Précarités et Eglise.

Assemblée des animateurs à Aire sur la Lys

Fin mai, les animateurs de groupes précarités étaient réunis, une journée entière, autour de Mgr Jaeger. Avec pique-nique sous le soleil. C’était l’occasion de faire le point sur la diversité des situations et la manière, pour l’Eglise d’être présente auprès des nombreuses personnes marquées par la fragilité, la précarité. C’était aussi pour l’Eglise l’occasion d’entendre ce qui est dit d’elle et de ses habitudes quand la parole est donnée à celles et ceux qui sont loin d’elle.

 

Précarités et Eglise. Précarités et Eglise.  Pour Mgr Jaeger, il y avait là humblement des chrétiens qui font ce que le Christ leur demande. C’était pour lui l’occasion de rappeler aux groupes présents, comme à l’ensemble de l’Eglise diocésaine, que “les chrétiens sont présents dans des lieux différents pour être présents à tous. Le Christ n’est pas entré dans une cathédrale, et la plus grande partie de la vie de Jésus s’est passée hors les murs…”

 

Participants et contenu de la rencontre.

Au risque d’en oublier l’un ou l’autre, étaient représentés : le Secours catholique, l’Arche, la pastorale des migrants, des associations d’aide aux sans-abri, des personnes en proximité avec les détenus, avec les malades, CMR, ACO, Saint Vincent de Paul, Pierre d’angle, etc.

Les participants avaient réalisé un travail préparatoire avec leur association ou groupe. Ce fut le premier temps d’expression. A partir de ces expressions, un Brainstorming autour des mots fraternité et Eglise était proposé. Le document ci-dessous ne peut exprimer toute la richesse des apports ni leurs différences. Le document source peut être consulté auprès de Mr Stéphane Leleu, au bureau de l’Apostolat des laïcs. Les quelques paragraphes retenus peuvent nous solliciter notre intérêt. Cette journée est portée par le souhait de donner une suite  Diaconia.

 

Monde de la santé. Il est caractérisé par le va et vient entre les gens isolés ou malades et la communauté chrétienne : visite et support papier… L’intervenante insistait pour que chacun ait connaissance de la vie de l’autre.  Par exemple, appel à l’attention des animateurs de messe et des communautés pour que les personnes handicapés soient prises en compte, que les messes soient plus dynamiques et festives. Développer les groupes de partage, penser à la disposition des chaises, développer une réciprocité des partages, une Eglise qui soit moins centrée sur elle-même, apte à rejoindre d’autres associations de solidarité que la catholique. Développer le sens de la réciprocité, c’est-à-dire que ce ne soit pas seulement un “aller vers” à sens unique.

 

Thème « fraternité »

Les ateliers de préparation étaient invités à s’exprimer sur le thème de la fraternité, vécue ou souhaitée. Quelques  expressions au milieu de bien d’autres sont ici retenues, par exemple : l’accueil, le partage en groupe et l’écoute ; l’attention aux réalités de la vie et leur expression ; les questions autour du jugement et du respect des personnes. Le souhait de temps de prière commune avec d’autres religions. Faire que les personnes en fragilité découvrent l’Eglise y trouve leur (une) place. La prise en compte des personnes exclues (divorcés, homosexuels…). Une parole pour dénoncer les injustices

 

L’atelier ‘les gens de la rue’ précise : les écarts sont trop énormes. Aujourd’hui, il y a le riche et le très pauvre. C’est une chance de côtoyer des gens de la rue. Certains ont choisi, d’autres se débrouillent par eux-mêmes… Relever et ne pas enfoncer. Il ne faut pas être utopique. Il faut être correct, humble, entier. Des SDF appellent pour qu’on dialogue avec eux, pour qu’ils ne restent pas dans l’invisible.

 

Thème “Fragilités et Eglise.

Sur ce thème, de nombreuses fois est revenu le sujet des liens entre personnes en fragilité et Eglise, avec de nombreux souhaits. Souhaits “d’une Église plus fraternelle où chacun à sa place et se sent à l’aise, et d’abord les plus petits ; d’être bien dans l’Église, sans être jugés”. “L’Église n’est pas d’abord une structure. Elle est là où se vit un vrai partage fraternel”. Il me semble que l’Église est trop centrée sur elle-même… Il y aurait beaucoup à gagner à tisser une fraternité active avec les associations (les acteurs de la solidarité)…

L’Église est la force de la fraternité qui vient du cœur, et non d’une solidarité qui dépend des financements publics…

 

Parmi les nombreux textes présentés, en voici deux

  1. Notra aetate, sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes. (Vatican II). La fraternité universelle excluant toute discrimination :

“Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l'image de Dieu. La relation de l'homme à Dieu le Père et la relation de l'homme à ses frères humains sont tellement liés que l'Ecriture dit : "Qui n'aime pas ne connaît pas Dieu" 1Jn 4,8. 

Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent. N° 5

 

  1. Méditation sur les Actes des Apôtres ch. 2 :

“La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme”.

Touchés par Jésus, des hommes et des femmes se relèvent ; malades, pécheurs, laissés pour compte reprennent gout à la vie ; avec lui, les barrières tombent les étrangers se sentent chez eux. Ils mangent ensemble, se nourrissent de lui. Jésus donne les signes qu’une Nouvelle Alliance a été conclue entre Dieu et les hommes : un Nouveau Testament…

Appelée à se convertir, l’Eglise ne sera jamais qu’un peuple, certes rassemblé par son Seigneur, mais partagé entre la foi et l’incroyance, la générosité de l’amour et la pesanteur de égoïsmes. Elle occupe pourtant une lace unique dans l’histoire de l’humanité : Jésus l’a voulue pour rassembler tous les enfants de Dieu dispersés. Elle a donc à construire avec tous, et en premier avec ceux qui semblent ne rien avoir à offrir, les plus démunis, avec ceux que l’Evangile appelle les derniers.

 

 

Il n’y a pas de conclusion pour cette journée, sauf la joie du partage et de la rencontre. Occasion de se connaître, souhaits que les personnes en fragilités aient leur place dans la société et l’Eglise. Chacun a apporté sa pierre, relevé les richesses et les difficultés de son groupe d’appartenance : “Nous avons tous des centres d’intérêt différents mais nous sommes tous pétris d’une nouvelle forme d’Église”. En rappelant que “La plus grande partie de la vie de Jésus s’est passée hors les murs”, Mgr Jaeger donnait-il une orientation pour l’activité des chrétiens du diocèse ?

 

E.H.

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