Journée mondiale du réfugié du migrant

Thème : « Migrations : pèlerinage de foi et d'espérance »

Journée migrant 2012 Journée migrant 2012   [Notes

* Sur la date: à Calais l'assemblée se fera le dimanche suivant, 20 janvier]

* Le dossier de préparation à la journée est disponible auprès de l'Apostolat des Laïcs, maison diocésaine 03.21.21.4021

« Migrations : pèlerinage de foi et d'espérance »  

 Journée des migrants, approche biblique


Cette année, Benoît XVI nous invite à porter sur les migrations un regard inhabituel: il nous propose de les considérer comme un « pèlerinage de foi et d'espérance». Le mot pèlerinage évoque un déplacement - un voyage, une marche - que l'on entreprend pour des motifs religieux. Comment donc peut-il être appliqué à un phénomène - les migrations - qui n'a en soi rien de particulièrement religieux ? Cette question peut alimenter notre réflexion et notre prière en ce jour. Elle était déjà dans le message Jean Paul II 1998 pour la Journée du Migrant et du Réfugié de 1998: «Le phénomène de la mobilité humaine évoque l'image même de l'Eglise, peuple en pèlerinage sur la terre, mais toujours orienté vers la Patrie céleste».


Ceux d'entre nous qui ne sont pas des migrants, nous avons tendance à considérer la migration comme un phénomène qui nous est extérieur : on vient vers nous. Du coup, le migrant est vu soit comme celui qui vient nous déranger, soit comme celui que notre charité chrétienne nous invite à « aider ». Gêneur ou objet d'assistance, comment serait-il un « frère » ? La Bible nous invite à une vraie conversion du regard. Si le peuple hébreu est invité à accueillir l'étranger comme un frère, c'est parce qu'il doit se souvenir qu'il a été lui-même étranger au pays d'Egypte. Chaque fois que nous rencontrons « le frère venu d'ailleurs », commençons par nous rappeler que nous sommes nous-mêmes des « pèlerins » en marche vers un «Royaume des cieux» qui est pour nous l'équivalent de ce qu'était la « terre promise » pour le peuple de Dieu.


Un récent texte de l'Eglise, qui traite de «la charité du Christ envers les migrants », nous invite à la même conversion : ce ne sont pas seulement les migrants qui sont en «pèlerinage », mais chaque chrétien ; ceux qui veulent « suivre le Christ » sont invités à « se considérer comme de passage dans ce monde, car «nous n'avons pas ici-bas de cité permanente» (He 13,14). Le croyant est toujours un pâroikos, un résident temporaire, un hôte, où qu'il se trouve (cf 1 P 1,1 ; 2,11 ; Jn 17,14-16). C'est pourquoi leur place géographique dans le monde n'est pas de ce fait très importante pour les chrétiens ». Ce texte peut se lire comme un écho moderne d'un très vieux texte, l'épitre à Diognète, qui décrit ainsi la vie des chrétiens du 2ène siècle: «Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère.»


Les textes que propose la liturgie de ce dimanche 13 janvier, même s'ils n'évoquent pas directement cette condition du chrétien pèlerinant sur cette terre, portent sur cette condition une lumière qui peut éclairer la prière de nos communautés paroissiales.
 

Dans la première lecture, le prophète Isaïe nous parle d'une route qu'il faut tracer à travers le désert, à travers les montagnes et les ravins, au prix d'importants travaux. Une route importante, visiblement, mais pour qui faut-il la tracer? Pour faciliter un nouvel exode vers une terre meilleure ? Pour rendre plus confortable le pèlerinage du peuple vers quelque ville sainte ? Non. Cette fois, ce n'est pas le peuple qui doit se mettre en mouvement ; c'est Dieu qui vient! Il vient, non pour dominer ou opprimer, mais pour prendre soin de son peuple, comme un berger de son troupeau. La voilà, la surprenante nouveauté : Dieu, Lui aussi, est en mouvement. Il vient au devant de nous pour nous délivrer de tout ce qui nous empêche d'être libres, de tout ce qui fait obstacle à la fraternité.


Et voilà que nous retrouvons « Il vient» dans l'Evangile: c'est ainsi que Jean le Baptiste annonce au « peuple en attente » la venue prochaine de Jésus. Une fois encore, c'est Dieu qui se met en mouvement vers nous en Jésus, il se rend proche. Décidément, il y a bien du mouvement dans la Bible


Pèlerinage de l'homme vers Dieu. Pèlerinage de Dieu vers l'homme... Comment le baptisé, qui a reçu l'Esprit dont on ne sait « ni d'où il vient ni où il va » pourrait-il sacraliser quelque lieu, quelque terre que ce soit? Pour le peuple de ceux qui ont été « renouvelés dans l'Esprit saint », il n'y a d'autre « sacré » que l'Homme, tout homme, d'où qu'il vienne, dont la dignité doit être respectée sans condition. Pèlerin, sédentaire, migrant, réfugié, accueillant : chacun est également aimé de Dieu, chacun est invité à la conversion qui lui fait considérer tout autre comme un « frère ».
Christian Mellon Jésuite
Centre de recherche et d'action sociales - Saint-Denis

 

 

 

Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale du migrant

 

Chers frères et sœurs !

