Une Eglise qui proclame les bienfaits du Seigneur

Edito Eglise d'Arras 21

Il y a cinquante ans, le 8 décembre 1965, l’ensemble des évêques à Rome rendait grâce au Seigneur et célébrait la clôture du concile Vatican II. Le premier document élaboré et voté concernait la liturgie. Certains ont voulu en rester là. Il y eut aussi la constitution théologique sur l’Eglise (Lumen Gentium) et, la veille de la clôture, la constitution sur l’Eglise dans le monde (Gaudium et Spes).

 

La constitution sur la Parole de Dieu (Dei Verbum) mit du temps avant d’être reçue et vécue dans le quotidien des Eglises et des communautés. Divers décrets ou déclarations renouvelaient la compréhension de la liberté religieuse, des relations avec les autres Eglises, avec le judaïsme ainsi qu’avec les autres religions pour que naisse et grandisse une Eglise du dialogue. C’est à cette époque que le pape force les portes du Vatican pour se rendre à Jérusalem en pèlerin. Il rencontre et embrasse le patriarche Athénagoras. Paul VI se rend aussi à la tribune de l’ONU où il prononce un discours en faveur de la paix… Un souffle nouveau parcourait l’Eglise, un esprit nouveau enthousiasmait les chrétiens, prêtres et évêques.

 

Cependant derrière l’accueil favorable réservé aux actes du Concile, la fronde couvait. Le cardinal Ottaviani, secrétaire du Saint-Office, apparait comme opposant actif aux réformes conciliaires. Nous avons cependant davantage en mémoire le nom de Mgr Marcel Lefebvre. Quelques évêques se gausseront de “l’esprit du Concile”, expression qui, selon eux, ne signifiait rien. Des associations verront alors leur influence grandir, comme l’Opus Dei, les Légionnaires du Christ ; un fervent appui sera donné par le pape aux courants charismatiques sud-américains pour contrer le pentecôtisme protestant et, surtout, les théologies de la libération. Il y eut donc de nombreux soubresauts à la réception de ce concile. Il en avait été de même lors des précédents conciles.

 

Cinquante ans plus tard, le 8 décembre 2015, le pape François ouvre l’année du Jubilé de la Miséricorde dont le logo s’intitule : “Miséricordieux comme le Père” Ainsi le peuple de Dieu est invité tout à la fois, à recevoir la miséricorde et à porter cette miséricorde au-delà des murs des églises, aux périphéries existentielles. Aux yeux du pape François, l’Année sainte doit servir de chemin de “conversion spirituelle”, conversion à la lumière du concile Vatican II, dont il veut promouvoir l’héritage.

 

Alors que se propagent à travers le monde des paroles de haine et des manifestations d’hostilité envers “celui qui n’est pas comme nous”, retentit l’appel à manifester la miséricorde de Dieu envers tous. “Le pape veut une Eglise miséricordieuse, c’est-à-dire témoin de la miséricorde de Dieu pour le monde…” C’est un appel à la conversion à la lumière du concile Vatican II. Ce n’est pas à l’enseignement du péché que sont conviés les pasteurs, mais à entrer dans une année de bienfaits offerts par le Seigneur.

 

Dans quelques jours nous fêterons la Nativité et proclamerons le chant des anges : “Gloire à Dieu et paix aux hommes que Dieu aime”. Dans l’accumulation des détails autour de la crèche, savions-nous que l’âne et le bœuf renvoient à l’ouverture du livre du prophète Isaïe 1,3, quand il évoque que ces animaux, eux, savaient reconnaître leur maître et créateur, à la différence d’Israël, le peuple élu de Dieu ?

 

A l’occasion de la journée de prière pour la paix, le premier janvier, le pape François insiste pour que nous luttions contre l’indifférence qui nous guette. Ainsi écrit-il : “le début d’une vie de disciple dans le Christ (le baptême), constitue une nouvelle naissance qui régénère la fraternité comme lien fondateur de la vie familiale et fondement de la vie sociale. Puissions-nous entendre son appel : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix”. Joyeux Noël !

 

Abbé Emile Hennart