FAQ section 1 Abraham

Réponse aux questions

Dans cet espace, vous trouverez réponses aux questions posées par des participants aux maisons d'evangile, sur la saga d'Abraham.

 

En quel sens comprendre les âges donnés aux patriarches ?

On peut lire aux débuts de la Bible les récits sur les patriarches auxquels on a adjoint des âges, le plus vieux étant Melchisédech… Une expression classique est de dire : Il a été comblé de jours… Plus il est âgé, plus il et comblé… Cela ne veut pas dire que Dieu n’aiment pas ceux qui meurent jeunes : toute vie, dès le début est un don de Dieu… comblé ; ce serait à comprendre comme bénédiction complémentaire. Dans l’ensemble de la Bible, on trouvera une expression ordinaire sur l’âge : soixante ans, quatre-vingt pour les plus vigoureux

 

Qui me maudira, je le maudirai ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

vigoureux

Il est toujours délicat de lire la Bible en prenant toutes les phrases comme écrites comme des absolus. Pour lire, il faut remettre dans le contexte. Même si on dit “Dieu a dit”. I0l faut penser que ce sont des croyants qui ont écrit dans leur temps ce qu’ils ont compris de Dieu. Pour qui me maudria, il faut relier avec la tradition ou la vengeance est jugée comme normale et tré dure. Ainsi, en Genèse 4, 15 : Aussi bien, si quelqu'un tue Caïn, on le vengera sept fois". Par la suite on aura œil pour œil, dent pour dent… ce qui est déjà une manière de canalier la vengeance. Dans l’évangile, c’est autre chose qui et proposé, en Matthieu 5 à 6 : "Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres : Tu ne tueras point ; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal.[22] Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque se fâche contre son frère en répondra au tribunal ; mais s'il dit à son frère : Crétin ! il en répondra au Sanhédrin ; et s'il lui dit : Renégat !, il en répondra dans la géhenne de feu. Puis : "Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras pas l'adultère.[28] Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle.

[29] Que si ton oeil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi : car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Etc. Ce qui veut dire que Jésus invite à changer les règles dites des commandements…

 

Quelle promesse?

On parle souvent de promesse, en termes de "Terre Promise..." Mais c'est regarder par le petit bout de la lorgnette. A sa mort, Abraham n'aura, selon la Genèse, qu'un bout de terre que lui-même a acheté et qui sera le tombeau de Sara et de lui-même. Il y a plus.

En relisant le début du ch. 12, 27-29, on constate que l'essentiel tourne autour de la bénédiction: "Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je ferai que ton nom soit grand, et par toi seront bénis tous les clans de la terre". Ce qui est remis à Abraham, c'est bien plus qu'un bout de terrain; c'est la possibilité de devenir bénédiction pour toutes les nations. Telle est la promesse et elle dépend d'Abraham et de sa descendance. Cette promesse à Abraham rejoint ce qui est offert à l'humain lors du récit de la création (Gnèse1): Dieu créa l'homme à son image, homme et femme il les créa. Dieu les et leur dit: soyez fécond, croissez et multipliez-vous, emplissez la terre...' Dès le début de la Bible il est question de bénédiction de la part de Dieu pour l'humain.. On aura la même chose avec Noé, puis Abraham etc. Le rapport de Dieu à l'humain est un rapport de bénédiction... et non de malédiction. Ne l'oublions pas 

 

Maison d'Evangile, pourquoi lire Abraham? Quel rapport?

Une conviction ancrée dans la foi des chrétiens, c'est que les deux Testament, l'Ancien et le nouveau s'éclairent l'un l'autre. Ainsi quand, à Jérusalem, on monte à l'église orthodoxe au saint Sépulcre (appelée plus judicieusement anastasis ou église de la Mosaïque Golgotha église orthodoxe de l'Anastasis Mosaïque Golgotha église orthodoxe de l'Anastasis  résurrection) on découvre juxtaposées deux mosaïques. L'une représente Isaac au moment où Abraham s'apprête au sacrifice, l'autre représente le Christ couché sur la croix. D'autre part, si nous lisons avec perspicacité le texte en grec, nous nous étonnerons de découvrir les mêmes mots grecs pour dire Isaac qui porte le bois du sacrifice et Jésus qui porte le bois de la Croix... Il y a beaucoup à découvrir en parcourant les saintes Ecritures, de la première à la dernière ligne!

 

Pourquoi Dien envoie des plaies sur Pharaon? Est-ce une punition? 

L’expression utilisée dans la Bible  est  “Le Seigneur frappa de grandes plaies pharaon et sa maison”. Faut-il dire punition, plutôt que plaie ? Ces plaies sont peut-être à comprendre comme des avertissements à Pharaon devant la situation dans laquelle, bien malgré lui, il se trouve embarqué. Dans ce cas ce n'erst pas une punition, mais nous avons en mémoire les plaies de la sortie d'Egypte. 

