Au milieu des nations

Edito N°10 - Eglise d'Arras

 

Rassemblements, fêtes, pèlerinages, journées de formation sont autant d’occasions, de moyens pour réanimer le souci de la mission dans nos cœurs, parfois somnolents ou désabusés. « L’Eglise est faite pour ceux qui n’y sont pas ! », ainsi s’exclamait en forme de boutade un éminent théologien. Dans la demeure de Dieu parmi les hommes il existe des places nombreuses, des espaces divers. L’Eglise née de la Pentecôte est faite de multiples visages, gens de couleurs, races et langues ou chacun entend la Parole de l’Evangile, chacun dans sa propre langue.

 

Nous avons tous en mémoire cette image pieuse où les disciples attendent dans la prière, autour des apôtres et de Marie… un évènement, quelque chose, quelqu’un. Pourtant le soir de Pâques, selon Jean et Luc, l’invitation était déjà claire : allez je vous envoie, portez la réconciliation ! L’offense au Père, comme celle faite aux frères, qu’elle soit pardonnée. Allez, enseignez toutes les nations dira encore Matthieu. Les Actes des Apôtres indiquent même l’itinéraire : en commençant par Jérusalem, puis en Judée-Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Mais les disciples de Jésus restaient entre eux. L’évènement de Pentecôte constituera cet évènement, ce coup de pied au derrière pour que les disciples osent la rencontre, l’ouverture au monde, la mission.

 

Faut-il donc que l’Eglise ait, certains jours, oublié le commandement de Jésus pour que Jean XXIII ait souhaité que l’on ouvre portes et fenêtres ? L’Eglise est tout à la fois « communion mission inséparablement liées », tel était l’enseignement de mon maître en théologie. Il est donc heureux de voir pris au sérieux, au sein des EAP, le souci de la proximité et, dans les mouvements apostoliques, le ‘aller-vers’.

 

Il est heureux de voir des rassemblements où sont invités les membres de cette foule que Jésus aimait tant, foule qui ne fréquentait guère les parvis du Temple, trop convaincue de ne pas avoir sa place à l’assemblée des croyants (Ecclésiaste 38, 24-33).

 

En supprimant les limbes du catalogue des vérités crédibles, théorie qui limitait l’entrée au paradis aux seuls baptisés, en reconnaissant que tout n’est pas mauvais dans les théologies de la libération, peut-être le Vatican et Benoit XVI osent-ils une sortie hors des catéchismes pour aller à la rencontre du monde qui n’ose croire que Dieu est amour pour tous et pour chacun… A nous d’en témoigner.

Emile Hennart.

 

* Ecclésiaste 38, 24-33.