Tous fils d’Abraham

Edito Eglise d'Arras 6-2011

Les fils d'Abraham, Bourges Abraham  
Les fils d'Abraham, Bourges
Les fils d'Abraham, Bourges
  D’après le livre de la Genèse, Abraham eut deux fils : Ismaël et Isaac. On connait les motifs qui firent s’enfuir la servante au désert… On connait moins les bénédictions de Dieu en faveur d’Ismaël, aussi grandes que celles accordées à Isaac… L’itinéraire d’Abraham en terres étrangères, au milieu des nations, témoigne des tergiversations du père des croyants sur la conduite à tenir envers elles : elle fut surtout de respect et de compromis.

 

L’apôtre Paul retiendra d’Abraham qu’il eut foi en la Promesse de Dieu et cela lui fut compté pour justice. Les narrateurs des récits sur Abraham rapportent un “détail” dans la vie d’Abraham : là où il s’arrêtait avec sa caravane, il dressait un autel, sans doute fait de quelques pierres éparses, ramassées et dressées en hommage à Dieu : c’était sa manière de signifier une relation singulière à Dieu.

 

Dans nos vies bousculées et chahutées, quels signes savons-nous poser qui rappellent notre relation à Dieu ? Une bougie, une image, un crucifix, un temps d’arrêt dans la journée ? Nous avons besoin de signes pour que notre foi demeure vive. Nous avons besoin de signes pour entretenir notre relation à Dieu. Le carême peut être ce temps pour retisser des liens distendus.

 

Dans la longue histoire d’Abraham on connait aussi l’étonnant dialogue, discussion de marchand de tapis, où il espère sauver la vie des habitants pécheurs de Sodome. Nulle part Abraham ne dit qu’ils ont tort, qu’ils méritent l’enfer. Il demande simplement à Dieu d’exercer sa miséricorde envers eux. Bien sûr, les récits sur Abraham ne sont pas la reprise d’un journal intime, ni même la reprise d’articles de journaux relatant paroles et gestes comme autant de faits divers ; c’est l’hommage rendu par des fils envers leur ancêtre, signifiant ce que peut être une attitude droite et juste aux yeux de Dieu.

 

page de couverture l4Eglise dans la terre d'Abraham  
page de couverture
page de couverture
Le carême, comme une marche au désert, peut être l’occasion de redire notre lien avec Dieu notre Père et notre estime de tous les hommes, de quelque tradition religieuse soient-ils. Ils ont été créés à l’image de Dieu et c’est pour eux que Christ est venu, a souffert, est mort et a été ressuscité.

 

On peut espérer avec Isaïe 25, qu’un jour les hommes de toutes les nations soient rassemblés pour un festin où il n’y aura plus d’opprobre entre eux, plus de larmes, plus de mort. Ainsi les prophètes perpétuent de génération en génération l’espérance d’une Terre plus solidaire, une Terre où Amour et Vérité se rencontrent, où Justice et Paix s'embrassent. Nous avons notre part dans la compréhension entre nations, entre civilisations. Veillons donc à nos paroles et à nos actes pour ne pas tomber sous le reproche de l’hymne de carême : « Ceux qui chantent le Seigneur: qu'ils ne soient en même temps les complices du malheur où leurs frères sont tenus! »
Abbé Emile Hennart