Au-delà de l’aspect légendaire probable, il y a une leçon donnée par le rédacteur. C’est Abraham qui se détourne de la mission qui lui est confiée. On peut aussi se demander si Abraham ne ferait pas davantage confiance à son propre stratagème plutôt qu’à la promesse-bénédiction de Dieu

Le pharaon est un personnage “second” dans cette histoire où l’essentiel est ce qui se passe entre Dieu et celui qu'il appelle, Abraham. Parmi les questions : peut-on habiter sur une terre étrangère, autre que celle promise par Dieu ? Quels peuvent être les rapports avec la femme d’un autre… ? Ou encore peut-on dénouer les liens du mariage, ou encore ignorer la demande en Genèse: 'l'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme.' On trouvera cela synthétisé dans les commandements (Exode 19-20).

Je pense qu’on devrait aussi se situer autrement : peut-être y a-t-il eu des catastrophes ! Les sauterelles, les grenouilles etc., cela n’est pas arrivé qu’une seule fois au bord du Nil. Comme “on” (pharaon) ne sait d’où cela vient, on attribue au Dieu le phénomène. On suppose que ce mal vient de Dieu et on s’interroge sur son propre comportement. A ce moment- là on l’interprète comme une punition, mais on peut aussi l’interpréter comme avertissement. C'est ainsi que Pharaon a interprété, puisqu’il rappelle Abraham et lui rend son épouse.

Dieu est-il le grand manitou du monde, ou bien, pour une grande part, les textes de la Bible ne sont-ils pas des réflexions et interprétations d’évènements de la vie, non imposés par la volonté de Dieu ?

 

Le Seigneur lui apparut. Le Seigneur dit?? Comment Abraham a su?

Je pense qu’il ne faut pas comprendre ces récits sur Abraham comme une description détaillée de ce qui s’est matériellement passé, mais davantage comme une compréhension “après coup” de ce qui a pu motiver le chemin d’Abraham. Quand Abraham s’est mis en route, il ne savait rien. On peut lire, au chapitre 15, v.7 “Il  c’est moi qui t’ai fait sortir d’Our des Chaldéens pour te donner ce pays en possession”. (C’est donc que ce n’était pas évident !) Aujourd’hui, on parle facilement de relecture… qu’est-ce à dire, sinon de reprendre des choses que nous avons vécu pour rendre grâce, s’interroger peut-être mais aussi et surtout pour reconnaitre que dans notre histoire, Dieu est déjà présent. Ce sens nous vient de la foi : je crois en Dieu et il m’accompagne.

Dans les Evangiles, pour Luc au récit de l’annonciation, (mais aussi dans les Actes de apôtres), on retrouve des expressions semblables : l’ange du Seigneur apparut à Marie et lui dit “Sois sans crainte…” ? Marie fut étonnée, se demandant ce que signifiait cette salutation… Ce sont les expressions d’un sentiment intérieur. Pour exprimer cette intériorité les Ecritures choisissent cette tournure : Le Seigneur apparut et dit…

 

Pour la Genèse, aujourd’hui on pense que ces textes ont été écrits et mis en forme au moment où Israël doutait que Dieu soit avec lui, puisqu’il se trouvait détruit par les armées de Nabuchodonosor, exilé et sans espoir de retour. L’expression concernant Abraham, vient dire à ces croyants du 6ème siècle que Dieu leur parle et les ramènerait sur leur terre, tout comme il avait pris par la main Abraham pour l’amener en terre promise.

Et nous aujourd’hui, comment nous arrive-t-il de croire et dire que Dieu nous accompagne sur notre chemin de vie ?

 

Le dogme de la circoncision existe-t-il pour les musulmans comme pour les Juifs?

 

Le mot dogme est utilisé pour parler des arguments théologiques. On parle d’obligation pour la circoncision, qui est devenue une obligation juive au temps de l’Exil, mais la pratique pouvait être plus ancienne. Les rédacteurs du Pentateuque attribuent à Abraham cette pratique, bien que Abraham soit considéré par les Ecritures comme juste avant la circoncision (ch. 15 6). C’est pour cette raison que saint Paul ne considèrera pas la circoncision comme obligatoire pour être considéré comme justes devant Dieu -conflit entre les Galates et les chrétiens païens qui seront baptisés par Paul (Cf. Gal. 5,6 et 6,15 .)  Considérée comme une obligation en judaïsme, la circoncision n’est pas une obligation en Islam, mais c’est une pratique majoritaire. Quelques populations au Moyen-Orient en ont adopté la pratique. (La circoncision est une coutume fort ancienne pratiquée par quelques peuples comme les Egyptiens, les Edomites, les Ammonites et les Moabites, mais pas les Assyriens, les Chaldéens, les Philistins). Rite d’initiation sexuelle, la circoncision devient, au temps de l’Exil, un signe identitaire. C’est après le retour d’Exil qu’est attribué à Abraham la création de ce rite). Les chrétiens n’ont pas adopté la circoncision, parce que seule la foi au Christ mort et ressuscité nous sauve (nous réconcilie avec Dieu). La Bible ne dit rien sur l’islam ou Mahomet. [En dehors de Genèse 18 à 36, on ne parle presque plus d’Ismaël]. Mahomet a créé la religion musulmane après avoir vu comment Juifs et Chrétiens en Arabie se haïssaient et s’entretuaient. Mais le coran reconnait un ancêtre commun : Abraham.

