Bonne Nouvelle d'un Dieu proche

Edito EA 17-2015-

La Bonne Nouvelle d’un Dieu proche

 

“Tu as du prix à mes yeux” affirme Yahvé à son serviteur, par l’entremise d’Isaïe. Matthieu rapporte cette parole de Jésus : “Regardez les lis des champs et les oiseaux du ciel !... Ne valez-vous pas plus qu’eux ?”

 

S’il est une Bonne Nouvelle que les Evangiles veulent partager à tous, c’est bien que Dieu s’est approché de nous (Marc 1,15), ce que Jean redit à sa manière dans ses lettres : “Voyez comme il est grand l’amour dont Dieu nous a aimés…”. Nous comptons aux yeux de Dieu, nous avons du prix pour Lui.

 

S’il est un message, une mission que les paroisses ont reçus, c’est bien de sortir des murs qui nous gardent enserrés pour porter à tous cette Bonne Nouvelle : tu as du prix, tu comptes aux yeux de Dieu.

 

Quand Paul écrit ses premières lettres aux chrétiens du monde grec, Thessaloniciens, Corinthiens puis Philippiens, c’est pour affirmer que Dieu s’est approché de nous, qu’il a envoyé son Fils pour nous, pour nous réconcilier avec Lui. Quand il écrit aux Corinthiens, il s’adresse “aux derniers de la société”, à ceux qui ne sont rien dans le monde d’alors. La plupart n’ont aucun rang dans la société, ils n’ont aucun espoir d’un avenir autre que celui qu’ils subissent, esclaves pour la plupart... ils ne comptent pas. Les historiens parlent de cette époque comme celle d’une société bloquée. Leur dire que Dieu vient chez eux, que Jésus, l’envoyé de Dieu, s’est livré pour eux, c’est une réelle Bonne Nouvelle pour ces individus qui estiment n’avoir d’autre espérance, d’autre salut possible, que d’être repérés par quelque divinité. De là proviennent certaines tendances à se manifester par tel ou tel don particulier, telle ou telle supériorité sur les autres. Paul devra réagir contre une tendance à se montrer supérieur aux autres, à attirer sur soi l’attention de Dieu ; il replacera au-dessus de tout la charité au sein de la communauté, la fraternité dans l’eucharistie, alors que certains Corinthiens maintenaient les distances, les différences, etc.

 

Dans le contexte des sociétés actuelles, domine l’impression de compter pour rien, d’être des jouets aux mains de forces aveugles et invisibles, l’impression de ne plus pouvoir espérer dans les transformations de la société. Cela pourrait laisser croire que nous sommes à nouveau installés, comme hier, dans des sociétés bloquées. Le désintérêt pour le débat, politique et économique, la désaffection pour les futures élections pourrait donner raison aux pessimistes de tous bords.

 

Chrétiens dans le monde, nous avons à porter quelque chose de l’amour de Dieu aux hommes et femmes de notre temps. Les cinquante ans du Chemin de l’espérance rappellent le souci porté auprès d’enfants atteints de trisomie et de leur parents ; des réunions au sujet des migrants manifestent le souci qui leur est porté ; la participation aux assises de l’écologie où la participation aux réunions autour de “Laudato si”, sont encore des signes dans le monde, que les personnes ici et là-bas ont du prix pour nous et pour Celui que nous appelons Notre Père. Quelle peut donc être la colonne vertébrale des membres de l’ACI ? Pour eux, comme pour bien d’autres croyants, c’est croire et proposer la foi en un Dieu proche de nous, aider nos concitoyens à découvrir qu’ils comptent, qu’ils ont du prix à nos propres yeux et au regard d’un Dieu Père : “Voyez comme il est grand l’amour de Dieu… il a envoyé son propre fils, il a fait de nous ses enfants”.

 

Au moment où commence une nouvelle année en catéchèse, il n’est pas inutile de dire et redire, comme Paul, que Jésus nous délivre de la colère imminente. Alors, faut-il annoncer le courroux de Dieu comme dans le “Minuit chrétiens”, où témoigner de sa miséricorde à l’image du père prodigue de l’Evangile de saint Luc. Ne nous trompons pas d’Evangile.

Abbé Emile Hennart