Veillez !
Edito n°20
La première des lectures qui nous est proposée par la liturgie des dimanches est un appel adressé au Seigneur par Isaïe : “Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemine ? Reviens vers nous !”.
Il est probable qu’au regard des actualités du monde, nous soyons quelque peu déboussolés, comme si le monde était abandonné de Dieu et marchait à la dérive. Pourtant huit jours plus tôt, nous avions médité sur le Christ qui prend soin de ses brebis, selon le prophète Ezéchiel. Nous ne pouvons pas le même jour rassembler sous un unique regard les différentes facettes de notre relation à Dieu. Le premier dimanche de l’avent sonne comme un appel à nous remettre, nous et la terre entière, sous le regard de Dieu. Alors la Parole du Christ nous atteint quand il demande à vivre en éveil, actifs dans la maison du Père… Les dernières images de 2014 commencent à s’imprimer dans nos mémoires et nos cœurs : qu’en garderons-nous ? Il nous revient d’en faire le tri pour retenir ce qui a du poids, ce qui compte aux yeux du Seigneur.
Il y a un an, le pape François publiait l’encyclique “la Joie de l’Evangile”. Elle a pu servir de guide et de repère pour beaucoup. Qu’elle garde encore toute sa saveur aujourd’hui et demain ! Il y a quelques jours, le pape s’adressait à l’Europe. Il invitait à ne pas transformer la richesse de notre histoire en un simple patrimoine que l’on visite de temps à autre. Il invitait à vouloir développer l’humanité à partir des racines auxquelles ont puisé les fondateurs de l’Europe. Son insistance sur la personne humaine comme “être de relation” est un repère pour apprécier tout ce qui se fait entre les humains. En ce sens, à Strasbourg, il interrogeait les modèles économiques, tout comme il l’avait fait au ch.4 de son encyclique. IA Strasbourg ce n’était pas une homélie pour les croyants, il a voulu réveiller, rappeler des fondements et redonner confiance aux hommes chargés de veiller à l’avenir d’un continent. Dans l’avion qui le ramenait à Rome, il réaffirmait que sa parole était ancrée sur la doctrine sociale de l’Eglise.
La première partie du dossier d’Eglise d’Arras reprend la réflexion proposée sur la pensée sociale de l’Eglise. Quelques extraits de documents pontificaux y sont associés. Cette réflexion fait partie de notre patrimoine. Comme le rappelait Benoit XVI : “la «mystique » du Sacrement (eucharistique) a un caractère social. En effet, « l'union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne… Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu'en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens »” §89)... “ Nous ne pouvons rester sans rien faire devant certains processus de mondialisation qui font souvent grandir démesurément, au niveau mondial, l'écart entre riches et pauvres” (§90) ou encore : “Le chrétien laïc en particulier, formé à l'école de l'Eucharistie, est appelé à assumer directement sa responsabilité politique et sociale”. (§91).
Au parlement européen, le pape rappelait le fondement inaliénable qu’est la dignité de la personne humaine, que la solitude, l’absence de liens sont devenues une maladie répandue en Europe. On aura remarqué que la réflexion philosophique et anthropologique soutenait la réflexion, que cette réflexion devrait l’emporter sur les considérations techniques et économiques. Par exemple : “l’individu comme absolu a parfois supplanté l’être relationnel”. Le discours rappelait aussi la nécessité d’affronter ensemble la question migratoire. (Voir l’appel du Secours Catholique en fin de dossier).
Pendant ce temps de l’Avent, nous n’oublierons pas les appels de Pax Christi : “Si tu veux la paix, protège la création”. Nous sommes gardiens et non propriétaires de cette terre ; nous devons l’aimer et la respecter ; “or, nous sommes souvent guidés par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, d’exploiter ; nous ne la gardons pas, nous ne la respectons pas nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont il faut prendre soin… ” François à Strasbourg.
Abbé Emile Hennart