le Vendredi 06 fév 2009


 

Le soin avec lequel ont été chauffées les pelouses des terrains de foot en janvier, afin de satisfaire les attentes légitimes (?) des publicitaires contraste avec les rares images offertes de réfugiés hébergés dans les bois autour de Calais par -10 à -15 degrés. Certes, une salle avait été ouverte qui pouvait accueillir 150 malheureux transis de froid, mais le sous-préfet précisait dans une interview qu’il n’avait pas donné son accord, qu’il avait juste pris acte de la décision prise par la Région, et du fait qu’il n’avait pas les moyens juridiques de s’y opposer.
 
Le titre de cette livraison « prendre soin » mérite qu’on s’en dise plus et qu’on élargisse notre regard envers tous ceux qui attendent un cœur miséricordieux et des gens actifs : prendre soin de qui et comment ? On prend soin des malades, nous rappelle la pastorale de la santé. On devrait aussi prendre soin de la société comme telle qui est bien malade ; de nombreuses associations prennent soin des personnes abandonnées sur les trottoirs et les bas-côtés de la consommation. Certaines prennent soin des précaires avec les restos ou le Secours catholique, ou autres associations. D’autres préparent des lois plus sociales. Un certain nombre de papiers administratifs sont remplis par des bénévoles qui comprennent ce langage administratif. Un jour peut-être les Etats et les systèmes économiques mondialisés prendront-ils soin, un peu plus, des gens de la rue, des immigrés et sans papiers, de l’oxygène, du prix du blé, du riz, du maïs. Mais ce n’est pas demain la veille et Davos n’en a guère parlé.
 
On prendra également soin de la colombe blessée, que ce soit à Gaza, au Sri Lanka, au Kivu, et ailleurs encore : on prendra soin de ces populations dont on ne parle pas. Pour que cela vienne chacun devra remplacer les « on » de ce paragraphe par des « je… »
 
N’y aurait-il donc que le silence pour se faire entendre et signaler les détresses innommables ? Des cercles de silence se constituent ici et là. Ce ne sont pas des initiatives désespérés, mais des signes, des pierres d’attente. Le Conseil diocésain de la vie religieuse a choisi ce mode d’expression pour le jour où elles renouvellent leurs vœux. Consacrées à Dieu elles deviennent ainsi un signe fort de l’Alliance voulue entre Dieu et l’humanité. Leur présence, souvent discrète, continue la présence discrète de Jésus auprès des portions d’humanité reléguées à la marge de la société.
 
Il n’y a pas de honte à aider l’un de ces derniers de notre société moderne. Il semble hélas n’y avoir aucune honte pour ceux qui pratiquent un libéralisme totalitaire, comme pour ceux quittent leur société avec des parachutes et des revenus bien dorés.
 
Emile Hennart