Préparez le chemin du Seigneur.
Edito n°19
Dans quelques jours commencera une nouvelle année liturgique. L’évangile selon Marc servira de fil conducteur. Marc, le premier des évangélistes commence son témoignage avec le mot “Bonne Nouvelle”, évangile, concernant Jésus, Christ, Fils de Dieu. Pour être sûr d’être bien compris, Marc reprend son affirmation, quelques lignes plus loin avec les premières paroles de Jésus : Le Règne de Dieu s’est approché, convertissez-vous et croyez en cette Bonne Nouvelle. La Bonne nouvelle, c’est que Dieu veut se rendre proche.
Les disciples d’aujourd’hui sont donc chargés de porter à leur tour cette Bonne Nouvelle : Dieu s’est rendu proche. Ainsi c’est une question posée à chacun de nous sur notre fidélité au message de Jésus : de quoi sommes-nous les témoins, les annonciateurs, sinon d’un Dieu qui désire se rendre proche de l’humanité, des petites gens en particulier, des pauvres, des pécheurs et des exclus. Marc commence son Evangile, chapitres 1 à 3, par rendre compte des premières rencontres de Jésus avec des malades, lépreux, paralysé à qui il annonce le pardon et la guérison. Ce ne sont pas des discours, ni des célébrations dans le Temple, ce sont des gestes de proximité.
La question sur notre propre témoignage se pose à nous d’autant plus que, à nouveau, des courants de pensée invitent à dresser des murs entre les purs et les pécheurs, comme au temps des scribes et des pharisiens. Au nom de quoi, au nom de qui les disciples du Christ seraient-ils autorisés à signifier aux gens alentour, qu’ils sont des pécheurs, voire des mal-aimés de Dieu. Au nom de quoi la parole de l’Eglise devrait-elle redevenir parole de condamnation ?
Durant le pèlerinage diocésain en Terre sainte, les pèlerins ont pu méditer les Evangiles, sur les lieux même où Jésus est passé. Pendant ce temps, leurs familles avaient écho des tensions et attentats en Israël. Pourtant les pèlerins ont pu voir sur l’esplanade des mosquées, sur le lieu de la discorde entre religions, une délégation de responsables chrétiens venus en visite d’amitié auprès des responsables musulmans : c’était le patriarche latin de Jérusalem, délégation de trois évêques, c’était aussi des délégués coptes, orthodoxes, arméniens. Cette “Bonne Nouvelle” du dialogue n’a pas fait la une des journaux parus en France. Pourtant, c’était une rencontre œcuménique et interreligieuse digne de publicité. Mais les gestes de paix ne font pas de bruit, contrairement aux appels à la guerre. Amour et vérité se rencontrent ; justice et paix s’embrassent. Nous avons été témoin de ces petits pas à la rencontre les uns des autres.
Ce même jour, 11 novembre, les chrétiens en France étaient invités à prier pour la paix, pour le jour anniversaire de la guerre 14-18. Tous sont appelés à prier, appelés à poser des paroles et des gestes de paix. Ne laissons pas l’Esprit saint seul à faire que les hommes s’entendent. Le temps de l’avent sera jalonné d’appels à la prière pour la paix, soutenus par Pax Christi ou Justice et Paix. Nous pouvons relire les messages des papes pour le 1er janvier : pour que vienne la paix, il faut vouloir la justice et le développement des peuples.
De nombreuses propositions sont faites pour vivre le rapprochement, la réconciliation. Plutôt que de colporter de mauvaises nouvelles n’y a-t-il pas à répercuter dès à présent les bonnes nouvelles où les hommes s’entendent et font ensemble une partie du chemin ?
C’est chez nous qu’il nous faut agir, porter la Bonne Nouvelle. Au cours de sa visite pastorale en Calaisis, Mgr Jaeger a pu rencontrer des bénévoles au service des réfugiés, des émigrés. Il y en a aussi en Morinie, au Pays de la Lys et ailleurs… c’est ainsi que se prépare la venue du Seigneur : préparez le chemin du Seigneur : que tout ravin soit comblé, que toute montagne ou colline soit abaissée. Alors se révèlera le passage du Seigneur. Puisse cette année liturgique porter un fruit agréable devant le Seigneur
Abbé Emile Hennart