L’Evangile comme une Bonne Nouvelle

Edito - Eglise d'Arras n°04

Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ! Ces paroles ont longtemps résonné dans nos cœurs et sous les voûtes des églises du diocèse. Le 10 octobre 2010, Mgr Jaeger remettait aux catéchistes et à tous les chrétiens du diocèse le : “Projet diocésain de catéchèse”, titre bientôt complété : “projet diocésain de catéchèse et d’évangélisation”. Associer les deux mots catéchèse et évangélisation, permettait de dépasser l’image d’une catéchèse-enseignement comme c’était le cas autrefois, de même que l’idée d’une catéchèse “pour les enfants”. Il s’agit de : “catéchèse à tous les âges de la vie”. Aujourd’hui, des catéchumènes demandent le baptême pour Pâques.

 

Le Projet diocésain se voulait mise en œuvre du Texte National pour l’Orientation de la catéchèse en France, publié par la Conférence des évêques de France en 2005. “L’orientation nouvelle pour la catéchèse en France s’appuie sur une communauté qui dit sa foi”. Selon les lieux, les mentalités, la transmission de l’héritage, le document a été diversement accueilli. Outre la difficulté de devoir se renouveler, -ce que beaucoup ont accepté-, des réticences sont apparues pour d’autres motifs, dont le premier était une question : “que devient l’enseignement structuré ?”

 

Il n’est pas interdit de se rappeler que le même type de questionnements s’est élevé à propos des réformes de l’enseignement dans les écoles, qu’elles soient publiques ou privées. Ici et là, on affirmait que la transmission des valeurs était en danger ! Et ce n’était pas seulement un conflit de génération. C’était aussi l’appel à un retour au passé, avec le slogan : “Avant, c’était mieux !”

 

De nombreuses célébrations “Dimanche : Parole en fête”, ou “Graines de Parole” pour les plus petits ont vu de nombreux participants, dont un certain nombre n’étaient pas familiers de la messe dominicale. Pour les animateurs, il se passe quelque chose quand on organise une assemblée qui s’adresse aux parents et aux enfants ensemble… Il se passe quelque chose d’abord dans la tête et le cœur de ceux qui préparent, invitent, relancent. Il aurait été si simple de suivre le rituel prévu ! Or, ces célébrations deviennent lieux de proclamation de la Bonne Nouvelle, parfois même lieux de première annonce. Les paroissiens qui accueillent des inscriptions au baptême, au catéchisme ou au mariage constatent combien sont éloignés de l’Evangile ceux qui s’adressent à l’Eglise. Même le pape François appelait à ne pas élever devant eux des douanes pastorales, eux qui viennent des périphéries de notre culture chrétienne.

 

L’Evangile est fait pour être proclamé. Tous (ou presque), nous en sommes convaincus et nous en avons la responsabilité. Depuis le pontificat de Jean-Paul II, l’Eglise s’interroge sur le modèle d’évangélisation qui convient pour aujourd’hui : forme attestataire, forme dialogale, témoignage en proximité, silence des germinations, télévangélisation tonitruante… La réflexion mise en chantier par l’Eglise de France depuis 1996 mérite d’être reprise à la lumière des récents développements : le message du synode, l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium.

 

Ces documents invitent à commencer par notre propre évangélisation, en méditant sur Jésus qui s’assied auprès de la Samaritaine, en regardant comment cela se passe dans la rencontre entre Jésus, les hommes et les femmes de son temps, avant de proposer non pas un enseignement, mais la rencontre avec Jésus sauveur du monde. Le long dialogue de Jésus avec la Samaritaine et les Samaritains, la présence des disciples qui ne comprennent rien à l’attitude de leur maître, sont autant d’invitations à nous laisser guider par l’Evangile de la rencontre. Chacun peut se rappeler les rencontres de Jésus avec les siens et rien n’empêche de relire ces textes de l’Evangile. Allons puiser à la source et, comme la Samaritaine, courrons porter cette eau à nos compatriotes : Bonne Nouvelle de Jésus…

 

Abbé Emile Hennart