Devenir visage de l’amour du Père.

Edito Eglise d'Arras n°04

remise-croix-cierges-jpg-124978_9 remise-croix-cierges-jpg-124978_9   Voici que s’ouvre à nous le temps du carême. Parmi les catéchumènes qui seront baptisés à Pâques, certains ont mis sur leur agenda des croix devant les quinze derniers jours de mars, de façon à ce que ces jours-là soient réservés pour leur baptême, qu’ils ne soient pas distraits de l’évènement qui se prépare pour eux et leurs amis. Entrer dans la grande famille des enfants de Dieu n’est pas une petite affaire !

Le carême est pour chacun des baptisés un temps de préparation à la veillée pascale où il renouvellera les promesses du baptême, expression traditionnelle par laquelle l’Eglise sollicite les baptisés à se rappeler qu’ils ont été appelés par le Christ, incorporés pour devenir son Corps, appelés pour continuer la mission.
Se préparer à Pâques c’est entrer dans la marche du peuple nouveau, pour célébrer le Christ mort et ressuscité, comme l’ont rappelé les théologiens au milieu du siècle dernier, confortés en cela par la remise en valeur du triduum pascal et les introductions aux constitutions sur L’Eglise (Lumen Gentium ) et sur la Liturgie (Sacrosanctum concilium). La route est longue : quarante jours pour nous purifier et purifier notre regard sur Dieu et sur nos frères.
 
Chacun peut imaginer le travail de purification qui fut celui du prophète Elie. Il voulait arrêter le combat pour Dieu. Il lui demandait de mourir, car c’était devenu mission impossible, et voici qu’il parcourt un chemin de désert jusqu’à la montagne. Là il découvre un Dieu tout autre que ce qu’il croyait. Ce n’était pas le dieu de la tempête, du feu ou du tonnerre, comme pour Moïse au Sinaï. C’était un Dieu qu’il fallait écouter par delà le souffle d’une brise légère.
 
Lequel d’entre nous n’a-t-il pas souhaité que Dieu se manifeste avec puissance, qu’il extermine les hérétiques, les renégats et les sans loi ? Elie lui-même a dû purifier “l’idée qu’il se faisait” de Dieu. C’était 900 ans avant Jésus. Jésus est venu apporter un autre visage de Dieu, au point d’être rejeté à Nazareth, interpellé par Jean-Baptiste qui doutait de Lui, puis condamné comme blasphémateur. Ainsi est le Dieu de Jésus, celui qui va à la rencontre du publicain Matthieu, qui touche le lépreux, se laisse toucher par une femme chez Simon, pardonne à la femme adultère, etc. Jésus, visage qui annonce le pardon et non la condamnation, qui accueille les petits et les derniers avec autant d’empressement, sinon plus, que ceux qui recherchent les premières places et les honneurs sur la place publique. Nous n’aimons pas être devancés par des moins que nous : “publicains et prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu”, Mt 2, 31. Qui donc nous donne le droit d’accuser et de condamner ces gens-là, de leur faire la leçon ?
Pour continuer l’étude du Concile, le service de la Formation permanente nous propose une réflexion à propos de la liberté religieuse. En appuyant sa déclaration Dignitatis humanae sur la dignité de tout homme, l’Eglise invite chacun à dépasser ses habitude de penser selon le modèle “eux et nous”, pour acquérir le regard de Jésus et de Dieu notre père sur tout homme, même –et surtout– s’il est différent de nous. Le chemin du dialogue est donc bien long pour aller à la rencontre de l’autre dans sa vérité, sans vouloir lui imposer notre vérité. “Seigneur, tu parles à l'homme de bien des manières” !
 
Abbé Emile Hennart