Voyage Pélé à Reims

Pélerinage à Reims le 29 septembre 2013

 

        Nous, pèlerins du dimanche, sommes partis aux premières lueurs de l'aube, ensommeillés, mais ponctuels.

         Après avoir laissé bercer nos derniers rêves pendant une petite heure par le vrombissement du moteur, nous récitâmes les Laudes. 

       Christophe et Isabelle, sous forme de quiz, éveillèrent ensuite définitivement nos neurones par une savoureuse mise en bouche du programme de la journée.

         Nous sommes donc arrivés à Reims munis déjà de quelques connaissances.

          Le chauffeur nous a déposés vers dix heures au pied de la somptueuse basilique Saint Rémi (dites Remi), où notre guide nous attendait.

Le savez-vous? Malgré ses 200 000 habitants, son prestigieux passé et sa richesse patrimoniale, Reims n'est qu'une sous-préfecture, à la faveur de Châlons qui ne compte que 40 000 âmes.

Notre guide, fier et passionné par sa ville, en semblait désolé. 

            Sagement assis aux premiers rangs de la nef, nous avons suivi l'histoire de la ville marquée de nombreux événements et péripéties, touchés particulièrement par l'évocation de Clovis et de sa douce épouse Clotilde qui l'avait conduit au baptême.

             La basilique, située à l'emplacement d'une ancienne nécropole, est un des chefs d'œuvre de l'art roman (seul le chœur a été remanié à l'époque gothique).

Tout ici porte au recueillement et à l'intériorité.

C'est à nos mêmes places que nous avons assisté à la messe dominicale, présidée par un jeune évêque camerounais de belle prestance dont l'homélie fut très instructive, mais aussi particulièrement touchante lorsqu'il évoqua sa grand-tante tout récemment décédée et qu'il nous dépeint comme une sainte femme du quotidien.

               Après la messe nous nous sommes rendus en bus au centre diocésain, où, installés autour du cloître, nous sommes revenus à des nourritures plus terrestres.

              C'est divisés en trois groupes (nous étions une bonne cinquantaine) que nous avons ensuite suivi la visite de la cathédrale Notre-Dame, l'un des plus purs joyaux du gothique flamboyant de notre belle France.

               Du flot d'informations, voici ce que j'ai personnellement retenu :

- La cathédrale a été plusieurs fois reconstruite au cours des siècles, toujours au même endroit, sur les décombres de la précédente. Elle a été si gravement endommagée au cours de la Première Guerre Mondiale que sa totale destruction avait été décidée. Il a fallu la ténacité, l'acharnement d'un architecte (dont j’ai oublié le nom) pour qu'elle soit finalement reconstruite à l'identique. Je dis bien à l'identique : ainsi les personnages des portails décapités sous la Terreur, n'ont pas retrouvé leur tête, car nous n'en avions pas le modèle.

- Différentes écoles de sculpture ont travaillé à cette cathédrale, chacune avec des caractéristiques différentes : l'école de Chartres par exemple privilégie la tête par rapport au corps, les personnages ont donc tous une grosse tête; l'école champenoise, elle, fait sourire les visages ...

- Les portails de la cathédrale peuvent vraiment se lire comme une immense BD, où, à une époque où le peuple ne savait pas lire, l'histoire de la Bible était représentée visuellement.

- Nous sommes passés à l'endroit exact où Clovis a été baptisé, même si les vestiges de la vaste piscine ne sont pas visibles.

- Dans le transept nous avons pu admirer le buffet d’orgue classique français qui abritait l’instrument sur lequel l’un des plus grands compositeurs de la fin du 17ème siècle français, Nicolas de Grigny, improvisait ou jouait ses œuvres.

- Nous nous sommes enfin arrêtés devant les vitraux de Chagall : ici tout semble en lévitation. Il se dégage de ces fresques de verre une impression de légèreté, de douceur, de paix. Nous sommes en apesanteur, ou déjà un peu plus près du paradis!

           Avec la visite de la maison de champagne Mumm vint ensuite la plongée dans les catacombes rémoises, entendez par là les galeries souterraines qui abritent les cuvées de champagne : 200 kilomètres de routes et travées (la Maison Mumm a même ses « Champs Elysées » à quelques dizaines de mètres sous terre), galeries à température et humidité constantes, où sont d’abord mélangés trois différents cépages que l’on laisse ensuite fermenter dans d’immense cuves.

Les bouteilles sont ensuite remplies, régulièrement secouées, puis reposent jusqu’à ce que le dépôt qui se forme puisse être mécaniquement enlevé. Pour une cuvée Prestige, le vin reste entreposé cinq ans dans les entrailles de Reims !

Le savez-vous ? Le champagne, vin effervescent, contrairement au vin dit

« tranquille », comme bien d’autres produits savoureux, aurait été inventé par un moine, Dom Pérignon ! Mais il y a là aussi contestation.

             Après dégustation et passage à la boutique, l’heure du retour ayant sonné, nous sommes remontés dans le bus. Fatigués ou grisés, le voyage fut calme et fervent, avec quelques chapelets entonnés par les enfants, non sans quelques lapsus et hésitations.

Le soleil à notre gauche avait entamé sa lente descente et nous eûmes le bonheur d’un ciel magnifique, chargé de nuages roses et mauves, que perçaient par endroits de larges rais de lumière.

Toute la beauté entrevue dans la journée ne pouvait égaler l’architecture magique de ce ciel, nous rappelant ainsi la magnificence première de la création.

              Enfin, il y eut en cette journée un miracle ! Le Père Jean-Marie, dont le porte-monnaie était vide et qui n’avait donc pu acheter de champagne, en a retrouvé une bouteille dans son sac à dos !

Nous avons donc maintenant une version champenoise des Noces de Cana !              Merci tout particulièrement à Christophe et Isabelle pour la préparation de cette belle journée.

Nous en garderons longtemps le souvenir, comme une belle parenthèse régénérante dans notre vie trop souvent trépidante.

                                                   Maryvonne Lombard

Article publié par Joseline Aubert - Délégué communication du Calaisis • Publié • 1078 visites