Le Concile Œcuménique Vatican II, dans sa Constitution pastorale Gaudium et spes, a rappelé que « l’Eglise fait route avec toute l’humanité » (n. 40) et, par conséquent « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (ibid., n. 1). À cette déclaration ont précisément fait écho le Serviteur de Dieu Paul VI, qui a qualifié l’Eglise d’« experte en humanité » (Enc. Populorum progressio, n. 13), et le Bienheureux Jean-Paul II, qui a affirmé que la personne humaine était « la première route que l’Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission ..., route tracée par le Christ lui-même » (Enc. Centesimus annus, n. 53). Dans mon Encyclique Caritas in veritate, j’ai voulu préciser, dans la lignée de mes Prédécesseurs, que « toute l’Eglise, dans tout son être et tout son agir, tend à promouvoir le développement intégral de l’homme, quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité » (n. 11), en me référant aussi aux millions d’hommes et de femmes qui, pour diverses raisons, vivent l'expérience de la migration. En effet, les flux migratoires sont « un phénomène qui impressionne en raison du nombre de personnes qu’il concerne, des problématiques sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des défis dramatiques qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale » (ibid., n. 62), car « tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance » (ibidem).

 

Dans ce contexte, j’ai voulu dédier la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié 2013 au thème « Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance », en concomitance avec les célébrations du 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II et du 60ème anniversaire de la promulgation de la Constitution Apostolique Exsul familia, tandis que toute l’Eglise s’efforce de vivre l'Année de la foi en tâchant de relever avec enthousiasme le défi de la nouvelle évangélisation.

 

De fait, foi et espérance forment un binôme inséparable dans le cœur de très nombreux migrants, à partir du moment où se trouve en eux le désir d’une vie meilleure, en essayant très souvent de laisser derrière eux le « désespoir » d’un futur impossible à construire. En même temps, les voyages de beaucoup sont animés par la profonde confiance que Dieu n’abandonne pas ses créatures et ce réconfort rend plus tolérables les blessures du déracinement et du détachement, avec au fond l’espérance d’un futur retour vers leur terre d’origine. Foi et espérance remplissent donc souvent le bagage de ceux qui émigrent, conscients qu’avec elles « nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s'il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin » (Enc. Spe salvi, n. 1).

 

Dans le vaste domaine des migrations, la sollicitude maternelle de l’Eglise se déploie dans diverses directions. D’une part, celle qui considère les migrations sous l’aspect dominant de la pauvreté et de la souffrance, qui entraine souvent des drames et des tragédies. C’est là que se concrétisent les interventions de secours pour résoudre les nombreuses urgences, avec le dévouement généreux d’individus et de groupes, d’associations de volontariat et de mouvements, d’organismes paroissiaux et diocésains en collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté. D’autre part, cependant, l’Eglise n’oublie pas de mettre en évidence les aspects positifs, les potentialités bénéfiques et les ressources dont les migrations sont porteuses. Dans cette voie prennent alors corps les interventions d’accueil qui favorisent et accompagnent une insertion intégrale des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés dans leur nouveau contexte socioculturel, sans négliger la dimension religieuse, essentielle pour la vie de chaque personne. Et c’est précisément à cette dimension que l’Eglise est appelée, en raison de la mission même que le Christ lui a confiée d’être attentive et de prendre soin : tel est son devoir spécifique le plus important. Envers les fidèles chrétiens provenant de différentes parties du monde l'attention à la dimension religieuse comprend également le dialogue œcuménique et le soin accordé aux nouvelles communautés, tandis qu’envers les fidèles catholiques elle s’exprime notamment en réalisant de nouvelles structures pastorales et en valorisant les différents rites, jusqu’à la pleine participation à la vie de la communauté ecclésiale locale. La promotion humaine va de pair avec la communion spirituelle, qui ouvre les voies « à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde » (Lett. ap. Porta fidei, n. 6). C’est toujours un don précieux qu’apporte l’Eglise en menant à la rencontre avec le Christ qui ouvre à une espérance stable et fiable.

