Une année pour obéir ?

Edito de Monseigneur Olivier Leborgne - Eglise d'Arras n°01

messe-installation-mgr-leborgne messe-installation-mgr-leborgne  « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu » nous disait l’auteur de la lettre aux Hébreux (Hb 11,8) dans un passage que nous entendions pour la fête de la Sainte Famille.

 

La foi donne donc d’obéir. Elle est même obéissance dira saint Paul (cf. Rm 16,25). Au cœur d’une société qui promeut la liberté individuelle comme autonomie et indépendance, la révélation chrétienne dévoile les chemins de l’authentique liberté (« c’est pour que nous soyons vraiment libres que Christ nous a libérés » déclare encore saint Paul - Ga 5,2) comme obéissance. Paradoxe ?

 

Obéir. Etymologiquement : écouter sous. Dans l’Ecriture, obéir désigne l’attitude des disciples qui se mettent à l’écoute de la parole du Maître qu’est Jésus et par lui de la Parole de Dieu.  Ils savent que « tout a été créé en lui et pour lui » (Col 1,16) , qu’ils sont nés de l’éternelle parole d’amour du Père par le Fils dans l’Esprit, et que Jésus a les « paroles de la vie éternelle » (Jn 6,58).

 

Avec Abraham, croire c’est donc obéir à l’appel de Dieu. Comment donc écouter cet appel ? Si Dieu parle par les « motions », celles-ci demandent à être discernées et en aucun cas l’appel de Dieu ne serait se réduire à nos émotions. Le lieu fondamental pour écouter l’appel de Dieu est la Parole de Dieu contenue dans les Ecritures Saintes. C’est par elles, méditées et reçues en Eglise, que nous nous disposons à l’appel de Dieu aujourd’hui.

 

Les analyses de nos chroniqueurs, journalistes ou théologiens préférés peuvent être intéressantes. L’avenir de l’Eglise et son renouveau missionnaire ne viendront cependant que de notre capacité à accueillir la Parole de Dieu. De là, et pas d’ailleurs.

 

« Il n’y avait pas de place pour eux [Marie, Joseph et Jésus] dans la salle commune (Lc 2,7). L’histoire de l’incarnation commence par le fait que Jésus n’est pas accueilli dans la salle commune. Comment est-il accueilli dans la vie des baptisés et dans nos communautés ? Il est la Parole éternelle du Père qui a pris chair de notre chair (Jn 1,1-14), il est ressuscité selon la chair et se donne à chaque eucharistie dans son corps ressuscité, il ne cesse de venir à nous dans le corps des Ecritures.

 

En ce début d’année, je demande au Seigneur de renouveler notre diocèse dans l’obéissance de la foi pour répondre à l’appel de Dieu en Pas-de-Calais. Je lui demande de nous renouveler dans l’accueil de sa Parole.

 

Pour cela, je vous propose un geste très concret : à la place de la crèche, quand sera venue l’heure de la ranger jusqu’à Noël prochain, installez à la place où vous l’aviez mise une bible ouverte, avec une bougie. Et laissez-la là, en évidence, toute l’année.

 

C’est cette parole d’amour infini qui accueillera tous ceux qui viendront chez vous, et en la voyant ainsi accueillie et accueillante, le Seigneur vous donnera de prendre plus de temps de cœur à cœur avec sa parole. La lire simplement, ne pas chercher à tout comprendre, se laisser toucher le cas échéant, demander à l’Esprit qu’elle nous laboure le cœur et le corps bien au-delà de ce que nous percevons, persévérer. La recevoir en Eglise aussi lors de l’eucharistie dominicale.  Et laisser ainsi le Verbe qui s’est fait chair à Noël venir faire sa demeure en nous. Pour notre joie. Et pour la mission.

 

Entrons encore davantage ensemble dans l’obéissance de la foi. Bonne année !

 

+ Olivier Leborgne,

Evêque d’Arras, Boulogne et Saint-Omer