Heureuse fête de Pâques

Edito Eglise d'Arras n° 7-2010

Heureuse fête de Pâques, où chacun rappelle qu’il a été plongé en Christ mort et ressuscité. Par Lui nous avons été réconciliés avec le Père (2 Corinthiens 5, 18-20). Nous sommes tous, d’une certaine manière, le fils cadet de la parabole, qui s’est éloigné de la maison, qui se demande comment retourner à la maison du Père. Christ Jésus, par ses paroles, son enseignement et sa vie, fait découvrir à la foule de ceux qui marchent à sa suite, combien le Père ouvre les bras pour accueillir ses enfants. Il ne demandera pas de compte… Il espère tout, il accueille les bras ouverts celui qui revient vers Lui.

Heureux sommes nous de pouvoir célébrer en cette nuit de Pâques le jour où, par le baptême, nous sommes devenus membres de sa famille, Corps du Christ et Temple de l’Esprit. Heureux sont-ils ces nouveaux baptisés dans la nuit de Pâques, qui rejoignent la foule immense de ceux qui acclament le Christ vainqueur de la mort et du péché. Heureux sont-ils ceux qui entendent l’invitation à aimer d’un seul cœur Dieu et son prochain. Les deux ne font qu’un est-il précisé. C’est la seule réponse que les baptisés peuvent donner à Celui qui les a renouvelés : « comme le Christ nous a aimés, aimons-nous les uns les autres, non pas en paroles, mais en actes et en vérité ».

 

Les pages de ce numéro d’Eglise d’Arras, présentent, de manière succincte, différentes activités de charité et solidarité. Les chemins sont nombreux pour se mettre au service du frère. Dans l’Evangile de la Passion, selon Luc, Simon de Cyrène porte la croix du Christ et marche derrière lui. Sans doute est-il le premier à suivre au pied de la lettre l’appel : « celui qui veut devenir mon disciple, qu’il prenne sa croix et marche derrière moi » (Luc 14,27). Derrière Simon une grande masse du peuple, ainsi que des femmes (Luc 23,27). Nous sommes de ceux-là quand nous portons la croix les uns des autres.

 

Elles sont multiples, les manières de mettre en œuvre l’attente du Père. Ce peut être l’accompagnement d’un malade ou le service auprès d’un exclu ; ce peut être la présence auprès d’un immigré ou la défense d’un travailleur qu’on met au rebut ; ce peut être la participation à la création de lois plus justes, plus soucieuses du présent et de l’avenir de la vie sur la Planète. Ce peut être le souci de la croissance et de l’éducation d’un enfant ou d’un jeune. « Là où vous le voulez et quand vous le voudrez vous pourrez venir en aide à l’un des petits qui sont mes frères » cf. Matthieu 25.

 

Heureuse fête de Pâques où Dieu accueille ses enfants sans poser d’abord des exigences. « Dans ma grande tendresse, je vous rassemblerai, affirme le Dieu d’Isaïe ; … mon amour pour toi ne changera pas, mon alliance de paix ne sera pas ébranlée ». Les baptisés d’hier et d’aujourd’hui ont besoin d’entendre à nouveau ces paroles qui donnent confiance, vie et espérance. Mais hier comme aujourd’hui, ces paroles peuvent être enfermées dans un écrin de commandements et de rites. Alors l’Eglise perdrait à nouveau la liberté de la Parole que le Christ avait, liberté de Parole qui l’a conduit à la condamnation par les élites de sa religion et à la mort.

 

La tentation est grande de mettre à nouveau la lumière sous le boisseau pour éviter qu’elle ne s’éteigne, alors qu’elle devrait être portée à bout de bras de façon à éclairer tout homme, à commencer par notre entourage. Il n’y a pas de plus grand bonheur que de donner autour de nous le désir et le goût de marcher à la Lumière du Christ, dans les allées de nos églises, mais aussi sur les chemins de l’existence quotidienne.
Abbé Emile Hennart