Lendemain de fête
Eglise d'Arras n°17
l'assemblée en train d'écouter la conférence© J. Capelain Que reste-t-il de la fête quand les flonflons se sont tus et les lumières éteintes ? Les invités sont repartis heureux du temps passé ensemble, heureux d’avoir réveillé les souvenirs, heureux d’avoir perçu les étapes d’une évolution de la vie en Eglise. On peut évoquer le passé sans être pour autant nostalgiques de la vie d’avant. Vivre le présent et désireux de préparer un avenir et une jeunesse à l’Eglise c’est à cela que les baptisés, en Eglise, en peuple de Dieu sont invités.
L’intervention de Loïc Figoureux, historien universitaire, témoins d’une nouvelle génération d’étudiants sur le concile, a brossé un pan de l’histoire de notre Eglise. Sa formation et la préparation de sa thèse de doctorat, l’ont amené à scruter le journal du père de Lubac. Théologien peut-être moins connu que le père Congar, il est tout aussi précieux pour une théologie de l’Eglise, fidèle à son histoire et à l’Evangile de Jésus-Christ. La maladie n’a pas permis à De Lubac d’être aussi complet et précis dans ses commentaires des dernières sessions du concile. Faut-il rappeler que De Lubac, tout comme Congar fait partie des théologiens que le Saint-Office n’appréciait pas beaucoup. Il fallait alors passer sous les fourches caudines de la Congrégation du Saint-Office dirigée d’une main de fer par le Cardinal Ottaviani avant d’accéder à l’honorabilité ecclésiastique. De Lubac était aussi victime de l’étroitesse d’esprit des évêques français… Ils sont désormais loin les temps de la suspicion envers les théologiens des temps modernes.
A la lecture de Lubac, Loïc Figoureux a appris la retenue et la modération nécessaires pour parler du Concile. Qu’il en soit remercié. Après le 14 octobre, il nous restera le livret de son intervention, disponible au service de formation permanente.
Comme pour Benoit XVI comme pour notre évêque, cette journée est le début d’une suite à donner. “Au souffle de Vatican II” a-t-il été écrit à de nombreuses reprises. Espérons que le souffle ne retombera pas cette fois-ci ; espérons que cette fête aura redonné le goût d’une Eglise ouverte au monde de ce temps, désireuse de partager Jésus qui fréquentait les lieux éloignés du Temple, à la recherche de la brebis perdue, qu’elle s’appelle Matthieu, Marthe ou Marie, qu’elle soit cananéenne, centurion ou lépreux. Saurons-nous donner de l’Eglise le visage que le Christ avait su donner de son Père, comme le rappelle Matthieu à la suite d’Isaïe : “Le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l'éteindra pas, jusqu'à ce qu'il ait mené le Droit au triomphe : en son nom les nations païennes mettront leur espérance.” Mt 12
Le Christ ne s’est pas laissé enfermer dans les dédales du sanctuaire où prêtres et lévites encadraient toutes les manifestations solennelles. Le Christ fréquentait les terres étrangères, les lieux considérés comme impurs et malfamés afin de relever ceux que la vie, la maladie, le péché ont écrasés, humiliés, détruits. S’il y a un lendemain aux flonflons de la fête, c’est bien celui-là et il dépend de chacun des baptisés.
Abbé Emile Hennart