebis… cela fait allusion à ceux qui viendront par la suite agrandir la communauté. Jésus fait encore allusion à ceux-là dans la prière ch. 17, 20-21 : je prie aussi pour ceux qui grâce à leur parole, croiront en moi…”

 

C'est qui, le berger mercenaire?

Le berger mercenaire (à la différence d’un berger propriétaire de son troupeau) c’est un homme payé pour garder le troupeau… S’il y a trop de risques, il s’enfuit ! L’image était facile à comprendre avec les habitudes de ce temps-là où l’on rassemblait quelques bêtes par-ci, quelques bêtes par-là, confiées à un mercenaire, un salarié. Le propriétaire était reconnu par ses bêtes, quand il passait par là. Dqns l'ancien Testament, il étaitdéjà question des mauvais bergers... (sous-entendu, rois et prêtres) qui n'honoraient pas leur responsabilité. Quand Jésus parle, il fait allusion à ces mêmes responsables du peuple de Dieu, sans doute nombreux à l'époque, parce que payés par Hérode et ses successeurs pour "faire tourner" le nouveau Temple de Jérusalem restauré par Hérode. Il fallait du monde... On se souvient de l'épisode des vendeurs chassés du Temple: ces vendeurs sont des copains des autorités ils s'intéressaient plus à leurs affaires qu'aux affaires de la prière des pèlerins. Ils sont payés, mais pour faire quoi? Mercenaires, ils ne font pas le Job!

 

Vous êtes des dieux, comme des dieux... incompréhensible

Le ch 10, 31-39 est un paragraphe qui rend compte d’un échange vif, avec argumentaire théologique de l'époque, entre Jésus et les pharisiens. Ce paragraphe est à étudier dans son ensemble, et non mot à mot ou en pièces détachées. Cet échange concerne l’affirmation “Mon Père et moi nous sommes un” (v.30).

C’est Jésus qui manœuvre, puisqu’il interroge : “pourquoi voulez-vous me faire mourir?” Vient alors l’accusation théologique soutenue par les pharisiens : “toi qui es homme tu te fais fils de Dieu!”

Il me faut ici préciser une des règles habituelles lors des discussions rabbiniques : tout peut être affirmé, à condition que cela soit prouvé (étayé) par une référence aux Ecritures. On trouve ainsi fréquemment des échanges (bagarres) de citations opposées à d’autres citations, jusqu'à épuisement d'une partie (le français a retenu le mot se chamailler, en souvenir de ce type de controverses). Saint Paul lui aussi use fréquemment de ce principe. Revenons à Jean 10, 34 : accusé de se dire homme et dieu, Jésus renvoie à une citation imparable, extraite des Ecritures (psaume 82,6) : “ [34] …N'est-il pas écrit dans votre Loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? Alors qu'elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu fut adressée - et l'Ecriture ne peut être récusée -  à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde vous dites : Tu blasphèmes, parce que j'ai dit : Je suis Fils de Dieu !...

Il ne s’agit pas de dire si la phrase est vraie ou fausse, mais de constater que l’affirmation de Jésus trouve son équivalent déjà inscrite dans les Ecritures. On ne peut donc accuser Jésus d’être blasphémateur. Que l’affirmation selon laquelle Jésus est fils de Dieu soit vraie ou non est une autre question.

 

Commandement: est-ce un ordre, est-ce une mission?

"Le commandement que j'ai reçu ce mon Père"..

Le mot commandement revient souvent en saint Jean. Nous le comprenons à partir de son utilisation dans la société d'aujourd'hui: "commandement, ordre à exécuter". En fait il existe deux mots grecs traduits en français par commandement. Le premier (nomos) signifie le précepte de la Loi et souligne le caractère personnel de la prescription: c'est à toi que Dieu adresse ses recommandations. L’autre mot est "entolé". Sa signification a, en partie, disparu derrière notre interprétation obéissance à un ordre. En fait le mot signifie "la parole" (le commandement) par laquelle se révèle l’amour du Père. Par lui, le croyant entre en communion avec le père. Le commandement de Jésus est l’amour. Cet amour trouve sa source dans l’amour mutuel du Père et du Fils. Quand nous entendons aujourd’hui le mot commandement, c’est à tout autre chose que nous pensons. Voici le commandement reçu = voici la Parole du Père, expression de notre amour mutuel. C’est tout autre chose que l’ordre d’un maître à un serviteur. Cette présentation peut sembler tirée par les cheveux.... pas sûr! Car la civilisation d'aujourd'hui et celle d'hier ne fonctionnent pas selon les mêmes schémas de pensée et de relation entre les individus.

 

Qu'est-ce que la dédicace?

ecriteau interdit d'entrer ecriteau interdit d'entrer  La dédicace est une fête anniversaire qui célèbre chaque année le jour où le Temple de Jérusalem a été délivré de l’occupation païenne en - 168 (Occupation sous Antiochus Epiphane). Le libérateur fut Judas Macabées et ses troupes. C’est de cette époque que date la fête des lumières, et les huit jours de célébrations auxquels fait allusion l’Evangile de Jean. C’est fêté au début de l’hiver (il faisait froid est-il écrit).

L’aveugle, et quelques autres croient en Jésus comme l’envoyé de Dieu. La plupart des pharisiens etc. refusent de croire (leur coeur aussi était tout froid!).