Le mot en vogue dans l’Eglise c’est l’annonce de l’Evangile : “L’Evangile pour tous j’y crois”, affirment les partenaires des Œuvres pontificales missionnaires, relayés par les animateurs de Terres Lointaines. C’est aussi le lancement des maisons d’Evangile sur Jean, qui affirmait son projet : “pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour que, en croyant vous ayez la vie en son nom”. Le Projet diocésain de catéchèse et d’évangélisation a été l’occasion de nombreuses formations décentralisées, avec présentation des modules. Le 13 octobre, les assemblées “Dimanche : Parole en fête” porteront, sur l’annonce de l’Evangile pour tous. L’affirmation “pour tous” est capitale pour notre méditation, tant nous avons été réservés et prudents hier, de par notre éducation sans doute, frileux aussi pour éviter d’être accusés d’atteinte à la laïcité… “Pour tous” veut bien dire “pour tous”… alors que faisons-nous ? Il ne s’agit pas de prosélytisme ; il s’agit de faire sentir, auprès de chacun, par nos actes autant que par nos paroles, qu’il est aimé de Dieu, que Jésus est venu pour lui, pour le sauver. C’était une insistance du pape François, en septembre dernier dans une célèbre interview aux revues des jésuites.
Il est évident que le souci premier du pape est de réveiller les consciences et les agirs des chrétiens sur les choses essentielles concernant la mission de l’Eglise. Son souci premier n’est pas la gestion d’une boutique administrative, ni l’exposition d’un catalogue de commandements à faire connaître. Il est de mettre en œuvre la mission de l’Eglise : faire connaître de quel amour Dieu nous a aimés, nous et chaque personne de la société. Qui sommes-nous pour juger X, Y ou Z, parce que son comportement ne correspondrait pas à celui que nous aurions aimé voir vécu de sa part !
Nous connaissons la parabole de la lampe mise sous le boisseau (Mt 5,15) ; comment voulez-vous qu’elle éclaire alentour ? De nombreuses revues et journaux mettent en lumière telle parole ou attitude du pape, que ce soit sur l’argent ou la solidarité, le célibat des prêtres, l’accueil des divorcés ou des personnes homosexuelles, que ce soit sa présence auprès des réfugiés de Lampedusa ou des précaires en Sardaigne. La nouvelle organisation de l’Eglise, avec la commission de huit cardinaux suscite la curiosité. Le fait même que des journaux, souvent silencieux sur les affaires religieuses, placent dans leurs colonnes qui un entrefilet, qui un article conséquent, manifeste que la parole de l’Eglise et la Parole de l’Evangile ont encore leur place dans les medias, surtout quand cela touche les gens dans ce qui fait leur condition existentielle.
Les lectures d’Amos entendues ces dernières semaines, l’appel à ce qu’il n’y ait plus de Lazare aux portails des demeures opulentes, c’est encore d’actualité, aujourd’hui comme au temps de Jésus. Ne disons plus que ce temps-là est dépassé… disons que l’aujourd’hui de Dieu se manifeste encore. Nous ne sommes plus au temps des dictatures d’Argentine ou du Brésil qui faisaient rayer des manuels de prière : “Il abaisse les puissants, Il élève les humbles.” L’annonce de l’Evangile, c’est oser dire : tu es proche du cœur de Dieu, qui que tu sois. Entre dans sa maison. A nous de discerner les évènements et de trouver les mots justes.
L’annonce de l’Evangile ne va pas sans la prière… Et le pape confesse sa manière de prier. Quand il est distrait, surtout en fin de journée, il se replace devant le Christ pour faire mémoire, devant Lui, des personnes rencontrées dans la journée, et de ce que le Seigneur a fait dans son Eglise, dans une paroisse. Cette manière de faire doit être suffisamment peu compliquée pour que nous soyons capables de la pratiquer, sans faire de stages d’éducation à la prière.
Concernant l’annonce, il faudrait encore citer le congrès mondial des catéchistes, à Rome, ou l’ordination d’un diacre en vue du ministère ordonné. “Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile”, disait saint Paul. C’est toujours d’actualité !
Abbé Emile Hennart