Au souffle de l’Esprit saint

Edito Eglise d'Arras n° 12

 

pentecote.jpg pentecote.jpg  L’évènement Pentecôte vécu par les douze apôtres peut apparaître comme tout petit, au regard de l’extension de l’Eglise au cours du premier siècle, puis des deux millénaires. C’est la méditation de Luc qui donnait déjà, a posteriori, sa signification “jusqu’aux extrémités de la terre ». L’évènement de Pentecôte à Rome ce 8 juin 2014 n’a pas encore produit tous les fruits qu’on en attend. Mais on peut espérer. Si la paix est un don de Dieu, elle attend des mains qui s’ouvrent, se tendent et se serrent. Puisse la rencontre du pape et des deux présidents, palestinien et israélien, ne pas demeurer une image symbolique. Tous les hommes de bonne volonté étaient invités à participer d’une manière ou d’une autre à ce temps peu ordinaire dans les jardins du Vatican. Vous pourrez retrouver la prière proposée par Pax Christi à l’intérieur de ce numéro.

 

A l’occasion de la fête de Pentecôte, les animateurs du synode provincial avaient demandé de poser un geste signifiant l’ouverture de l’Eglise hors les murs. Geste d’un jour, espérant des gestes pour chaque jour. La théologie la plus classique affirme que l’Eglise est issue de la Trinité, reconnaissant que le Dieu trinitaire n’est pas resté enfermé sur lui-même mais a voulu, de toute éternité, associer les humains à sa vie. Les pères du concile le redisent dès le premier chapitre de Lumen Gentium. A l’image de Dieu-Père, les croyants sont invités à manifester leur souci du proche, qu’il soit prochain ou lointain. La dimension de la Pentecôte est souvent exprimée par un “aller vers…”

 

Le trésor inestimable de l’Eglise est avant tout Jésus-Christ donné par le Père et que l’Esprit-saint aide à comprendre et à vivre. Le synode sur la nouvelle évangélisation invitait à prendre le temps de lire et de méditer la vie de Jésus telle que les Evangélistes nous en parlent, afin de vivre selon l’Esprit de Jésus, non pas retirés du monde et des affaires, mais proches des hommes et des femmes de notre temps. Certaines générations se sont éloignées de la lecture des Evangiles, préférant les récits, parfois légendaires, des vies de saints, des anges ou même de la Vierge Marie, donnant plus de place à Jacques de Voragine qu’aux évangélistes. A plusieurs reprises Benoit XVI a rappelé l’importance de s’attacher aux règles définies par l’Eglise pour mieux approcher l’esprit des écrivains sacrés, (discours aux Bernardins en 2008, exhortation apostolique Verbum Domini ou ‘L’interprétation de la Bible dans l’Eglise’ (1993). Sans être férus de ces outils, les lecteurs en maisons d’Evangile progressent dans la lecture des Evangiles en groupe. Ainsi l’Ecriture devient inspirante pour leur vie de croyants d’aujourd’hui.

 

Au cours de ce mois de juin, bien des animateurs en catéchèse développent une intense activité en vue des fêtes de fin d’année, des professions de foi, etc. Ils sont animés du profond souci que les jeunes générations gardent active la foi qu’ils ont reçue de leurs parents. Qu’ils se rassurent si la moisson ne suit pas de près le temps des semailles : les évangiles sont très discrets sur les activités de Jésus entre sa douzième et sa trentième année, non qu’il ne se soit rien passé. Tout comme pour les apôtres entre le jour de Pâques et celui de Pentecôte, il y eut un certain temps de mûrissement, dont l’Esprit n’était pas absent.

 

Il revient aux chrétiens, rassemblés ou éparpillés de porter témoignage. Un geste, une parole, une attention. Sans doute y aura-t-il des propositions de marches, de célébrations, mais aussi des initiatives au service du frère, qu’il soit étranger ou pauvre, lointain ou résidant auprès de chez nous. Au moment de partager le pain, le Christ regardait la foule qui l’entourait : elle était comme des brebis qui n’ont pas de berger (Matthieu 9,36). A nous de continuer sur les pas du Christ.

Abbé Emile Hennart