 

L’Eglise et les diverses réalités qui s’inspirent d’elle sont appelées, à l’égard des migrants et des réfugiés, à éviter le risque d’apporter une simple assistance, pour favoriser l’intégration authentique, dans une société où tous puissent être des membre actifs et responsables chacun du bien-être de l'autre, généreux pour garantir des apports originaux, avec un droit de citoyenneté à part entière et une participation aux mêmes droits et devoirs. Ceux qui émigrent emportent avec eux des sentiments de confiance et d’espérance qui animent et confortent la recherche de meilleures opportunités de vie. Toutefois, ils ne cherchent pas seulement une amélioration de leur condition économique, sociale ou politique. Il est vrai que le voyage migratoire commence souvent par la peur, surtout quand des persécutions et des violences contraignent à la fuite, marquée par le traumatisme de l’abandon des membres de la famille et des biens qui, en quelque sorte, assuraient la survie. Mais la souffrance, l'énorme perte et, parfois, un sens d’aliénation face à l’avenir incertain ne détruisent pas le rêve de reconstruire, avec espérance et courage, une existence dans un pays étranger. En vérité, ceux qui migrent nourrissent l’espoir confiant de trouver un accueil, d’obtenir une aide solidaire et d’entrer en contact avec des personnes qui, comprenant leur malaise et la tragédie de leurs semblables, reconnaissant aussi les valeurs et les ressources dont ils sont porteurs, soient disposées à partager humanité et ressources matérielles avec les nécessiteux et les déshérités. Il faut réaffirmer, de fait, que « la solidarité universelle qui est un fait, et un bénéfice pour nous, est aussi un devoir » (Enc. Caritas in veritate, n. 43). Migrants et réfugiés, au milieu des difficultés, peuvent également faire l’expérience de relations nouvelles et hospitalières, qui les encouragent à contribuer au bien-être des pays d’arrivée, grâce à leurs compétences professionnelles, leur patrimoine socioculturel et, souvent aussi, grâce à leur témoignage de foi, qui donne une impulsion aux communautés de vieille tradition chrétienne, encourage à rencontrer le Christ et invite à connaître l’Eglise.

 

Certes, chaque Etat a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine. Le droit de la personne à émigrer – comme le rappelle la Constitution conciliaire Gaudium et spes au n. 65 - est inscrit au nombre des droits humains fondamentaux, avec la faculté pour chacun de s’établir là où il l’estime le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses capacités, de ses aspirations et de ses projets. Dans le contexte sociopolitique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que « le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie : droit qui ne devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les facteurs qui poussent à l’émigration » (Discours au IVème Congrès mondial des Migrations, 1998). Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres sociaux. A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi et par l’espérance, migrer devient alors un « calvaire » pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire. Ainsi, alors que certains migrants atteignent une bonne position et vivent de façon digne, en s’intégrant correctement dans le milieu d’accueil, beaucoup d’autres vivent dans des conditions de marginalité et, parfois, d’exploitation et de privation de leurs droits humains fondamentaux, ou encore adoptent des comportements nuisibles à la société au sein de laquelle ils vivent. Le chemin d’intégration comprend des droits et des devoirs, une attention et un soin envers les migrants pour qu’ils aient une vie digne, mais aussi, de la part des migrants, une attention aux valeurs qu’offre la société où ils s’insèrent.

 

À ce propos, nous ne pouvons pas oublier la question de l'immigration clandestine, thème beaucoup plus brûlant dans les cas où celle-ci prend la forme d’un trafic et d’une exploitation des personnes, avec plus de risques pour les femmes et les enfants. De tels méfaits doivent être fermement condamnés et punis, alors qu’une gestion régulée des flux migratoires, qui ne peut se réduire à la fermeture hermétique des frontières, au renforcement des sanctions contre les personnes en situation irrégulière et à l'adoption de mesures visant à décourager les nouvelles entrées, pourrait au moins limiter pour de nombreux migrants les dangers de devenir victimes des trafics mentionnés. Des interventions organiques et multilatérales pour le développement des pays de départ et des contre-mesures efficaces pour faire cesser le trafic des personnes sont en effet extrêmement opportunes, de même que des programmes organiques des flux d’entrée légale et une plus grande disponibilité à considérer les cas individuels qui requièrent des interventions de protection humanitaire, au-delà de l’asile politique. Aux normes appropriées doit être associée une œuvre patiente et constante de formation de la mentalité et des consciences. Dans tout cela, il est important de renforcer et de développer les rapports d’entente et de coopération entre les réalités ecclésiales et institutionnelles qui sont au service du développement intégral de la personne humaine. Dans la vision chrétienne, l'engagement social et humanitaire tire sa force de la fidélité à l’Evangile, en étant conscient que « quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui-même plus homme » (Gaudium et spes, n. 41).

