Et Dieu était là !
Édito de Monseigneur Jaeger - Eglise d'Arras n°7
Nous nous mettons en mode « été. » La longue coupure que plébiscitent les Français fait sentir ses premiers effets. Les groupes et les mouvements de notre Eglise connaîtront la léthargie qui gagne de multiples activités de la vie sociale, économique, politique, associative. Nos paroisses elles-mêmes subiront, bon gré mal gré, un aménagement des horaires des messes. Les prêtres prendront un temps de repos amplement mérité et il devient difficile, voire impossible, en certains lieux, de les suppléer. Promis : nous reprendrons le bon rythme en septembre !
Cette apparente relâche peut être salutaire ! Nous sommes habitués à investir notre pauvre foi dans des engagements qui, finalement, obligent Dieu. Il peut compter sur nous. Nous avons entendu ses appels, ceux de son Fils, de l’Eglise. Nous y répondons le plus fidèlement possible. Nous pouvons être fiers de notre entreprise. Nous contribuons à la bonne gestion, à la parfaite organisation de l’Eglise et de sa mission.
Voici qu’à la faveur du chamboule-tout de juillet et d’août, Dieu peut surprendre. Il ne sera pas enfermé dans les limites de ce que nous avons choisi de faire pour Lui et pour les autres. Il surgira peut-être là où nous n’avions pas prévu de le rencontrer. Il nous parlera en dehors des heures que nous avons fixées pour l’écouter. Les programmes sont rangés, les directives oubliées, les clés de nos locaux remisées. Pourtant le Seigneur est là !
Nous allons nous rappeler que Dieu se met toujours à notre recherche. L’initiative lui appartient. Il est l’invité inattendu qui a l’audace de pousser la porte d’existences qui ne sont pas spontanément prêtes à l’accueillir et à se laisser transformer. Depuis Abraham jusqu’aux apôtres, en passant par Moïse les prophètes, la Vierge Marie, Dieu montre qu’Il est à l’origine du face-à-face avec chaque être humain, avec l’humanité entière. Le Christ lui-même, Dieu qui a pris chair, est le surgissement visible de Dieu invisible dans la condition humaine. Il est la source de la nouvelle alliance que nul ne peut se donner à lui-même, malgré l’intensité de son désir.
Pour un temps, nous serons loin de nos communautés habituelles, de nos groupes de catéchèse ou de louange, de nos équipes liturgiques, de nos mouvements, de nos permanences du Secours Catholique, nous abandonnerons provisoirement nos affinités. Ces attachements nous accaparaient tellement qu’ils ne nous permettaient pas toujours de reconnaître Dieu là où il avait choisi de nous faire signe.
Une personne qui vient régulièrement au pèlerinage diocésain à Lourdes me disait après avoir assisté à la projection du documentaire intitulé Lourdes : « Je me suis aperçu que je ne connaissais pas Lourdes ! » Certes, cette dame priait devant la grotte, participait aux offices, aux processions, écoutait attentivement les prédications. Tellement soucieuse de bien vivre son pèlerinage, elle n’avait jamais perçu les mille délicatesses qui manifestent le regard que Dieu lui-même pose sur les personnes marquées par la maladie ou le handicap. Elle était passée à côté ! Pourtant les mots et les gestes en disent bien plus sur la grandeur et la dignité de l’être humain que les théories et les débats.
Non, Dieu ne prend pas de vacances. Nous pouvons êtres assurés qu’Il viendra vers nous. Il bousculera nos habitudes, notre routine, nos jugements. Il purifiera nos yeux, nos oreilles, nos mains. Il nous interpellera dans la contemplation de la nature, autour des tables familiales et amicales, dans la joie et le service des camps de jeunes. En dehors des catégories dans lesquelles nous rangeons si facilement nos semblables, les vacanciers connus ou de passage redeviendront des frères et des sœurs.
Dans les majestueuses cathédrales, les hauts-lieux de la foi de notre pays ou les modestes chapelles des bords de route, des fonds de bois, Dieu nous invitera à nous reposer près de lui et parlera à nos cœurs.
Nous ne regarderons pas notre montre en souhaitant que l’Eucharistie se termine le plus vite possible pour permettre à la famille de rejoindre sans trop tarder les parents et grands-parents à cinquante kilomètres de l’église de notre paroisse. Nous aurons la disponibilité nécessaire pour célébrer le Sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation. Nous répondrons à une invitation des partenaires de la pastorale du tourisme. Oui, c’est l’été !
Si nous pensions, à la faveur du break estival mettre un peu de distance entre Dieu et nous, nous risquons quelques surprises. Elles peuvent changer la vie !
Bonnes vacances !
+ Jean-Paul JAEGER