La chapelle du Sacré-Coeur

Réhabilitation et prière de l'abbé Francis Carle

  

Liévin, Sacré-Coeur Liévin, Sacré-Coeur   

La chapelle du Sacré-Cœur… Nous y sommes !

 

Pour la réouverture de la chapelle du Sacré-Cœur de Liévin, l'abbé Francis Carle, qui a longtemps célébré dans cette église et qui habite encore tout près, à écrit le poème ci-dessous.
 

Chère chapelle

 

En ce jour de fête où tu revêts une nouvelle parure,
je voudrais te faire publiquement une déclaration d'amour.
Je t'aime, ma Chapelle, pour ton humilité.
Tu ne t'imposes pas comme une cathédrale,
tu n'attires pas comme une collégiale.
Pour te trouver il faut questionner ou chercher.
Comme ton locataire, tu es discrète, tu attends, tu laisses venir.
 
Je t'ai aimée toute petite, quand ton corsage était couleur de tuiles bleutées.
Tes poutres étaient apparentes, tes bras tendus vers le ciel, petite danseuse.
Que de fois je te comparais à une tente.
Dieu est venu planter sa tente au milieu des hommes
Tu nous rappelais que nous étions en route, nomades, gens du voyage.
Je t'ai aimée jeune fille, car tu étais de plain pied avec les gens de la rue.
Pas de marche, pas de rampe, pas de porche;
dehors on était déjà chez toi; dedans on restait toujours avec ceux du dehors.
 
Je t'aime pour tes beaux yeux.
Pas besoin du maquillage de vitraux. Tu es lumière.
Par tes grandes baies vitrées on respirait la nature.
Les branches qui se balançaient, les pigeons qui se croisaient,
le vert des sapins et le roux de l'automne,
les personnes qui allaient et venaient : tes yeux voyaient tout.
 
Je t'aime, ma petite. Chapelle, parce que tu n'as pas de porche où s'attarder.
A peine le seuil franchi on se retrouve ensemble, les yeux dans les yeux.
Impossible de visiter, derrière un pilier, une stalle, un buffet d'orgue.
Tu nous obliges à nous chercher du regard et à sourire.
Tu nous rappelles que chaque personne mérite d'être regardée, d'être visitée.
J'étais fier de toi quand les gens se serraient sur les bancs pour faire la fête,
ou pour se réconforter au moment d'une grande peine.
J'étais heureux souvent d'être seul avec toi.
On pouvait rêver, se taire, prier, contempler le travail des artisans,
leur savoir-faire, le travail du bois et de; la brique.
 
Un jour, tu te souviens, j'ai craint pour toi, j'ai eu peur quand tu es tombée malade. L'eau pénétrait partout, les pieds des maîtresses poutres commençaient à s'effriter. Tu ne supportais plus ni l'humidité ni le vent.
Une deuxième toiture t'a sauvée... mais tu en es sortie vieillie.
Je t'aime toujours même avec ton manteau tout noir remonté jusqu'au cou.
Tu es toujours aussi belle; tes yeux restent aussi pétillants:
tes portes sont autant de sourires à rentrer à la lueur de la lampe.
 
Chère petite Chapelle, j'ai une bonne nouvelle t’annoncer
Bientôt une cité va fleurir derrière chez toi ;
des jeunes collégiens vont te repérer ; en passant certains s'arrêteront peut-être.
La vie fera de toi une grande petite Chapelle.
Je te quitte. Quand viendra l'heure de partir pour toujours,
je voudrais me: reposer une dernière fois chez toi, une heure seulement.
Alors je me blottirai dans tes bras en forme d'étoile,
et tu me conduiras à la maison du Père.

Je t'embrasse.

 

Francis Carle

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Article publié par Elisabeth SOUILLART • Publié • 7415 visites