A la fin d’une année liturgique
Edito Eglise d'Arras 19-2013
Le dossier apporte le témoignage de Jean-Yves et Amandine. Il invite à découvrir comment d’autres pays vivent la solidarité avec des migrants. Ce fut l’expérience du voyage d’immersion en Thaïlande vécu avec vingt-trois jeunes, actifs au CCFD. Leur témoignage, partagé en divers lieux du diocèse, à amené leurs auditeurs à se décentrer des problèmes d’ici, certes bien réels en Pas-de-Calais, pour entendre les difficultés vécues là-bas. Faut-il rappeler que près de deux cents millions d’humains vivent en situation de déplacés ou d’émigrés hors de leur pays, et plus de sept cent millions déplacés dans leur propre pays (source : Cardinal Antonio Maria Vegliò, dans http://migrations.catholique.fr).
Il y a 2.000 ans, Joseph et Marie n’avaient pas trouvé de place à l’hôtellerie lorsqu’ils arrivèrent à Bethléem. Puissent aujourd’hui la féérie et la magie de Noël ne pas nous éloigner des réalités d’hier et d’aujourd’hui... surtout quand on n’est pas attendu et encore moins désiré. Prochainement aura lieu la 100ème journée mondiale du migrant. “On ne peut pas porter toute la misère du monde” est-il souvent répété, en oubliant la fin de la citation : “mais j’essaie de faire mon possible”.
Nous aurons bientôt quatre semaines d’avent pour nous préparer à accueillir le Seigneur, à proposer la paix à toute l’humanité. La Toussaint puis le 11 novembre nous ont rappelé que d’autres avant nous ont vécu et souhaité un avenir meilleur pour leur descendance … Il est permis d’espérer que la génération présente vive cette même attention envers les générations à venir. Voici déjà le dernier dimanche de l’année liturgique, fête du Christ, roi de l’univers. Peut-être avons-nous encore en mémoire l’immense statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro (cf. JMJ, juillet 2013). Elle fut érigée dans les années 1930, à la même époque où furent développées les fêtes du Christ Roi et de Marie Reine. C’était l’époque où le colonialisme triomphant pensait apporter la civilisation et le Christ au reste du monde. Depuis, -et l’histoire nous l’a rappelé encore récemment-, nous savons que ce n’est pas si simple.
La liturgie du 24 novembre nous invitera à méditer l’Evangile de saint Luc qui prêche un messie crucifié. “Celui-ci est le roi des Juifs” était-il écrit sur l’écriteau. Nous aurions aimé avoir l’image d’un dieu tout-puissant, et voici qu’il se présente comme tout fragile et même contesté et humilié, proche des petits et des pécheurs, critiqué même par ses disciples quand il parle à une femme de Samarie, incompris de Jean-Baptiste parce qu’il mange avec les publicains et les pécheurs, parce qu’il se refuse à condamner. L’image de Dieu que donnait Jésus ne correspond pas à l’idée que les gens de son temps s’en faisaient. Il fallu attendre Vatican II pour renouveler la lecture des Evangiles dans leur intégrité, pour chercher à comprendre.
Comme Jésus, Jean XXIII s’était refusé à toute condamnation. Et le pape François : n’y a-t-il pas aujourd’hui des âmes bien nées qui reprochent au pape d’avoir lavé et embrassé le pied d’une musulmane le jeudi-saint ? Jésus s’est fait serviteur, proche des pauvres. N’est-ce pas dans le même esprit que Mgr Pontier a ouvert la dernière Assemblée des évêques de France, quand il invitait à nous décentrer pour “partir des plus pauvres, des petits, des affligés”, pour continuer le service inauguré par le Christ ?
Avec le concile Vatican II, avec Paul VI nous avons aussi appris à prier comme et avec Marie : “Je suis la servante du Seigneur”. (Lumen Gentium 56 et 61). Puissions-nous donc porter devant le Seigneur les joies et les peines de cette année et, avec Lui, rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous a été donné de vivre avec et pour nos frères : les actes solidaires, les ‘Dimanche : Parole en fête’, la semaine des missions, le rassemblement Terres lointaines ; l’accueil de deux prêtres camerounais, la rencontre œcuménique à Canterbury sur la diaconie dans les Eglises etc.
Abbé Emile Hennart