L’intelligence de la foi.

Eglise d'Arras n°16

A quelques jours de distance s’ouvrent deux importantes assemblées d’Eglise. C’est d’abord le synode sur la famille à Rome, du 5 au 19 octobre, c’est ensuite, le synode provincial (3ème session), pour notre région, les 11-12 octobre. L’un et l’autre soulèvent une forte attente de la part des catholiques. Faut-il parler d’ouverture et d’espoir à leur propos ? Des positions très diverses, certaines même opposées ont été exprimées, que ce soit par des laïcs que ce soit par des évêques et des cardinaux. Les synodes ne sont pas des assemblées de conciliation, mais des moments favorables où l’Eglise cherche à discerner les voies les meilleures pour que soit découvert l’amour miséricordieux de Dieu, aussi bien par les catholiques que par les hommes qui cherchent un chemin de vie, dans un monde déchiré. Nous croyons que la voix de l’Evangile peut proposer ce chemin, et nous sommes responsables de cette voix.

 

Un récent livre de sociologie publie les études de Yann Raison du Cleuziou. Son classement du paysage chrétien en catégories fait apparaître des points de vue inconciliables. Entre les irréductibles d’un bord comme de l’autre, les blessés de l’institution dont bon nombre ont pris leur distance et ceux qui demeurent optimistes pour œuvrer au sein de l’Eglise, y a-t-il conciliations possibles ? En rester à ce constat, ce serait mécontenter tout le monde et entretenir bien des aigreurs. Pour que les assemblées chrétiennes puissent se parler, il faut entendre la source, l’Evangile, où Jésus envoie ses disciples au monde entier, où les apôtres annoncent la Bonne Nouvelle à chacun dans sa langue pour que tous puissent chanter les merveilles de Dieu, chacun dans sa propre langue.

 

Saint Paul a su interroger les Corinthiens enfermés chacun dans un parti, qui celui de Paul, qui celui de Pierre, qui celui d’Apollos : ne sommes-nous pas au service du même Seigneur Jésus ? Il est utile ici d’admirer les catéchistes et responsables de communautés qui cherchent à offrir un temps de catéchèse dans la diversité des situations qui est la leur. Le mardi ou le jeudi en soirée, le mercredi après-midi ou le samedi matin : qu’importe pourvu que Jésus puisse être entendu, connu et reconnu, le Jésus tel qu’en ont témoigné les évangélistes : un Dieu qui se rend proche de l’homme. Le récent congrès mondial d’exégèse au Vatican a été l’occasion de rappeler l’exigence de formation pour lire, et de lire juste, ces textes vieux de 2.000 ans : un effort d’exégèse est indispensable. Le cardinal Ratzinger et la commission biblique pontificale l’avaient déjà rappelé en 1993. Heureux qui prend le temps de lire et comprendre ce qui a été écrit par les premiers témoins, heureux ceux qui, aujourd’hui, continuent à enseigner et témoigner dans leur quotidien que Jésus est quelqu’un pour eux.

 

Ici et là des querelles d’école font se lever les uns contre les autres… Peut-on encore enseigner le catéchisme comme on le faisait dans la jeunesse de Jean-Marie Vianney, avec le catéchisme impérial ? Faut-il reprendre les méthodes de Pie X ou le catéchisme diocésain de 1948 ? Les évêques de France, après de nombreuses consultations ont proposé une Orientation pour la catéchèse en France… pourquoi chacun choisirait-il son orientation pour son clocher, transformant l’Eglise diocésaine en un “chacun pour soi” ?

 

La conférence commune de Mgr Jaeger et de Monsieur Coutel incitait à réfléchir sur la nécessaire intelligence du cœur et de la raison : être croyant hier et aujourd'hui. S’agit-il seulement de développer de nouvelles techniques pour faire, précisant le comment faire ? N’est-il pas temps de s’interroger sur les pourquoi et les fondements des affirmations, nouvelles et anciennes, que proclame notre foi ? C’est peut-être faute d’avoir su nous expliquer sur les raisons du croire que beaucoup de contemporains se sont éloignés de l’Eglise.

 

Il faudrait aussi évoquer le courage et la persévérance de ceux qui aident les réfugiés, d’où qu’ils soient, quelle que doit leur religion. La place manque aussi pour questionner les défenseurs d’un dieu qui prônerait le meurtre et l’exclusion… Apprenons à discerner, pour témoigner du visage de Jésus-Christ et de son Père.

 

Abbé Emile Hennart