Pélerinage à Notre-Dame de Boulogne

Arrivée de la Vierge au port et grande procession.

La grande procession à Notre Dame de Boulogne – 24 et 25 août 2013

Elisabeth Bourgois - écrivain

 

Procession-006.jpg Procession-006.jpg   En l’an 636, la Vierge Marie choisit le petit port de pêche de Boulogne pour accoster sur la terre de France. Pourquoi ? Nul ne le sait. Mais depuis cette date, Boulogne est devenue historiquement le premier centre de pèlerinage de France, un lieu marquant pour l’histoire de France où depuis Louis XI en 1478, tous les Rois de France vinrent placer leur lourde charge sous la protection de Marie, un lieu où se multiplièrent les miracles, dont le plus extraordinaire est sans doute la ferveur que manifestent encore aujourd’hui les marins et le peuple de Boulogne.

 

Pendant 10 jours, une camionnette blanche tout à fait banale, a circulé dans le boulonnais. On aime imaginer la tête d’un douanier souhaitant contrôler son chargement et découvrant, sagement posée à l’arrière du véhicule, entourée de fleurs et sans ceinture de sécurité !  la statue de bois sombre de Marie. (sculptée dans un cèdre du Liban) A chaque « station » où elle était attendue, 6 hommes vêtus de la vareuse vieux rose habituelle aux marins, s’arc-boutaient pour la soulever et la déposer avec délicatesse face aux jeunes, adultes ou personnes âgés s’inclinant devant elle : au Portel, à Condette, à Wimille, Wimereux, au Carmel de Boulogne, dans des maisons de retraite.

 

 Le samedi 24 août, c’est sous un ciel  de plomb que la statue de Notre Dame  de Boulogne embarqua sur un chalutier, accompagnée d’une joyeuse escorte deSortiedansleport-005.jpg Sortiedansleport-005.jpg   bateaux de pêche Deux évêques : Monseigneur Ulrich et Monseigneur Jaeger, ainsi que le Doyen de Boulogne, le Père Frédéric Duminy étaient du voyage, affrontant avec sérénité les trombes d’eau qui tombaient du ciel.

 

Au milieu de la rade, les 12 chalutiers s’amarrèrent et moteurs éteints, l’un après l’autre, lancèrent au ciel par trois fois, le cri de leur sirène, en souvenir des marins qui continuent à offrir leur vie en mer chaque année. Tout en invoquant la protection de Marie, des fleurs furent lancées  sur les flots.

 

Dans le soir couchant, alors que « le ciel ému de tant de ferveur en pleurait » (Mgr Jaeger), la Vierge Marie débarqua du « Corentin Lucas », attendue au port par un millier de personnes.

 

Dimanche 25 août, ils furent enfin des milliers à participer à la Grande Procession en l’honneur de Notre Dame de Boulogne. De nombreuses personnes handicapées ou âgées, attendaient patiemment sur un bord de trottoir le passage du lourd « char du Grand retour », tiré par les marins… et de la basse ville à la cathédrale, cela grimpe sérieusement !

 

Etrange pèlerinage où tout semble s’arrêter… ne reste que l’essentiel inscrit depuis des siècles : l’Amour d’une femme qui a dit Oui à Dieu. A Boulogne-sur-mer, j’ai rencontré, sur les quais du port, deux adolescents : Rodolphe et Emilie, le visage dégoulinant de pluie, essayant de protéger les carnets de la Grande Procession qu’ils vendaient aux passants ; Marie-Rose, dans son fauteuil, qui attendait sagement emmitouflée, l’arrivée de la Vierge, parce que « Marie est celle que l’on prie quand quelque chose ne va pas » ; Bénédicte lourdement handicapée et ses parents, du quartier St Pierre, venant en voisins demander aide et protection à celle qui est toujours là ; un jeune prêtre, Emmanuel

Procession-054.jpg Procession-054.jpg  

Fontaine, rayonnant de bonheur sous la pluie du samedi soir, qui analyse cette ferveur constante  « car tout homme est en attente d’une forme de protection que la Vierge cristallise. Au calvaire des marins, où les plaques mortuaires continuent chaque année à être accrochées, Marie est la figure de la Mère souffrant au pied de la Croix, comme toutes les femmes qui perdent un être cher ». J’ai vu le Doyen Duminy qui connaît l’attachement important de nombre de boulonnais à la Vierge Marie et sait que ce moment fort du pèlerinage, prend aujourd’hui un tournant de renouvellement pour les chrétiens qui vivent au cœur d’une société en mutation profonde. J’ai vu des petites filles fièrement auréolées de « la coiffe soleil » des boulonnaises, des femmes aux costumes traditionnels noirs ou violets, des marins à la vareuse vieux rose, des touristes ouvrant des yeux étonnés devant ce cortège étrange, les jeunes un peu gênés, poursuivant avec force leur conversation futile. Des anglais, des africains, des polonais, des belges et tant d’autres, émus de cette marche de prière vers la cathédrale… et puis le grand Gérard, qui depuis 50 ans veille avec une armada de bénévoles, à la bonne marche du pèlerinage.

 

Ce week-end à Boulogne j’ai entendu les chants à Marie, lancés au ciel, non comme un appel au secours mais comme un cri d’espérance en un lâcher prise qui fait tant de bien.

 

 

PHOTOS TEKOA

Article publié par Communication doyenne de Boulogne s:Mer • Publié • 4118 visites