Comme Jésus et la Samaritaine au puits de Sychar…

Eglise d'Arras n°20

Samaritaine Samaritaine   L’Évangile de Jean, qui présente la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, sert d’introduction au discours de clôture du synode sur la nouvelle évangélisation. Par nouvelle évangélisation, le document signale qu’il est important de raviver, de renouveler le lien avec le Christ pour beaucoup de ceux qui, depuis leur enfance ou leur jeunesse, ont laissé endormie la semence de foi. Nous avons pu entendre ici ou là des appels à forcer les initiatives percutantes en vue de faire adhérer à la foi ceux qui l’ignorent ou l’ont abandonné.

 
A lire les documents de clôture du synode peut-être s’agit-il de tout autre chose : ainsi, “il ne s’agit pas d’inventer on ne sait quelles stratégies, comme si l’Évangile était un produit à placer sur le marché des religions, mais de redécouvrir la façon dont, dans la vie de Jésus, les personnes se sont approchées de lui et ont été appelées par lui, afin d’introduire ces mêmes modalités dans les conditions de notre temps” § 4. Le premier paragraphe du document précise : “Comme Jésus au puits de Sychar, l’Église ressent le devoir de s’asseoir aux côtés des hommes et des femmes de notre temps, pour rendre présent le Seigneur dans leur vie, afin qu’ils puissent le rencontrer, car seul son Esprit est l’eau qui donne la vie véritable et éternelle…”.
 
L’appel lancé par les évêques du synode avec le pape ressemble fort aux attentes de Vatican II, Gaudium et Spes en particulier. Cette dernière constitution sur l’Eglise insiste sur le nécessaire dialogue de l’Eglise avec les hommes de ce temps, un dialogue qui suppose une réciprocité où chacun donne et reçoit. Cette attitude n’enlève rien au zèle apostolique «Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile!» écrit Paul aux Corinthiens (1 Co 9, 16), mais cette présentation du dialogue invite au respect de l’autre, sans lui asséner nos vérités. On ne peut accuser le pape et le synode de nombrilisme quant ils invitent à relire les documents cinquante ans plus tard, quand ils invitent à relire les Evangiles pour y discerner le chemin que le Christ a pris au milieu des hommes.
 
La récente visite ad limina des évêques du Nord et de l’Est au Vatican a été l’occasion pour les évêques de découvrir un climat de confiance entre eux, les dicastères et le pape, climat qu’ils n’avaient pas ressenti depuis de nombreuses années. S’il faut être prudent devant les sentiments, il est utile de lire les récents documents qui sont proposés à l’Eglise, sachant que les Eglises locales, affrontées à des situations différentes, veillent à porter au mieux témoignage à l’unique Seigneur qui est venu non pour juger, mais pour que tous aient la vie.
 
La nouvelle année liturgique nous offre de méditer le Christ qui s’est fait l’un de nous, Dieu au milieu de nous, “qui s’est fait semblable aux hommes, humilié par les hommes, exalté par Dieu afin que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est Seigneur, à la gloire de Dieu” (Philippiens 2, 6-11). Ce temps de l’avent peut être une occasion à saisir pour relire les évangiles et percevoir comment le Christ s’est rendu proche et témoin de l’amour du Père pour ses enfants. Peut-être est-ce aussi l’occasion de vérifier quelles sont les occasions où nous nous asseyons avec nos contemporains pour les écouter, pour rendre présent le Seigneur à leur vie.
 
Sans doute ce numéro n’apporte-t-il pas beaucoup de témoignages de ce type. La présence de membres de l’ACO auprès des salariés de Graincourt en est un parmi bien d’autres. Au moment où les équipes paroissiales, liturgie, caté ou Diaconia, vont s’activer pour “préparer Noël” n’y aurait-il pas nécessité de s’asseoir aussi entre nous pour discerner l’Esprit de Dieu qui nous devance sur les routes humaines et, avec Lui, porter témoignage de l’espérance et de l’Amour qui nous ont été donnés ?
 
Abbé Emile Hennart