Les merveilles de Dieu dans nos langues
Edito Eglise d'Arras n° 10
Nous entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu !
La pentecôte est, en quelque sorte, la fête anniversaire de l’ouverture de l’Eglise au monde, le moment où, au souffle de l’Esprit, les apôtres, Pierre en tête, osent proclamer que Jésus crucifié, Dieu l’a ressuscité. Le temps de l’Eglise est le temps de l’annonce à toutes les nations.
A la lecture de la finale de l’Evangile selon Matthieu, des chrétiens se sont récemment étonnés qu’on ne leur ait jamais dit (autrefois) qu’ils étaient responsables de l’annonce. “Dans ma jeunesse, dit l’une d’elle, on nous a appris à aller à la messe le dimanche, à faire ses pâques –et un peu plus-, mais jamais alors, nous nous sommes sentis concernés par cette appel à annoncer qui conclut l’Evangile : “Allez, de toutes les nations faites des disciples…”.
L’histoire de l’Eglise permet certainement d’expliquer ce sentiment. Depuis le temps où l’on avait tout confié aux clercs, les laïcs se sont retrouvés dans la position de simples assistants : on assiste à la messe, on assiste le prêtre, etc. Yves M.-J Congar introduisait “Jalons pour une théologie du laïcat” par une citation de 1914 : “La position du laïc dans notre Eglise…, première position, il se met genoux devant l’autel ; deuxième position : il est assis en face de la chaire et, ajoute un cardinal malicieux, on oublie une troisième position : il met la main à son porte-monnaie”.
Aux XIXè et début XXè siècles, on envoyait des missionnaires dans les pays de mission. Aujourd’hui on parlerait plutôt de coopération missionnaire. A partir du concile Vatican II, les Eglises, d’Europe en particulier, enverront des prêtres fidei donum. Ainsi Mgr Huyghe enverra plusieurs prêtres curés de paroisse, donnés pour la mission, comme l’abbé Michel Candas. On peut toujours regretter tel et tel épisode de l’histoire passée ou récente de notre Eglise. Constatons que de nombreux signes ont rapproché les chrétiens des Evangiles et de la mission, à commencer par la lecture assidue des Ecritures. La participation des laïcs à la vie de l’Eglise est aussi devenue une réalité dans les paroisses… excepté là où c’est encore refusé. Benoit XVI, en mai 2009, affirmait aux prêtres de son diocèse que les laïcs étaient coresponsables avec eux de l’être et de l’agir de l’Eglise. Il insistera à nouveau sur ce point en août 2012, lors du forum international de l’Action catholique.
Parmi les signes de cette Eglise des baptisés, désormais plus attentive à l’annonce de l’Evangile, on se souviendra du titre du Projet diocésain de catéchèse : “Allez, de toutes les nations faites des disciples”. Le récent synode des évêques à Rome avait pour thème la nouvelle évangélisation. Au cours des deux années qui ont précédé Diaconia 2013, les chrétiens des paroisses ont pu découvrir, grâce à la réalisation du livre des merveilles et des fragilités, que nous étions engagés sur le même chemin : du service du frère dans la diaconie, du service de Dieu dans la liturgie et au service de l’annonce. Pour reprendre les termes grecs de Benoît XVI : martyria, leitourgia, diakonia ; ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées l’une de l’autre. (Deus caritas est n°25)
Pour Mgr Jaeger, la lecture en continu des évangiles en maisons n’est pas une simple démarche spirituelle, c’est aussi une démarche missionnaire dans la mesure où chacun invite des amis, des voisins qui ne sont pas déjà rassemblés en communautés d’Eglise. Il s’agit de faire avec eux un bout de chemin à la rencontre du Jésus des Evangiles. Ce Jésus apparaît tout autre qu’un enseignement doctrinal reçu dans les manuels, car le Christ proclamé par Pierre n’est pas une doctrine, il devient un ami envoyé par Dieu, un frère qui invite à sa table pour le salut du monde entier.
Puisse le temps de Pentecôte être pour chacune de nos communautés une occasion de sortir dehors, sur les parvis, pour proclamer, baptiser, enseigner…
Bon fête de Pentecôte et bon anniversaire !
Abbé Emile Hennart