Diaconie, diaconat, Diaconia 2013…

De quoi perdre son latin. Edito EA 18

De quoi perdre son latin avec ces multiples expressions : diaconie, diaconat, diaconia 2013, diacre, c’est une famille de mots d’Eglise qui tirent leur origine du grec diakonos (serviteur, ministre) ou diakonia (service, ministère, fonction). La récente intrusion de “diaconia 2013” vient quelque peu embarrasser et interroger les non initiés. L’objectif de Diaconia 2013 était de raviver la notion de service, lequel avait tendance à disparaitre derrière le service du culte. Le père Yves-Marie Congar, dans une étude fouillée parue dans les années cinquante a rappelé l’origine fort ancienne des trois charges du Christ, que nous désignons sous forme de trilogie : “roi, prêtre, prophète” ou “vivre, croire, célébrer”. Ces trois charges incombent à tout baptisé qui à mission de témoigner, de sanctifier, de vivre une charité effective.

 

Une tendance à isoler chacun des termes, s’est faite jour, confiant aux uns l’enseignement, à d’autres (appelés aussi ministres) l’offrande du culte et à d’autres enfin celui d’exercer la charité. Pourtant plusieurs textes du concile rappellent que tous reçoivent l’Esprit-saint, devenant ainsi membres du Corps mystique du Christ : chacun doit sanctifier Jésus dans son cœur, et rendre témoignage à Jésus par l’esprit de prophétie, sans oublier de rendre témoignage par la charité. Un paragraphe entier (Lumen Gentium 42) porte sur la charité : La charité envers Dieu et envers le prochain marque le véritable disciple du Christ.

 

Dans le précédent numéro 17, Eglise d’Arras a rappelé le service du diaconat permanent, remis en honneur par le Concile Vatican II. Ce numéro 18 veut mettre en évidence le service du frère, qu’on l’appelle charité, ou diaconie. Pour une part, le Secours Catholique a reçu d’honorer plus activement cet aspect de la mission, d’être le service que se donne l’Eglise de France pour subvenir au besoin des pauvres. Il existe de nombreuses instances et organisations, plus ou moins importantes, où les chrétiens sont plus ou moins présents, qui assurent ce service de l’autre. Toutes n’ont pas le label “catholique”, mais de nombreux chrétiens collaborent à ces organisations.

 

 

Ces lieux et participations sont parfois occasion d’une première annonce, ou tout au moins découverte que l’on peut être chrétien et avoir le souci du frère. Plusieurs associations essaient d’accompagner les migrants, à Calais, à Norrent-Fontes, à Angres. D’autres épaulent les Roms proches de chez eux. Le CCFD invite à voir au-delà de chez soi. La coopération missionnaire participe pour sa part à l’éveil spirituel et caritatif pour les missions. La DCC envoie chaque année des coopérants pour une ou deux années là où le besoin est plus criant. Les restos du cœur ou Emmaüs, les associations Saint Vincent de Paul, les CCAS viennent en aide selon leurs moyens.

 

Des soutiens spontanés apparaissent à l’occasion d’une expulsion, mais ensuite ? Des militants au sein d’organisations syndicales ou politiques essaient de faire progresser le droit et la justice dans la création et la mise en œuvre des lois. De nombreuses personnes investissent dans le monde de la santé et du handicap, l’accompagnement en fin de vie, le soutien scolaire. Il faudrait bien d’autres pages pour évoquer tout ce qui participe au souci du frère.

 

On n’utilise pas le mot diaconie pour eux, ni le mot charité qui garde la mémoire pêsante du 19ème siècle… On gardera donc dans notre vocabulaire la diversité des expressions qui rendent compte du service du frère, mais par-dessus tout, on se souviendra de la parole du Christ : j’étais malade, en prison, nu, j’avais faim ou soif… et vous êtes venu jusqu’à moi. On peut aussi reprendre les béatitudes lues le 1er novembre : “heureux les miséricordieux, heureux les artisans de paix…” N’est-ce pas la meilleure manière de rendre visible la fraternité à laquelle chacun est appelé ? Abbé Emile Hennart