Communiquer le visage de Dieu
Edito Eglise d'Arras 9-2010
A quelques jours de la journée mondiale des communications sociales, Mgr Podvin porte-parole de la Conférence des évêques animait une journée sur la communication de l’Eglise... Depuis plus d’un an déjà, nombre de chrétiens et d’éditorialistes de presse s’interrogent sur la manière dont l’Eglise communique. L’immédiateté, les gaffes et malentendus (ou refus d’entendre) portent ombrage à la Bonne Nouvelle. Les modèles de communication évoluent.
Au temps où Paul naviguait sur une mer déchainée et se retrouvait à Malte au lieu de Rome, il n’y avait pas la même immédiateté de transmission que par le net ou facebook. Quand les corinthiens posaient une question à Paul, alors à Ephèse, il fallait un certain temps pour avoir la réponse, et seuls quelques heureux destinataires bénéficiaient des paroles de l’apôtre. Aujourd’hui, c’est tout, tout de suite. Mais pour dire quoi et à qui, en vue de quoi ?
En ouverture au livre des Actes, Luc rapporte les dernières paroles de Jésus : “vous allez recevoir la force de l’Esprit ; vous serez mes témoins, à Jérusalem, en Judée Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre”. Des statistiques sur le nombre des baptisés ou des ministres ordonnés réjouissent les uns, inquiètent les autres. Chacun n’aurait-il pas à s’interroger d’abord sur ce dont lui-même témoigne et comment. A lire et relire l’évangile de Luc, beaucoup ont pu découvrir un Jésus de proximité avec les derniers, les malades et les pécheurs. Cela lui sera reproché ; on le traitera d’ivrogne et de glouton. Le témoignage de Jésus sur son Père est insistance permanente, au-delà de toute mesure, sur le don, le pardon, l’accueil de l’étranger qui aurait plus de foi que les fils de la maison…
On voit peu Jésus dans les grandes liturgies du Temple, mais souvent en prière sans que Luc en précise le lieu : “Un jour, quelque part…” écrit-il Luc pour la tradition du Notre Père. Au cœur de l’Evangile se trouve la relation au frère et la relation au Père. Ma maison est une maison de prière rappelle Jésus, après avoir mis dehors tout ce qui n’est pas indispensable à la prière. Et quand on l’interroge sur le plus grand commandement, il associe le premier et le second commandement, au point qu’un scribe affirmera qu’aimer Dieu et son prochain vaut plus que tous les sacrifices.
Communiquer, sur quoi, comment ? Notre réponse est de devenir imitateurs du Christ. Dans son message sur les communications, Benoit XVI rappelle la nécessité du respect pour la dignité et la valeur de la personne humaine, qu’il appelle diaconie de la culture. Il insiste ensuite sur la persévérance à proposer des chemins qui mènent à la Parole de Dieu. Le souci de la communication c’est d’avoir l’esprit en éveil pour proposer avec justesse la Parole qui éveillera le cœur et l’intelligence de l’homme afin qu’il rencontre Dieu qui s’est rendu proche de lui. Cela suppose que l’on quitte le langage de la condamnation, de la mise à l’écart et toute attitude qui crée une distance entre eux et nous. En ce sens l’inculturation n’est pas chose dépassée. Cela passe par le langage, le vêtement, les modes de vie, et avant tout notre visage, un visage qui accueille tout homme, un visage qui parle de la bonté de Dieu.
Abbé Emile Hennart.