Compagnon sur le chemin

Eglise d'Arras N°11

Ascension Ascension   “Allez-donc ! De toutes les nations faites des disciples”. Quel chrétien du diocèse n’a-t-il pas fredonné ce refrain, depuis le 101010 ? Chacun a pu réentendre cet Evangile à l’Ascension. C’est la manière dont Matthieu rapporte l’envoi en mission. Luc le dit autrement : “vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre”. Quant à Paul, il écrivait aux Corinthiens: “Malheur à moi si je n’évangélise !”

 
Cette quinzaine rend compte de la manière dont les chrétiens donnent sens et vie au Projet diocésain de catéchèse. Tout d’abord, avec l’assemblée départementale de l’Enseignement catholique : avec l’Education Nationale, ils prennent part à l’enseignement et à l’éducation. Leur texte d’orientation inscrit la proposition explicite de la foi dans le projet éducatif et, pour leur part, les enseignants portent les valeurs de l’Evangile auprès des jeunes. C’est tout autre chose que des cours de religion.
 
Des initiatives pastorales, comme “saveurs d’Evangile” à St Paul de Lens ou “Table ronde sur l’interreligieux” à Arras-Baudimont, témoignent du même souci. Quand le doyenné d’Arras rassemble deux-cents collégiens pour un après-midi festif, et donne à voir les mille visages de l’Eglise ; quand les aumôneries hospitalières envoient en mission auprès des malades ; quand des personnes malades ou handicapées se rassemblent pour fêter Jésus vivant ; quand on évoque la longue vie de sœur Agnès, tout cela n’est-il porter attention à la dimension annonce par les communautés chrétiennes ? Comment ne pas évoquer la journée des diacres avec Mgr Jaeger quand l’un d’eux invitait à ne pas manquer les rendez-vous d’humanité, “véritables lieux théologiques” où se dit une parole sur Dieu, une parole de Dieu ?
 
De quel visage de Dieu les chrétiens sont-ils témoins, de quelle Bonne Nouvelle sont-ils porteurs ? En juin, animateurs en EAP, catéchistes, maisons d’Evangile et bien d’autres feront le point sur l’année. Quel visage du Christ a-t-il été révélé ? La réussite n’était pas toujours à l’arrivée, mais a-t-on laissé résonner en soi et dans les institutions chrétiennes la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre ?
 
Il est pourtant certaines méthodes d’annonce qui fonctionnent selon le principe du “répulsif” : quand on fait comprendre à l’autre qu’il n’a pas sa place chez nous, avec nous. Ce fut le cas au XIXème siècle quand on voulut éloigner des églises de la Côte les Anglais porteurs d’une religion pas très catholique. Jeanne d’Arc n’avait-elle pas voulu bouter l’Anglais hors de France ? Sur le principe d’exclusion, n’y a-t-il pas le modèle “Charles Martel”? La méthode répulsive consiste à signifier à l’autre sa différence. La mondialisation, loin d’être ouverture à tous, a pu renforcer le sentiment de rejet ! Cela peut exister aussi en Eglise quand il s’agit d’accueillir l’autre différent. Ainsi en était-il entre Pierre, Paul, Jacques, et les judéo-chrétiens à Jérusalem. “Passons sur l’autre rive !” disait Jésus à ses disciples.
 
A l’ère du numérique, Benoit XVI invite les communicants à une relation authentique entre tous : l’annonce de “l’Evangile stimule le cœur et interpelle la conscience ; une forme qui rappelle le style de Jésus Ressuscité lorsqu'il se fit compagnon sur le chemin des disciples d'Emmaüs…”
 
Abbé Emile Hennart