Le cœur et l’esprit au service de l’annonce
Église d'Arras n°14
Dans un des nombreux messages adressés aux chrétiens rassemblés à Rome fin août, le pape François a exhorté les catholiques à “ne pas vivre hors du monde” et à “aimer la réalité”. Cette spiritualité qui nous rend amants de la réalité est à entretenir en nous alors que la culture dominante met au premier plan l’apparence, tout ce qui est superficiel et provisoire. Notre regard et notre action doivent être fixés sur l’essentiel afin que le message chrétien ne soit pas identifié avec “des aspects secondaires qui n’expriment pas le cœur” de l’Évangile.
De nombreux évènements douloureux ont été portés à notre connaissance cet été. En Irak, la proclamation du califat islamique et sa mise en œuvre, avec une cruauté que l’on ne peut imaginer. En Ukraine, une autre guerre s’est développée, dont nous recevons des échos par bribes, où l’art de communiquer devient une stratégie du mensonge, de part et d’autre. Plusieurs crashs d’avion ont fait des centaines de victimes… Les évêques ont demandé de prier pour toutes ces populations le jour de l’Assomption, les autres jours aussi.
A nos portes, à Calais et dans la région, des migrants tentent désespérément un passage vers l’Angleterre : Erythréens, Somaliens mais aussi, en moins grand nombre, Afghans, Irakiens, Syriens. Le chiffre de 1.000 à 1500 réfugiés est avancé. Des associations tentent de leur venir en aide, alors que des compagnies de CRS sont déployées pour les pourchasser, les éloigner quelques jours. La voix du Secours catholique a été relayée par Mgr Jaeger en juin. Des bénévoles tentent de leur venir en aide ; quelques journalistes se sont arrêtés, le temps d’un reportage sur leurs conditions de survie, sur l’origine de leur fuite, l’aide de leur famille, les manœuvres des passeurs… Cela fait douze ans que la situation existe et empire. Faut-il recréer un nouvel espace comme à Sangatte ? N’y a-t-il pas à favoriser les concertations et prises de décision entre nations concernées, en particulier en Europe ? Heureux ceux qui persévèrent malgré l’usure.
La visite du pape en Corée à orienté notre regard vers des Eglises d’Asie dont on parle peu. Le drame du Sewol, avec plus de 300 lycéens décédés, a été rappelé. En juin, le père Emmanuel Kermoal, missionnaire à Séoul, de passage à Arras avec quelques responsables ACE, avait discrètement évoqué le système économique et ses disfonctionnements parmi les causes du naufrage. Le pape François les a évoquées et rappelé les nécessaires modifications des structures économiques qui ne servent pas l’homme. Au cours de son voyage, le pape s’est réjoui du développement des communautés chrétiennes.
Fin mai, dans la continuité de Diaconia, des chrétiens partageaient la manière dont ils étaient confrontés aux fragilités d’hommes, de femmes et d’enfants dans notre diocèse. Une place plus grande est accordée aux pauvres, dans l’acte de croire, d’espérer, d’aimer. Ce sera le dossier de ce numéro. Peut-être y a-t-il encore un secret espoir de voir des choix et des actions transformatrices aboutir.
Nous voici donc en cette première semaine de septembre avec la reprise de bien des activités. Cela oriente notre regard vers ce qui est à venir et vers les lieux à investir. La rentrée des classes, le retour au travail pour ceux qui ont gardé leur emploi… la recherche d’un avenir pour de nouvelles générations… : nous avons à porter ces personnes dans notre prière, à offrir leurs existences avec le Christ Sauveur. Nous avons à les aimer, comme le rappelait le pape François. Nous avons aussi à être présents à leurs recherches, car il dépend de nous qu’elles se sentent aimées par un Dieu qui se rend proche d’elles. A nous de discerner les chemins par lesquels rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile. Puissions-nous vivre dans cet esprit nos responsabilités de paroisse, mouvement ou service.
Abbé Emile Hennart.