FAQ08 section 8 Jean 9

La guérison de l'aveugle, échange avec les pharisiens

L'aveugle-né

Résumé

Siloé Siloé  Le chapitre 9 de saint Jean est appelé évangile de l'Aveugle-né. On remarquera qu'il commence et se termine par la question du péché: qui a péché? Qui est pécheur? On ramarquera aussi que Jésus n'intervient pas dans le débat (à la différence du ch. 5). Ici, c'est l'aveugle guéri qui prend la défense de Jésus et de manière de plus en plus énergique. A Jésus qui  le rejoint par la suite, il dit "Je crois", tandis que les pharisiens qui savent, eux, ils refusent d'accorder le moindre crédit à cet homme Jésus dont on ne connait rien.  lire la fiche Jean 8

 

Lire le commentaire de l'Evangile du 4ème dimanche de carême

 

Pourquoi à la piscine de Siloé ?

Tout comme pour Bezatha le mot ‘piscine’ est impropre. La piscine de Bezatha est une très grande réserve d’eau pour les besoins d’entretien et de culte au Temple, c’est à 300mètres de l’esplanade du Temple (aujourd'hui église sainte Anne). La piscine dite de Siloé est un “bac à eau, un déversoir” à l’endroit où se déverse l’eau provenant d’une source. (Voir photo de la page ci-dessus,  qui montre cette arrivée d’eau encore visible aujourd’hui.  A Jérusalem piton rocheux et sec, il y a très peu d’eau. Ce lieu est très fréquenté. Au temps de Jésus, une procession remontait de l’eau de ce lieu jusqu’au Temple, autel des sacrifices, manière de rendre grâce à Dieu pour le don de la Vie (l’eau) et pour le prier qu’il accorde toujours cette eau qui vivifie à son peuple. Envoyer l’aveugle à ce lieu est une manière de l’inviter à rendre grâce à Dieu qui donne la vie (la guérison) en abondance.

 

Il y a plusieurs fois un questionnement sur la guérison, mais l’essentiel est que plusieurs fois de suite, l’aveugle répond et de manière de plus en plus précise : c’est un homme qui… il vient de Dieu… jusqu’à répondre à la question crois-tu au fils de l’homme…. Je crois. La manière de raconter est une invitation à découvrir la réponse progressive, et non totale et immédiate de l’aveugle envers Jésus, chemin de catéchumène pourrait-on dire.

 

Jésus n’est pas avec lui car la discussion continue entre Jésus ses amis et ses opposants, avec  “vous êtes des aveugles”, puis la parabole de la bergerie. On comprend mieux qui sont les mauvais bergers (les pharisiens) dans le dialogue où Jésus affirme qu’il faut passer par lui, la porte, pour entrer en grâce auprès de Dieu son Père. C’est la preuve que les chapitres 10 et 11 vont ensemble, sont à lire ensemble.

 

Les pharisiens disent "nous savons"... quoi ?

 

“Nous savons” Pourquoi les pharisiens disent : Rends Gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un pécheur. C’est une phrase au milieu d’un long débat où les pharisiens laissent entendre qu’ils savent tout, et que l’aveugle est un moins que rien. Excédés par l’attitude de l’aveugle guéri qui leur tient tête, ils en arrivent à un argument d’autorité : “Nous savons !”. C’est cette phrase qui signe leur condamnation puisque Jésus, quelques lignes plus loin les accuse d’être et de rester dans le péché (fin du chapitre 9) puisqu’ils s’estiment sans péchés… On trouve semblable attitude de sentiment de supériorité dans l’évangile de Luc 18, 10-14 : le pharisien et le publicain :  “Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain”.

 

Si vous étiez des aveugles, vous n'auriez pas de péché!

Ces quelques mots sont à replacer dans l'ensemble du chapitre. En effet, les quelques lignes qui terminent le chapitre 9, sur l’aveugle-né sont comme une mise en garde à l’adresse des scribes et pharisiens. Combien de fois ne se sont-ils pas précédemment opposés à Jésus, lui opposant leurs connaissances et règlementations face à Jésus qui guérit, qui approte la lumière… même le jour du sabbat (ch 5) ou qui invite à une nouvelle naissance (ch 3).

Au cours de ce ch.9, nous avons pu mesurer cette opposition frontale qui s’exprime par “Nous savons, nous... !” : "Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d'où il est” 9, 28. Quelques lignes auparavant ils avaient dit à l’aveugle : “Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur”

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On a envie de leur répondre : gardez votre savoir pour vous ! C’est ce que fait Jésus en leur reprochant d’être aveuglés par leur savoir (leur suffisance). A la différence de l’aveugle qui sait dire “Je ne sais pas”, eux savent, eux voient. Jésus (et saint Jean) a beau jeu de critiquer cette suffisance en retournant la situation voir/être aveugle : puisque vous dites voir… vous êtes incapables de voir le monde nouveau inauguré… vous êtes complétement aveugles (au sens spirituel).

Il faut préciser que, en Jean, le refus de reconnaître Jésus entraine la condamnation. Cf 3,18 : "Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. Qui croit en lui n'est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu. Et tel est le jugement : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises". Le refus entraîne la condamnation. Ce n'est donc pas Dieu qui condamne, mais la personne elle-même.