Oser la rencontre
Edito N°07 - Eglise d'Arras
Pour la deuxième année consécutive et malgré la non-popularité d’un tel sujet, le défi Bouge ta planète était invitation à la rencontre de l’autre, en particulier les roms, gitans et manouches. Le chemin le plus difficile à tracer est celui de la rencontre de l’autre différent. Nous avons été trop bien éduqués par une philosophie qui invite à la rencontre de l’autre, considéré comme le même !
La philosophie qui sous-tend les récits de la Bible est pétrie de la rencontre de l’autre différent. Sur le chemin, faisant chemin ensemble, des croyants tracent et éclairent le chemin des hommes vers Dieu. Cela commence avec le récit de la création : homme et femme, différents, c’est ensemble qu’ils sont appelés visage, image de Dieu. La suite, c’est le récit de Genèse 4, avec Caïn et Abel ? Ce récit témoigne du refus de la différence qui engendre la mort. Les récits sur Abraham, les psaumes et paroles de prophètes au temps de l’exil témoignent de la question : « comment vivre sur une terre étrangère ? »… Et quand Israël est installé dans son territoire, identifié comme peuple, la Parole du Deutéronome vient rappeler : « souviens-toi que tu étais en servitude sur une terre étrangère » (Dt 24).
Le chemin de Jésus en Galilée est celui de la rencontre de l’autre différent, malade ou étranger, publicain ou exclu, et la première Eglise de Jérusalem a eu bien du mal à s’ouvrir à l’étranger, à l’autre différent. Il suffit de relire le récit de Pierre et Corneille, ou le parcours de Paul en terre païenne pour découvrir la difficulté de se reconnaître frères. Pourtant c’est ce chemin de fraternité que Dieu a identifié et reconnu comme chemin d’avenir en ressuscitant son Fils : ‘il ne peut rester dans la mort, celui qui s’est fait le frère de tout homme, si déconsidéré soit-il !’
Ces dernières semaines, en Pas-de-Calais et ailleurs, la rencontre de l’autre s’est manifestée concrètement par de nombreuses soirées d’information et de réflexion sur la présence des étrangers chez nous. Les initiatives venaient de la société civile comme des milieux chrétiens. Peut-être est-ce l’indignation devant l’inhumanité déployée à Calais contre les réfugiés, à Lille ou Paris contre les sans papiers, mais sans doute aussi la conscience que l’on ne peut rester étrangers les uns aux autres et à leurs souffrances. Benoit XVI n’invite-il pas à un engagement courageux dans les structures sociales et politiques pour que cesse, ou au moins diminue, le scandale de la faim… ?*
Plongés dans la vie de Jésus mort et ressuscité pour nous et nos péchés, les chrétiens peuvent devenir le levain dans la pâte, le ferment d’une humanité nouvelle, les premiers-nés du monde nouveau appelé « demeure de Dieu avec les hommes** ».
Emile Hennart
* Benoit XVI, le Sacrement de la charité, § 91.
** (Apocalypse 21,3)
La philosophie qui sous-tend les récits de la Bible est pétrie de la rencontre de l’autre différent. Sur le chemin, faisant chemin ensemble, des croyants tracent et éclairent le chemin des hommes vers Dieu. Cela commence avec le récit de la création : homme et femme, différents, c’est ensemble qu’ils sont appelés visage, image de Dieu. La suite, c’est le récit de Genèse 4, avec Caïn et Abel ? Ce récit témoigne du refus de la différence qui engendre la mort. Les récits sur Abraham, les psaumes et paroles de prophètes au temps de l’exil témoignent de la question : « comment vivre sur une terre étrangère ? »… Et quand Israël est installé dans son territoire, identifié comme peuple, la Parole du Deutéronome vient rappeler : « souviens-toi que tu étais en servitude sur une terre étrangère » (Dt 24).
Le chemin de Jésus en Galilée est celui de la rencontre de l’autre différent, malade ou étranger, publicain ou exclu, et la première Eglise de Jérusalem a eu bien du mal à s’ouvrir à l’étranger, à l’autre différent. Il suffit de relire le récit de Pierre et Corneille, ou le parcours de Paul en terre païenne pour découvrir la difficulté de se reconnaître frères. Pourtant c’est ce chemin de fraternité que Dieu a identifié et reconnu comme chemin d’avenir en ressuscitant son Fils : ‘il ne peut rester dans la mort, celui qui s’est fait le frère de tout homme, si déconsidéré soit-il !’
Ces dernières semaines, en Pas-de-Calais et ailleurs, la rencontre de l’autre s’est manifestée concrètement par de nombreuses soirées d’information et de réflexion sur la présence des étrangers chez nous. Les initiatives venaient de la société civile comme des milieux chrétiens. Peut-être est-ce l’indignation devant l’inhumanité déployée à Calais contre les réfugiés, à Lille ou Paris contre les sans papiers, mais sans doute aussi la conscience que l’on ne peut rester étrangers les uns aux autres et à leurs souffrances. Benoit XVI n’invite-il pas à un engagement courageux dans les structures sociales et politiques pour que cesse, ou au moins diminue, le scandale de la faim… ?*
Plongés dans la vie de Jésus mort et ressuscité pour nous et nos péchés, les chrétiens peuvent devenir le levain dans la pâte, le ferment d’une humanité nouvelle, les premiers-nés du monde nouveau appelé « demeure de Dieu avec les hommes** ».
Emile Hennart
* Benoit XVI, le Sacrement de la charité, § 91.
** (Apocalypse 21,3)