Deux prêtres africains arrivent à Avion.

Réflexion sur le ministère ordonné dans le diocèse.

eglise-avion.jpg eglise-avion.jpg  A l’occasion des nominations de prêtres dans le diocèse, souvent entre juin et septembre, les responsables diocésains mesurent combien il est difficile de « boucher les trous » ou de « répondre à la demande ». Et quand tel ou tel couple désire se marier sur le lieu de baptême de l’un ou l’autre des conjoints, et que le prêtre est indisponible, ils ne comprennent pas et écrivent à l’évêque. A de nombreuses reprises nous avons pu entendre l’évêque exprimer aux paroisses : « donnez-nous des prêtres ». En juillet dernier, il y eut les funérailles de cinq prêtres. Certes, ils avaient largement passé les 75 ans ; d’autres tombent malades où sont obligés de restreindre leurs activités à cause de l’âge. Ce qui rend la tâche encore plus difficile pour ceux qui restent.
 
Lors de la rencontre des doyens avec le conseil épiscopal, des statistiques ont été présentées. Ainsi il y a dans le diocèse où il y a plus de 1.000 clochers, seulement 36 prêtres âgés de moins 65 ans et 19 venus d’autres diocèses ou pays le desservent. Le total des moins de 75 ans est de 103 et 157 de plus de 75 ans, y compris un centenaire. La proportion de prêtres diocésains par rapport aux prêtres originaires d’autres diocèses approche 50/50 pour les 30-45 ans.
Le diocèse compte au total, tous âges confondus, 260 prêtres. En 1960 ils étaient encore 1400. Nombre d’entre eux pouvaient alors accompagner personnellement des fidèles, ou des groupes de mouvements ou associations de fidèles. Aujourd’hui cette tâche est devenue quasi impossible. Ce qui signifie une nouvelle organisation de la vie des prêtres. Le journal La Croix publiait récemment une étude précisant les modifications nécessaires dans l’exercice et la présence des ministres ordonnés. Bien sûr un certain nombre d’animateurs laïcs sont venus prendre place pour l’animation de groupes et des parents ont pris la relève pour la catéchèse auprès des jeunes. Mais s’ils ne voient jamais un prêtre ? s’interroge Mgr Jaeger
 
Après une époque riche où les prêtres étaient présents à toute la vie des hommes, ils redeviennent peu à peu présents dans les seuls lieux de célébration des offices religieux, comme le baptême le mariage et, de moins en moins, lors des funérailles. Combien de familles regrettent l’absence d’u prêtre en ces circonstances, mais se sont-elles interrogées sur le don qu’elles ont fait d’un prêtre, depuis un siècle ? L’Institution ne souhaitant pas modifier les règles ecclésiastiques, que reste-t-il à faire ? Se lamenter, faire sans, chercher ailleurs quelques prêtres ? La courbe descendante du nombre des prêtres ne date pas d’aujourd’hui. Elle a commencé dès les années 1800. En 1903, l’évêque d’Arras refusait de dégager quelques prêtres pour les missions : il n’y en avait pas assez pour son propre diocèse. Que dirait alors cet évêque cent ans plus tard ?
 
Le diocèse d’Arras, comme bien d’autres, fait appel à des prêtres d’origine africaine. Ils sont aujourd’hui dix, dont les derniers viennent de rejoindre la paroisse d’Avion.
 
Corneille Ntamwenge, dominicain, diplômé universitaire est originaire de république Démocratique du Congo. Ses supérieurs lui avaient demandé de préparer une revue recensant les textes fondamentaux en éthique sociale et commerciale, éthique biblique, utiles pour l’Eglise en République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Il lui était demandé de développer les rapports entre ces textes et les pratiques. Mais il n’y a pas, pour l’instant, de débouchés. Son pays est marqué par le climat de guerre depuis de nombreuses années. De même le Rwanda voisin. Seigneurs de la guerre et richesses naturelles s’attirent mutuellement, quand ce ne sont pas les pays occidentaux qui alimentent les crises. Cependant nombreux sont les acteurs de ces situations qui comprennent la nécessité d’arrêter.
 
Un autre prêtre au prénom bien sympathique, Bienvenu Tsanga nous arrive du Cameroun, du diocèse d’Obala avec lequel le diocèse a établi une convention il y a plusieurs années.
 
S’il s’agissait uniquement de célébrer selon le rite ancien quelques cérémonies religieuses, sans doute leur vie serait-elle moins compliquée. Mais ce serait ignorer la réalité fondamentale du ministère ordonné où il existe entre les pasteurs et les brebis une affinité, une sensibilité par lesquelles on reconnait la voix des uns et des autres (relire la parabole du Bon Pasteur, Jean 10). Autre question : peut-on en toute impunité piller à nouveau les peuples d’Afrique, pour avoir “nos” prêtres, alors que nous-mêmes ne savons pas éveiller et accompagner des jeunes vers les ministères ordonnés. Là encore, Mgr Jaeger dirait que la balle est dans le camp des chrétiens. Dans l’impossibilité actuelle de changer les règles ecclésiastiques, une certaine lassitude s’installe auprès des fidèles laïcs et des prêtres. Ils ne s’interrogent plus sur la question et gèrent comme ils peuvent les horaires des messes dominicales, des célébrations de la Parole, et tentent de s’expliquer aux chrétiens des quatre saisons qui ne comprennent pas de ne pas avoir un prêtre à leur disposition.
 
Autre question : faut-il appeler des prêtres d’ailleurs à tout prix ? Mgr Jaeger signale qu’il est souvent accusé de ne pas accueillir des communautés nouvelles prêtres à investir dans le diocèse. Il se contente de signaler que lors de la fermeture de Wardrecques, il a sollicité tous les instituts et congrégation. Aucun n’a répondu positivement, sans trop expliciter les raisons. Sans doute a-t-on un peu vite conclu : au Nord il y a de l’humidité et des frimas, ce qui découragerait certaines vocations qui préfèrent s’implanter au Sud.
 
D’autre part, le diocèse, comme bien d’autres, a été doté par son évêque d’orientations diocésaines, promulguées le 11 février 2000 et plus récemment d’un Projet diocésain de catéchèse (2010), approuvé par Rome et auxquelles sont tenus tous les membres de l’Eglise diocésaine, dont les prêtres, qui forment le presbyterium autour de l’évêque du lieu. La démarche catéchétique actuelle souhaite un chemin d’annonce de l’Evangile sous-tendu par une pédagogie d’initiation plus qu’un chemin d’enseignement. Ce n’est pas un mince défi que laïcs et clercs sont appelés à relever. Les cellules locales aident les chrétiens à vivre ce renouvellement. Sans doute serait-il nécessaire d’étudier à frais nouveaux les racines philosophiques et religieuses des pays d’ancienne chrétienté dont nous sommes, pour éviter d’importer des manières de faire qui ne correspondent pas aux richesses culturelles et évangéliques occidentales : le diocèse n’a-t-il pas un patrimoine d’évangélisation et de fidélité à l’Eglise qui mérite plus que le respect ! EH
 

Le Jour du Seigneur programme une émission le 13 novembre sur les prêtres qui viennent d'Afrique