Avec notre pape François
Édito de Monseigneur Jaeger - Eglise d'Arras n°3 - Mars 2020
À partir de ce lundi 9 mars 2020, débuteront les visites quinquennales des évêques de France à Rome. Trois groupes se succéderont dans la ville éternelle. Les évêques de la province de Lille appartiennent au deuxième groupe et seront présents à Rome du 16 au 21 mars inclus.
La précédente rencontre a eu lieu au mois de novembre 2012, quelques semaines avant que le pape Benoît XVI n’annonce la renonciation à sa charge. Cette année-là, le Saint-Père avait introduit une innovation. L’entretien personnel avec le pape ainsi que le discours au groupe étaient supprimés et remplacés par un échange plus long à partir de préoccupations pastorales dont le Saint-Père n’avait pas la connaissance préalable.
La parfaite aisance de Benoît XVI dans le maniement du français et ses talents de pédagogue lui ont permis d’apporter des réponses extrêmement argumentées et précises aux situations
pastorales complexes qu’exposaient les évêques. Au risque de bousculer les a priori médiatiques, les pasteurs qui ont séjourné à Rome en novembre 2012 n’ont pas été étonnés de retrouver plus tard des intuitions pastorales de Benoît XVI évoquées alors, dans des préconisations du pape François !
Cette année, les visites débuteront par le contact avec le pape. Elles se dérouleront sur le même mode, dans la relation à un successeur de Pierre moins à l’aise dans notre langue et
moins familier de notre histoire et de notre culture. Nous devrons avoir l’humilité de renoncer aux égards particuliers souvent attendus parce que l’histoire de l’Église dans notre pays nous semblait le mériter, presque l’exiger. Un pape d’origine latino-américaine peut nous aider à vivre un nouveau temps de lucidité, de vérité et d’espérance.
Les évêques entreront dans une démarche de pèlerinage. Ils vivront, de fait, dans la proximité avec le pape, une dimension de la collégialité épiscopale particulièrement signifiée dans la prière près des tombeaux des apôtres Pierre et Paul et des premiers martyrs. Ces derniers ont irrigué de leur sang les semailles de l’Évangile dans la capitale de l’empire romain, prélude d’une mission universelle. En signe de communion, les évêques se rendront dans la cathédrale du pape, puis ils prieront, comme il le fait si souvent lui-même, la Vierge Marie en la basilique Sainte-Marie-Majeure.
L’union au Saint-Père se manifestera dans le temps de travail organisé avec ses collaborateurs dans chacun des services de la Curie romaine. Les congrégations et les conseils sont en contact régulier avec les Églises locales et vice versa. Même si les moyens de communication modernes facilitent les échanges, il est utile et fécond de prendre le temps de s’asseoir autour d’une même table, d’interroger et d’écouter.
Nous sommes bien loin des propos généreusement répandus à propos de la Curie romaine. Comme tant d’autres, sans doute, cette institution est marquée par les faiblesses et les failles humaines, mais il est toujours étonnant de remarquer qu’avec de maigres moyens, des hommes et des femmes, prêtres, religieux, laïcs dépensent avec générosité et compétence une énergie considérable pour le service de la mission du pape et de l’Église universelle. L’attention,
la bienveillance, la disponibilité et l’écoute marquent très largement ces différents entretiens.
La visite quinquennale est préparée par la rédaction d’un rapport rédigé sous la direction de l’évêque. Il est envoyé à Rome trois mois avant la date de la visite pour que les différents partenaires puissent en prendre connaissance.
Le document arrageois compte 150 pages environ. Le vicaire général a sollicité les différents services qui ont eux-mêmes collecté les informations permettant de donner corps au schéma imposé par la Congrégation des évêques. Vincent Blin a géré et organisé la masse de données. Je le remercie très chaleureusement. J’ai donné la touche finale et rédigé les synthèses.
Lorsqu’un évêque est nommé dans un diocèse deux ans avant la date de la visite quinquennale, il est dispensé de la rédaction de ce rapport. Cette opportunité aurait pu convenir, à la fois, à l’actuel et au prochain successeur de saint Vaast ! Le pape en a décidé autrement.
Outre la réponse à l’attente du pape et de ses collaborateurs, ce rapport offrira à un futur pasteur un instantané que j’espère fidèle, de l’Église dans le diocèse. Il nourrira la prière d’un évêque émérite.
Celui-ci ne manquera de rendre grâce pour ce que le Seigneur a permis et Il lui demandera de veiller sur ce que l’Esprit Saint rendra possible.
+ Jean-Paul Jaeger