Benoit XVI et François 1er Voici bien avancé le temps du carême. Ce dernier dimanche, le 10 mars, nous étions invités à méditer sur le don et le pardon avec la parabole du père, de son fils cadet et du fils aîné. Voici peu, au cours d’une conférence, quelques personnes faisaient remarquer que le Dieu de l’Ancien Testament était un Dieu vengeur, punisseur. C’est sans doute vrai, mais bien des prédications -ou notre somnolence- ont pu occulter l’image du Dieu de miséricorde. Par exemple, à propos de Caïn, un jeune disait : “Dieu lui redonne sa chance…” Relisons donc ce récit, en entier, en Genèse ch.4, nous y verrons que Dieu prend la défense de Caïn ; il promet qu’il s’occupera lui-même de toute personne qui ferait payer à Caïn son crime. Le livre d’Osée exprime la relation d’amour entre Dieu et son peuple. Isaïe souligne la miséricorde (Isaïe 41, 17) : “Les miséreux et les pauvres cherchent de l'eau, et rien ! Leur langue est desséchée par la soif. Moi, Yahvé, je les exaucerai, Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas.” Etc. La Bible est un tout dont nous extrayons quelques pièces détachées, selon nos humeurs ! Mieux vaut aller jusqu’à Jésus-Christ et sa Parole sur Dieu.
Il faudrait aussi relire en Matthieu l’histoire de ce jeune homme qui pose la question “que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? Alors que la lecture habituelle s’arrête au moment où le jeune homme s’éloigne tout triste, la suite du récit annonce la gratuité de l’amour de Dieu : “Obtenir la vie éternelle, aux hommes c’est impossible, mais rien n’est impossible à Dieu” (Matthieu 19, 16-26). St Jean commence le livre de la Passion par “Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres !”.
Plusieurs visages de Dieu cohabitent en notre mémoire. Il serait dommage d’oublier le visage révélé par Jésus et proclamé par l’Evangile. De quel visage de Dieu sommes-nous les témoins ? A quelques jours de l’élection d’un nouveau pape, relisons le dernier message du synode des évêques et de Benoit XVI. Il invite à prendre modèle sur la manière dont le Christ s’est rendu proche des gens : les relations, avec Pierre ou André, avec Zachée ou le centurion, avec l’aveugle, Marthe ou Marie. Tel est Dieu dans notre humanité. A chacun de continuer sur ce chemin.
Au moment où les catéchumènes vont recevoir les sacrements du baptême, de l’Eucharistie et de la confirmation, il faudrait leur demander quelle image de Dieu, de Jésus, de son Esprit les habite. Avec leurs équipes d’accompagnement, ils ont parcouru un chemin de rencontre du Christ ami des hommes, un chemin de purification et de clarification, un chemin de proximité. Chaque chrétien est aussi appelé à purifier son cœur, et à purifier son regard sur Dieu et Jésus qui s’est fait l’un de nous. Devenus amis de Jésus, gratuitement, par la grâce de Dieu, nous sommes alors envoyés porter la Bonne Nouvelle d’un “Dieu-avec-nous”.
Deux documents complètent ce numéro. Ils présentent la manière dont chacun peut se rendre proche des hommes et des femmes de notre temps : dans la proximité avec les malades, dans la proximité avec celles et ceux qui œuvrent pour une vie sociale où la dignité de chacun est mieux honorée, dans la participation à la vie associative ou communale. Un témoin expliquait : “la démocratie, cela a quelque chose à voir avec la pensée chrétienne, avec l’Evangile”. Le compendium de la doctrine sociale de l’Eglise le rappelle. De même Benoît XVI : L’action caritative est nécessaire, écrivait-il. Il précisait : “Union au Christ dans l’eucharistie et engagement social sont indissociable... Le mystère de l'Eucharistie nous rend aptes et nous pousse à un engagement courageux dans les structures de notre monde”. Sacramentum caritatis § 89-91).
Abbé Emile Hennart