Il n’est pas si éloigné le temps où le nouvel évêque d’Arras, Mgr Derouet, faisait remarquer à l’assemblée, présente à Notre-Dame de Lorette, pour la commémoration du 11 novembre, que la France avait su utiliser les forces vives du Pas-de-Calais où il venait d’arriver. La population avait de grandes qualités pour le travail, pour l’exploitation des mines, pour les ressources de la mer, ou pour l’agriculture. La France avait envoyé bien des fils de la région pour les trop nombreuses guerres qui ont déchiré les paysages et meurtri les cœurs. Cependant, disait-il, la nation n’avait guère su développer les structures pour un développement culturel. A l’époque, il n’y avait pas encore d’établissements universitaires installés dans le département.
Depuis des universités ont pris place dans le paysage, et l’on peut aujourd’hui se réjouir de voir s’élever le musée Louvre-Lens, sur l’emplacement d’un carreau de fosse, là où les mineurs descendaient au fond. L’engouement suscité depuis l’ouverture ne se dément pas ; de toute la région, et bien au-delà, on accourt pour découvrir les œuvres d’art exposées. Il y a quelques mois, la région minière était enfin reconnue par l’UNESCO pour son patrimoine culturel qu’il fallait préserver de la dégradation du temps, de l’avidité des promoteurs, mais aussi du souci d’effacer les traces du passé.
On ne s’étonnera pas que soit ici présentée la plaquette-guide réalisée à l’initiative du diocèse d’Arras avec divers partenaires pour parcourir la “Galerie du temps”, à la rencontre d’un “Dieu qui se révèle”. Dans le même élan, la plaquette présente “un homme qui se découvre”. Puissent les nombreux visiteurs et nous-mêmes y découvrir l’homme qui devient humain grâce aux œuvres d’art, mais aussi les expressions humaines comme chemins possibles vers Dieu. Peut-être alors, le mot abstrait qu’est le nom de Dieu deviendra-t-il plus personnel en la personne de Jésus-Christ et aurons-nous le désir de mieux le connaître par sa Parole et ses témoins. Comme le rappelle Benoit XVI, “la nouvelle évangélisation veille avec un soin particulier au dialogue avec les cultures dans la ferme confiance qu’elle trouvera en chacune d’elles les “semences du Verbe” dont parlaient les Pères” message du synode § 10.
Témoin attentif de la rencontre départementale de délégués de clubs ACE pour les voeux, le signataire de cet éditorial a été étonné de voir la plupart des clubs évoquer leur attention aux SDF, souhaitant que l’on trouve les moyens d’éradiquer la pauvreté… C’était leurs vœux, tout comme Benoît XVI, le premier janvier : “Les artisans de paix sont nombreux, disait-il mais il ne font pas de bruit !” A nous de savoir les entendre et les encourager.
Les religieuses évoquent les souffrances de bien des populations qu’elles fréquentent. En même temps elles reconnaissent leur souci du vivre-ensemble, de leur dignité, solidarité, fraternité. Avec elles, puissions-nous participer à cette force qui permet de croire toujours et contre tout, que l’amour du Christ est l’œuvre aujourd’hui.
Les conférences Saint de Paul, à leur manière, participent à l’effort de beaucoup pour soulager les miséreux du temps présent. Elles fêteront bientôt l’anniversaire de leur fondateur. Nous nous rappellerons que Frédéric Ozanam faisait partie des chrétiens attentifs aux problèmes sociaux de son temps. Il adopta, en matière sociale et politique, une attitude nettement plus radicale que certains de ses compagnons des conférences qu’il avait créées : “Enquêtes sur la classe ouvrière, revendications en faveur du droit au travail, comptes rendus de l'activité des sociétés ouvrières, etc.”
Abbé Emile Hennart