Paix, justice, miséricorde
Edito Eglise d'Arras 1-2016
Paix, justice, miséricorde
Ce n’est pas tous les ans que le N° 1 d’Eglise d’Arras est daté du premier janvier : 1er janvier, journée mondiale de la paix. Le thème de cette année, à l’initiative du pape François, s’intitule : “Gagne sur l’indifférence et remporte la paix.” 1er janvier, c’est la journée où l’on échange les vœux, où l’on désire tourner la page du passé pour inaugurer un monde neuf. Toutes les blessures de 2015 ne sont pas cicatrisées, blessures personnelles et blessures dans la vie sociale. Cependant…
En exprimant nos vœux, nous manifestons ce que nous espérons voir se développer : paix, amitié, santé, signe que nous ne sommes pas indifférents aux évènements de nos familles et du monde. Trois mots résonnent aussi en ce début d’année : La paix, la justice, la miséricorde. Dans la bulle du pape François qui annonce l’année jubilaire de miséricorde, le mot justice revient encore plus souvent que le mot miséricorde. Ne l’excluons pas de notre méditation. Voyons par exemple, le § 20 : “Il n’est pas inutile de rappeler le rapport entre justice et miséricorde”, ce sont deux dimensions d’une unique réalité qui se développe progressivement jusqu’à atteindre son sommet dans la plénitude de l’amour”. Chacun pourra rechercher ces mots dans l’ensemble de la bulle.
Plusieurs journaux, ces derniers temps ont évoqué l’indifférence (allergie ?) grandissante des chrétiens devant les questions sociales. Fin août le pape demandait une mise au point au sujet de l’encyclique Laudato si ! La définir comme encyclique verte ne lui plaisait pas. Il la voit plutôt comme “une encyclique sur la justice sociale, la question du climat ayant une répercussion sur les peuples les plus pauvres et représentant donc un thème de justice”. Cette attention du pape pour la justice envers les pauvres lui est souvent reprochée. Il en était déjà ainsi pour La joie de l’Evangile. En effet, pour le pape, les bienfaits de l’économie ne redescendent pas naturellement sur les pauvres, mais ils montent vers les nantis. Cela suppose que l’on change de modèle d’économie et de politique. Mais le monde libéral se refuse à changer et la misère à nouveau tend à croître.
Puisque c’est le temps des vœux, souhaitons donc que la doctrine sociale de l’Eglise et le souci du bien commun, l’accueil de l’étranger, la justice économique et autres enseignements évangéliques ne soient pas jetés aux orties. Il ne suffit pas de protester contre les disfonctionnements, il faut œuvrer pour que la maison commune puisse accueillir et nourrir tous ses enfants. Les messages du 1er janvier du prédécesseur de l’actuel pape insistaient sur le développement comme contribution à la paix. C’est toujours vrai.
Exercer la miséricorde, c’est mettre en œuvre ce que nous avons reçu du Père : voyez comme il est grand l’amour de Dieu puisqu’il a fait de nous ses enfants affirmait st Jean (1 Jn 3, 1-2). La miséricorde est donc tout autre chose qu’un bon sentiment, elle fait accéder à la dignité d’enfant de Dieu ces millions et millions d’humains que la pauvreté, la misère et l’exploitation par d’autres ont défigurés et continuent à défigurer. Dans quelques jours, à l‘occasion de l’épiphanie, nous serons incités à tourner notre regard vers l’Afrique. La quête de ce dimanche sera faite au profit de l’Eglise en Afrique. C’est une toute petite aide, au vu de l’immense chantier qui attend beaucoup des occidentaux. Notre société saura-t-elle répondre “présent !”
Ces prochaines semaines, nous serons sollicités par la journée du réfugié et du migrant puis par la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Les chrétiens de notre diocèse, quelle que soit leur confession, ont porté le souci du pauvre et de l’étranger, parfois ensemble, parfois selon leur organisation propre (Secours catholique ou Cimade), mais aussi avec d’autres associations non confessionnelles. Puissent-ils faire grandir tout développement et servir la paix, la justice et la miséricorde. Heureuse année 2016.
PS. On ne peut que conseiller la lecture de
"Cette économie qui tue", extraits et analyse des discours du pape François où le pape dénonce la dictature financière, les inégalités, la pauvreté. (Bayard 2015), par Andréa Tornielli et Giacomo Galeazzi.
Abbé Emile Hennart