 

Nous n'arrivons pas à faire le lien entre Ismaël et Mahomet!

Il faut d’abord regarder la distance entre les dates, concernant la circoncision chez les Juifs (500 ans avant J-C) et la création de l’Islam avec Mahomet (+ 630), cela fait une distance de 1200 ans ! Par comparaison pour le christianisme, il faudrait relever la distance entre nous et l’époque de Charlemagne, ce qui fait une très longue durée. C’est à partir de Mahomet que des traditions ont essayé de remonter le temps. La Genèse parle d’Ismaël en Arabie (voir carte), puis plus rien. Genèse affirme que Dieu protège Agar et Ismaël, qu’ils seront bénis et auront une grande descendance. Cette bénédiction par Dieu n’a que rarement été enseignée chez les chrétiens !!! L’histoire concernant Mahomet sera écrite entre le 7è et le 9ème siècle après Jésus-Christ, mais on ne peut rient tirer à partir de la Bible. Le Coran fait référence à Abraham/Ismaël (le récit du sacrifice -ou ligature- serait celui d’Ismaël et non d’Isaac…). La pierre noire de la Mecque serait un héritage du lieu de prière d’Ismaël, selon la tradition musulmane, mais rien n’est écrit dans la Bible. Soyez donc rassurés sur la difficulté à établir des liens entre Ismaël et Mahomet. L’histoire et l’archéologie présentent les peuples d’Arabie (voir la carte) comme une coalition de tribus bédouines des 8-6èmes siècles avant JC, qui cultivent dans les oasis d’Arabie, élèvent des chameaux, commercent et font des pillages. Pour le récit biblique, c’est une manière de les rattacher à Abraham, de les placer sous la protection du Seigneur. Ils font partie de l’arbre généalogique. Cette volonté de rattacher les peuples “dans la même famille” se retrouvera à propos des Moabites et des édomites.

 

 

Pourquoi des âges aussi élevés, au-dessus de 100 pour Abraham, Isaac etc?

Sur les grands nombres à propos de l'âge, certains disent que c'est une manière pour DIEU de récompenser ceux qui lui ont été fidèles. Mais en lisant l'ouvrage d'une exégète (André Wénin, Abraham ou l'apprentissage du dépouillement, p 369-372, j'ai constaté qu'il faisait référence à la lecture symbolique des nombres, leur carré ou multiplication.  Par exemple:

Abraham : 7+5+5 =17 -- puis 7x5x5=175

Isaac:       5+6+6=17-- puis 5x6x6 = 180

Jacob:      3+7+7 =17 --puis 3x7x7=147 

 

Le chiffre 17, est en lui-même un chiffre particulier. On le retrouve dans la composition de chaque âge, correspond à la numérologie (valeur numérique de chaque lettre de l'alphabet hébreu) de YHWH (Yahvé) soit: 6+5+10+5  ce qui laisse entendre que chacun des 3 personnages porte dans son nombre d'âge un chiffre qui comporte le chiffre de Dieu, qu'il est habité par Dieu. Le chiffre 17 correspond au chiffre du mot "bon" en hébreu (tov= 9+6+2) mot qui revient beaucoup pour qualifier la création dans Genèse 1.... ce qui laisse entendre que les âges des patriarches comportent en eux la conviction que c'est bon...  Pour Sarah, 127 ans est un ajout de 7 ans à l'âge normal présupposé de 120 ans, en Gn 1. Pour Ismaël, 137 ans, c'est le nombre 17 ajouté à 120 ans. Ainsi ces nombres sont une manière cryptée de rendre témoignage à la grandeur de ces personnages

 

(Tout ceci est interprétation de chercheurs, fort intéressant, mais nous n'avons pas retrouvé le mode d'emploi de cette lecture par des auteurs de la Genèse). 

 

Plus tard, au temps des apocalypses, et au moyen-âge, on retrouvera une volonté de faire dire quelque chose de semblable, grâce aux chiffres: ce sera la cabale. La cabalistique étant l'art de s'exprimer de manière abstraite où seuls les initiés se comprennent entre eux.

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 1733 visites