Foi en Dieu et justice envers leprochain
Edito Eglise d'Arras n°4-2010
Cette semaine ouvre le temps du carême : temps favorable où le peuple de Dieu se convertit, se retourne vers Dieu. Chacun est invité à secouer sa torpeur, à raviver sa foi. La perspective est bien de nous préparer à célébrer Pâques, mystère au cœur de la foi : mystère de l’amour de Dieu qui nous aime au point de faire de nous ses fils bien-aimés.
Il nous arrive de douter de cet amour, il nous arrive aussi d’être trop peu témoin de l’amour de Dieu pour tous les hommes. L’amour de Dieu et l’amour du frère sont sans cesse à raviver en nous, alors que l’indifférence, les déceptions et le repli sur soi obscurcissent notre horizon. Marcher vers Pâques, vers la lumière du Christ, éclaire notre chemin. C’est dans cette perspective que des catéchumènes entendront l’appel à mettre leurs pas, en Eglise, à la suite du Christ.
Benoit XVI (message de carême) rappelle la grande tradition chrétienne de l’aumône, du jeûne et de la prière. L’élan de solidarité pour Haïti est une réponse pour un cas précis. Le pape invite les baptisés à se rendre attentifs au cri de celui qui est dans la misère, et ils sont nombreux autour de nous. L’attention aux malades, aux personnes en souffrance est un aspect de la pratique chrétienne de la charité, ce dont rend compte le dossier de la pastorale de la santé. Aux professionnels de santé, stressés par les difficultés dans l’exercice de leur métier, il sera offert en mars une journée pour reprendre souffle.
Dans quelques semaines nos concitoyens et nous-mêmes sommes invités par le vote, à exercer notre responsabilité politique, à “prendre vraiment conscience des problèmes, maîtriser les mutations et discerner les options et engagements qu’il convient de prendre” (Paul VI). L’Eglise n’a pas de solution technique à offrir, elle ne donne pas de consigne de vote ; elle « ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Elle ne peut ni doit se mettre à la place de l’Etat… Mais elle ne peut ni doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice. » (Deus Caritas est n° 28). Le temps du carême est une occasion favorable : différentes réunions de carême seront proposées dans les paroisses ou en doyenné, belle occasion pour ouvrir les cœurs et les esprits aux attentes de l’humanité et au regard de notre Dieu sur elle.
A l’occasion des élections, Mgr Lacramps rappelle “la légitime variété d’options chez les chrétiens, et des possibilités d’engagements différents, [cependant] la foi qui nous habite pousse chacun d’entre nous à rechercher une cohérence entre ses options humaines et l’Evangile : s’informer des enjeux d’un vote, y réfléchir ensemble, participer à des débats publics, donner son avis personnel, respecter celui des autres, partager les responsabilités, rechercher le « bien de tous », c’est finalement semer l’espérance d’une société de justice et de paix”.
A l’heure d’ouvrir le chemin de Pâques, puissions-nous prier avec la liturgie : « Que Dieu rende vigilants ceux qui chantent le Seigneur : qu'ils ne soient en même temps les complices du malheur où leurs frères sont tenus ! »
Abbé Emile Hennart