A la suite du Christ
Edito E.A n°6
Plus de 40 catéchumènes qui demandent le baptême, près de 70 jeunes et adultes qui demandent le sacrement de la confirmation ou de l’eucharistie, voilà qui réjouit le cœur d’un évêque et celui des accompagnateurs du catéchuménat. Il est heureux de pourvoir dire que, d’année en année, la demande reste constante.
Devenir chrétien suppose que soit aussi précisé ce qu’est la vie chrétienne au long de notre existence. Ainsi souligne-t-on la participation à la vie d’une communauté rassemblée autour de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, selon la Constitution sur la liturgie. L’assemblée catéchuménale était invitée à lire et méditer l’Evangile “de la multiplication des pains” (Marc 8). A juste titre on peut s’émerveiller que le Christ ait fait d’un geste tout simple, le partage du pain, un geste éminemment sacramentel, signe de la communion les uns avec les autres, avec Lui et avec Dieu son Père. Ce jour-là les disciples du Christ ont appris ce que peut signifier le pain partagé avec ceux qui n’ont pas eu de nourriture depuis trois jours… eux qui avaient d’abord demandé à Jésus de les renvoyer chez eux !
N’allons pas trop vite à spiritualiser une attitude toute humaine. Jésus a pitié de cette foule qui le suit depuis trois jours, et ils n’ont même pas de quoi manger. Les sept pains, Jésus les rompit et les donnait à ses disciples pour qu’ils les offrent à la foule. C'est bien une adresse d jésus aux disciples pour qu'ils partage ce pain matériel qui deviendra pain de communion. Dans quelques semaines, les ministres ordonnés referont le geste de Jésus qui lave les pieds des disciples, en signe de l’attitude de serviteur qui fut la sienne et qu’il demande aux disciples de perpétuer.
A quel signe reconnait-on les disciples du Christ ? A l’amour qu’ils ont les uns pour les autres. Ce point est tellement important que Benoit XVI rappelle la “relation entre Mystère eucharistique et engagement social. C'est seulement cette constante tension en vue de la réconciliation qui permet de communier dignement au Corps et au Sang du Christ”. Sacramentum caritatis, 89.
Nous sommes tous convaincus de ce qui précède. Pourtant les enquêtes d’opinion révèlent que les chrétiens sont plus sensibles à la lutte contre la délinquance, mais moins nombreux que d’autres à la réduction des inégalités. Les chrétiens seraient ainsi plus soucieux du sécuritaire que d’un meilleur service du frère ou du vivre-ensemble. Faut-il s’en étonner ? Quelle formation sur ces réalités est donnée au peuple de Dieu. Suffira-t-il d’une journée “Diaconia 2013” avec les animateurs des paroisses pour que se développe le souci de donner le pain à qui n’en a pas ?
Au moment où l’Eglise se prépare à fêter les 50 ans de Vatican II, Mgr Ulrich affirme que ces célébrations sont une opportunité pour rappeler les thèmes centraux du concile : Le Christ, l’Eglise, l’homme. L’assemblée des 24-25 mars à Lourdes est intitulée “Joie et espérance”. C’est le titre de la constitution Gaudium et Spes, constitution que l’on a tendance à mettre sous le boisseau alors qu’elle insiste sur le dialogue entre l’Eglise et le monde, dans toutes ses dimensions.
Qu’avons-nous fait de notre baptême ? Une marche à la suite du Christ, Lui qui est venu pour servir, non pour être servi (Marc 10, 45). Il n’est jamais trop tard pour entendre l’apôtre Paul demander à ses communautés de partager un peu plus les biens qu’elles possèdent, avant de célébrer l’eucharistie (1 Co.11, 17-34). Il n’est jamais trop tard pour se convertir.
Abbé Emile Hennart