Brillez déjà, lueurs de Pâques

Edito 6-2010

Lever de soleil près de la Mer Morte Lever de soleil près de la Mer Morte   

 “Quand vous voyez éclore les bourgeons, vous devinez que l’été est proche…“ Luc 21,30. Cette parole de l’Evangile vient fort à propos en cette fin mars alors que nous avons plutôt souffert des frimas tardifs. Il serait regrettable d’en rester à cette belle image champêtre sans chercher à discerner, comme le Christ les signes du Royaume qui vient : discerner les signes des temps, comme le souhaitait le bienheureux Jean XXIII.

 

Certains seront plus sensibles au signe de l’encens qui s’élève vers le ciel, d’autres aux processions bien orchestrées par des maîtres de cérémonie cérémonieux, d’autres encore au nombre des baptêmes, mariages ou funérailles dans la paroisse… sans doute est-ce important.
Il est pourtant un signe qui ne trompe pas, c’est l’aptitude des hommes de bonne volonté et, parmi eux, des chrétiens, quand ils cherchent à répondre aux attentes des hommes, des pauvres surtout, dans le besoin. Cela s’est manifesté après les inondations en Charentes, comme après le tremblement de terre en Haïti. L’urgence et l’ampleur de la catastrophe ont sans doute amplifié l’ouverture des cœurs et des porte-monnaie.

 

Il est aussi d’autres souffrances et de pauvretés permanentes auxquelles des hommes essaient de remédier par une remise en ordre du (des) modèle(s) financier(s) développé(s) depuis 25 ans. Le monde est en effet passé de “l’argent au service de l’entreprise et de sa croissance” à “l’argent pour l’argent”. Qu’importent alors les entreprises et leur croissance, les pauvres et leur mort programmée faute de médicaments et de nourriture. Qu’importe l’augmentation du nombre de chômeurs et l’écart croissant entre très riches et très pauvres pourvu que quelques-uns aient l’ivresse de l’avoir et du pouvoir [Ndlr : que le lecteur fasse ici la distinction entre entrepreneurs et financiers, car ce sont rarement les mêmes.]

 

Sans doute y a-t-il chez nous de généreux donateurs, mais il y a aussi des analystes et des spécialistes des sciences humaines qui aident à décrypter le sens de la marche du monde. Ils sont sans doute trop peu invités et entendus dans nos cercles d’Eglise. Pourtant ils ont bien des choses à dire.


Au début de chaque eucharistie nous confessons notre péché par omission… N’y a-t-il pas omission en se refusant à étudier et analyser la complexité de l’organisation de la société mondialisée (globalisée), à éclairer nos intelligences par la recherche de la vérité. Les dossiers du CCFD, les formations données par Guy Jovenet et bien d’autres, favorisent la compréhension du système et les pistes d’un agir possible… à moins que nous n’ayons décidé que Dieu n’aimait pas ce monde et que nous ne devions pas nous y intéresser.

 

Bouge ta Planète est une réalisation solidaire animée par des jeunes, accompagnés par des adultes. Les jeunes annoncent et préparent l’avenir. Les bourgeons annoncent le printemps, et grâce à eux, nous pourrons fleurir la table de l’Eucharistie du jeudi-saint, puis fleurir nos prochaines célébrations pascales. Comme tout bourgeon laisse paraitre sa beauté en s’épanouissant, puissions-nous aussi ouvrir nos cœurs et fleurir le monde avec autant d’attention que celle mise pour fleurir nos églises.
Abbé Emile Hennart