Jerusalem pelerins coptes
prés de 'léglise sainte Anneprés de 'léglise sainte Anne Quelques pèlerins à Jérusalem, fin octobre ont pu entendre le docteur Safar, médecin à Jérusalem, prier le Notre Père dans la langue originelle de Jésus, l’araméen. Ensuite, ensemble, ils l’ont prié en français. Le docteur Safar les avait entretenus sur la présence des chrétiens en territoire Israélien, sur les questions posée par la multiplicité des confessions chrétiennes présentes sur les lieux saints. Quelques jours plus tôt, ces mêmes pèlerins participaient à l’eucharistie avec les chrétiens palestiniens de la paroisse catholique de Bethléem, à Beit Sahour (lieu-dit “le champ des bergers”) ; il y avait avec eux, des pèlerins de Birmingham. Le soir même, ces pèlerins accédaient au saint Sépulcre (nom donné par les catholiques d’Occident), appelé aussi église de l’Anastasis (de la Résurrection, pour les Orientaux). A l’intérieur de l’édifice on s’étonnait de voir côte à côte des catholiques (les franciscains), des orthodoxes, des coptes (chrétiens d’Egypte), des syriaques et des arméniens. Chaque confession dispose, à l’intérieur de la basilique, d’un espace particulier et d’horaires fixes de célébration pour chacun. A défaut de s’entendre, ils respectent le statu quo établi au siècle dernier par les Anglais.
L’échange avec le docteur Safar, les divisions à l’intérieur de l’église de la Résurrection, d’autres témoignages à Naplouse (Sichem) ont permis de ressentir un peu la souffrance des divisions entre chrétiens au sein de l’unique Corps du Christ. Devant les divisions ainsi rendues visibles, chacun a pu se rappeler la prière du Christ rapportée par Saint Jean : “Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé” Jn 17,21. Il est peu de lieux où les déchirures entre les chrétiens fassent autant souffrir les disciples du Christ. Il aura pourtant fallu attendre Jean XXIII et le concile Vatican II pour voir exprimé, au sommet de l’Eglise, le souhait d’un dialogue entre les chrétiens de confessions différentes.
Le mouvement d’Oxford et le père Newman travaillaient dès 1833 au dialogue entre Anglicans et Catholiques. L’abbé Couturier organisait, dans les années 1930, dans l’hostilité générale, une semaine de prière pour l’unité. La photo de Paul VI en 1965, embrassant le patriarche Athénagoras a beaucoup ému. Par ce geste était mis fin aux excommunications réciproques qui duraient depuis 1053. Mais cinquante ans après Vatican II, il semble que l’œcuménisme se soit quelque peu assoupi.
Dans notre diocèse après un temps favorable au dialogue Anglicans-Catholiques (Arras-Canterbury) il faut attendre ces dernières années pour voir se renouveler des échanges entre les deux Eglises. Aujourd’hui, ici et là, quelques étincelles de dialogue naissent, se développent et… ? (A Calais, Saint-Omer, Béthune, Arras ? Bien sûr, la réconciliation entre les chrétiens ne dépend pas que de nous, chrétiens des paroisses du Pas-de-Calais, mais un peu quand même : il y a tant à faire ! La récente journée diocésaine de formation “Enjeux et questions” à permis une expression diversifiée et fort appréciée.
Ne laissons pas retomber ces dynamismes. La mission de l’Eglise est d’annoncer le salut en Jésus-Christ (cf. Lumen Gentium 8 ; Ad Gentes 5). Puissions-nous dépasser les divisions afin que le témoignage des disciples du Christ soit davantage crédible auprès des hommes et des femmes de notre temps.
Abbé Emile Hennart