 

Chers frères et sœurs migrants, que cette Journée Mondiale vous aide à renouveler votre confiance et votre espérance dans le Seigneur qui se tient toujours à côté de nous ! Ne perdez pas l'occasion de le rencontrer et de reconnaître son visage dans les gestes de bonté que vous recevez au cours de votre pérégrination migratoire. Réjouissez-vous car le Seigneur est proche de vous et, avec lui, vous pourrez surmonter les obstacles et les difficultés, en conservant comme un trésor les témoignages d’ouverture et d’accueil que beaucoup de gens vous offrent. En effet, « la vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d'espérance. Certes, Jésus-Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée » (Enc. Spe salvi, n. 49).

 

Je confie chacun de vous à la Bienheureuse Vierge Marie, signe d’espérance sûre et de consolation, « étoile du chemin », qui, par sa présence maternelle, est proche de nous à chaque instant de notre vie, et j’accorde à tous, avec affection, la Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, 12 octobre 2012

 

Message dees evêques des Pays de Loire

A L’OCCASION DE LA JOURNEE MONDIALE DES MIGRANTS

 

" Nous n’avons pas seulement à aider ou donner, mais nous avons à recevoir", écrivent les évêques des Pays de la Loire, dans leur message pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés qui sera célébrée le dimanche 13 janvier.

 

             Aujourd’hui, des millions d’hommes et de femmes, vivent l’expérience de l’émigration. Ces personnes quittent leur pays pour fuir la violence, l’insécurité, la misère. Elles se mettent en chemin dans l’espérance d’une vie meilleure, pour trouver un lieu de paix et de sécurité, un lieu pour travailler et fonder une famille, un lieu pour vivre.

 

            Souvent, elles ne sont perçues qu’à travers les problèmes que pose leur accueil ou leur insertion dans notre société. Certes, chaque état doit réguler les flux migratoires et mettre en œuvre les politiques dictées par les exigences générales du bien commun. Mais, c’est seulement lorsqu’est garanti le respect de la dignité de chaque personne que le bien commun est vraiment recherché. Tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toutes circonstances.

 

            Souvent, la migration s’impose aux personnes pour des raisons de survie ou pour se protéger des guerres et des persécutions. Parfois, des intermédiaires sans scrupule en ajoutent encore à leur désarroi.

            A la suite du Pape Benoît XVI, les évêques des Pays de Loire, en ce temps où nous fêtons la naissance de Jésus, dans l’humilité de Bethléem, invitentà changer de regard sur les personnes migrantes et réfugiées.

 

Nous ne mesurons pas toujours ce que représentent pour chacun d’entre eux les blessures du déracinement, du détachement et l’arrachement à la terre natale, le traumatisme de l’abandon des membres de la famille, des biens qui assuraient la survie, de l’angoisse face à l’avenir incertain. Rappelons-nous les propos du Christ dans l’évangile selon St Matthieu: « j’étais un étranger et vous m’avez recueilli. » (Mt 25, 35)Comme le développe le Pape Benoît XVI dans la lettre pastorale à l’occasion de la Journée Mondiale des Migrants, le défi qui nous est lancé est de transformer leur pèlerinage de survie et d’espoir en pèlerinage de Foi et d’Espérance.

 

            Nous disons aussi toute notre reconnaissance et notre encouragement à ceux qui consacrent leur temps, leur force à l’accueil et la prise en charge des migrants parmi nous. Ils font beaucoup pour aider à la régularisation de certaines situations, quand celle-ci s’avère possible.

            Accueillir l’étranger est un défi pour tous les baptisés.Nous invitons toutes les communautés chrétiennes à réfléchir à l’accueil des migrants et des réfugiés. Cela, d’autant plus que dans le contexte de crise que nous traversons, nous sommes parfois tentés par la peur et la méfiance à l’égard de l’étranger. Nous invitons à aller à la rencontre de l’autre, à aller vers l’autre. Cela rejoint l’effort fait par l’Eglise en France aujourd’hui à travers la démarche « Diaconia » pour servir la fraternité.

 

           Nous invitons tous les baptisés à une conversion. En effet, nous n’avons pas seulement à aider ou donner, mais nous avons à recevoir. Ils sont des frères et des sœurs qui arrivent avec leur détresse, mais aussi avec leur richesse. Un certain nombre d’entre eux sont chrétiens et ont parfois vécu dans leur pays des expériences ecclésiales fortes, dont ils peuvent nous transmettre quelque chose. Ils sont parmi nous pour nous évangéliser. Beaucoup portent des valeurs d’humanité que nous avons perdues, ils ont bien des choses à nous apprendre.

A travers leur souffrance, leur espérance, leur joie et leur tristesse, c’est aussi Dieu qui nous parle. Ecoutons-le.

 

Mgr Jean-Paul JAMES, évêque de Nantes

Mgr Alain CASTET, évêque de Luçon

Mgr Emmanuel DELMAS, évêque d’Angers

Mgr Thierry SCHERRER, évêque de Laval

Mgr Yves LE SAUX, évêque du Mans