Les langages de la foi

Edito N°04 - Eglise d'Arras

«Jésus annonçait la Bonne Nouvelle avec autorité, non comme leurs scribes… » Marc 1,22. 
Les habitués de l’Evangile connaissent bien cette phrase et d’autres similaires où le langage de Jésus envers les foules sans berger devient bonne nouvelle à la différence du langage des scribes, gardiens du temple. “On vous a dit… moi je vous dis…”. On connaît aussi la parole de Jésus envers la femme pécheresse ou la parabole du publicain à l’arrière du lieu de prière

Jésus s’était rendu proche de la foule des petites gens qui se savaient condamnées par les officiels de la religion. Les récentes études sur les écrits de Qumran font découvrir l’attente de l’époque pour un autre langage. Jésus participe à la création de ce nouveau langage. Il n’employait pas une technique oratoire pour « faire populaire » ou s’adapter à son public ; il parlait selon le cœur à cœur qu’avait annoncé le prophète Ezéchiel.

Les polémiques actuelles sur Mahomet interrogent les paroles de ceux qui disent parler au nom de Dieu. Les récents courriers des lecteurs dans La Croix témoignent d’un intérêt porté sur les langages de la religion pour dire Dieu. Maxime Leroy présentait aux animateurs du diocèse ce que peuvent être de nouveaux chemins d’Evangile. Lors des journées de la communication monsieur Frédéric Antoine aidait à nous ouvrir aux langages de la foi, invitant à revoir nos discours habituels, à commencer par la distinction interne et externe : vouloir la proximité en utilisant un langage en termes d’exclusion n’est-ce pas une contradiction ?

Voici bientôt le temps du carême, du cœur nouveau, du langage nouveau. Alors que s’esquisse, ici ou là, une recherche de langage “religieusement correct”, il serait regrettable de se réfugier dans le langage de l’interdit, de la mise en garde, de l’observance, le langage de la tribu, en oubliant que la Parole s’adresse à tous dans leur propre langage… De qui donc me suis-je rendu proche, dans mes actes et dans mes paroles ? Il appartient à chacun d’écrire et de vérifier dans l’aujourd’hui sa réponse à la question : et toi, qui dis-tu que je suis ?


Emile Hennart