Témoins du Christ vivant. Exultez !

Edito Eglise d'Arras 07-2016

Témoins du Christ vivant.

 

Au soir de Pâques, selon saint Jean, le Christ ressuscité confie à ses disciples la mission de poursuivre son œuvre, “comme le père m’a envoyé, à mon tour, je vous envoie… Recevez l’Esprit saint ;  ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis…” Faut-il donc que les prédicateurs aient été chiches en paroles de miséricorde et de pardon au nom de Dieu, pour qu’on ait à ce point besoin d’insister aujourd’hui sur la miséricorde divine ? Il est heureux qu’en cette fête de Pâques nous soyons invités à rendre grâce pour l’amour que Dieu a manifesté à notre égard en nous envoyant son Fils : “ Qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu !”.

 

Saint Jean met dans la bouche de Jésus cette parole de confiance : “Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique”. Et encore “Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui” Jn 3, 16-17. Trop de paroles et de condamnations ecclésiastiques, aux siècles derniers et plus récemment, ont entaché le visage du Ressuscité. Pourtant, “personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur” (Evangelii Gaudium §3). C’est dans cet esprit que nous demandons au Seigneur d’envoyer des apôtres pour aujourd’hui : “Plus que jamais, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui, à partir de leur expérience d’accompagnement, connaissent la manière de procéder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension, l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit, pour protéger tous ensemble les brebis qui se confient à nous…” Evangelii Gaudium §171

 

Aurions-nous trop prêché le Royaume de Dieu déjà présent et en germe dans ce monde au détriment de l’au-delà ? C’est la thèse défendue par quelques-uns aujourd’hui. Les tendances à la culpabilisation ont progressé dans les discours ecclésiastiques aux périodes de désespérance, en particulier lors des guerres, famines, pestes et autres misères au cours du Moyen-âge. On a vu alors fleurir dans l’art les scènes abracadabrantesques de jugements derniers plus horribles les uns que les autres, où les pécheurs tombaient dans la gueule des dragons de l’enfer. Pourtant il y avait au milieu de ces tableaux la présentation du Christ en majesté. “Heureuse faute qui nous valut un tel rédempteur”, est-il chanté lors de la veillée pascale. Alors, vivons de la même joie des catéchumènes, baptisés dans la joie de Pâques et proposons, au-delà de nos cercles déjà rassemblés, le visage du Christ qui accueille ses brebis.

 

Avec le chant de l’Exultet en ouverture de la veillée pascale nous avons rappelé le grand passage d’Israël vers la terre de liberté. Il n’est pas interdit d’associer à ce peuple migrant les hommes et les femmes d’aujourd’hui dont beaucoup souffrent de maux divers : la guerre et la haine, la désunion et le désamour, la maladie et l’isolement. Il appartient à chacun des baptisés de faire briller la lumière du Christ au cœur des ténèbres, il appartient à chacun et à toute l’Eglise, de donner le goût de vivre en ressuscité. C’est la grâce que l’on peut souhaiter à notre Eglise d’aujourd’hui. “Là où l’Eglise est présente, la miséricorde du Père doit être manifeste. Dans nos paroisses, les communautés, les associations et les mouvements, en bref, là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde.” (Misericordiae Vultus § 10)

 

Abbé Emile Hennart