le Lundi 04 juil 2011


Ce lundi 4 juillet 2011, l'ensemble de la communauté chrétienne était rassemblé autour de Mgr Jaeger en l'Eglise Saint Martin d'Auxi le Château pour la messe de funérailles de l'Abbé Edouard Devines décédé le vendredi 1er juillet dans sa 85ème année.

 

M. Robert Riss, animateur de l'EAP, a introduit ainsi la célébration :
«Il y a un an, à cette époque, notre paroisse disposait de trois prêtres en exercice. L'Abbé Brisbout et l'Abbé Devines, prêtres ainés associés, entouraient encore l'Abbé Jean Pierre Pollart dans l'exercice de sa charge pastorale. Aujourd'hui, après l'Abbé Paul Brisbout, l'Abbé Edouard Devines vient de nous quitter à son tour. Pour rappeler sa vie consacrée à Dieu et à l'Eglise, je ne peux rien faire de mieux que de citer son témoignage qui a paru dans le journal Regard en Marche, à l'occasion de l'année sacerdotale.

 

«Je suis né à Molinghem, le 17 décembre 1926, dans une famille ouvrière de 13 enfants. Ma famille était croyante mais très peu pratiquante. Toute ma jeunesse fut marquée par le patronage, le mouvement Cœurs vaillants puis la JOC ( Jeunesse Ouvrière Chrétienne ) et surtout par l'amitié avec l'Abbé André Brevière, vicaire de la Paroisse. Alors que je me préparais au métier d'instituteur, c'est lui qui un jour m'a posé la question : Et toi pourquoi ne pas devenir prêtre ?

Cette question a longtemps cheminé en moi et la réponse est arrivée en 1944. N'ayant jamais fait de latin, je suis entré au grand séminaire d'Arras dans la section des "Vocations tardives". Deux ans de philosophie et deux ans de théologie ont suivi. En 1949 je quitte le diocèse d'Arras pour l'Abbaye des Prémontrés à Mondaye, près de Bayeux. Un an de noviciat puis deux ans de théologie chez les dominicains au Saulchoir. En 1953, je rentre au diocèse d'Arras au moment de l'affaire des "prêtres ouvriers". Je suis ordonné prêtre le 3 avril 1954. Ensuite se succèdent les différents "postes" en paroisses ouvrières ou villes plus mélangées. Je me suis surtout épanoui à Montigny en Gohelle, dans le bassin minier et depuis 1962 dans le secteur de Rebreuviette.

Mais ma plus grande joie reste le secteur d'Auxi le Château où je vis depuis 1970, partageant à fond la vie des paroissiens y compris par le travail et cela depuis 1969. Successivement chauffeur livreur en boissons, puis chauffeur collecteur de lait et enfin ouvrier communal à Auxi, affecté essentiellement à l'ébouage mais partageant aussi toutes les tâches des employés communaux. Responsable syndical, président de l'Amicale des communaux, élu conseiller municipal, tout cela en n'oubliant aucune des activités paroissiales : catéchismes, messes à Auxi et aux villages, mariages, baptêmes etc. Ce fut, je crois ma façon de vivre le Concile Vatican II qui enjoint à l'Eglise d'être présente au monde et de le regarder avec affection. Des difficultés ? J'en ai connues comme tout un chacun, mais pas plus qu'un papa et une maman face à leur famille ou à leur travail. Je terminerai en disant que ma joie d'être prêtre reste intacte. Je suis bien dans cette région où je connais tant de monde, où j'ai partagé tant de joies et de peines.

Mais attention ! De la lucidité sur notre paroisse et ses problèmes mais pas de pessimisme. Il y a tant de belles actions à découvrir chez ceux que nous rencontrons, jeunes ou adultes, pas des choses sensationnelles, mais de ces gestes fraternels, dignes du Christ et qui font le vrai tissu d'une communauté chrétienne. "On voit les arbres qui tombent mais on ne voit pas ceux qui lèvent pour les remplacer." A tous, bon courage.»

 

Ce témoignage montre combien l'Abbé Edouard Devines fut heureux dans l'exercice de sa fonction sacerdotale dans l'Auxilois. Il en aimait la population qu'il s'efforçait de rencontrer à chaque occasion, partout où elle se trouvait. Il avait le sens du contact. Aussi cette population avait de l'affection pour lui. Nombreux étaient ceux qui l'appelaient affectueusement Edouard.
Ce témoignage montre aussi qu'il portait un intérêt très fort à ces "petits" auxquels Jésus s'est identifié. Il avait une dévotion particulière pour la Vierge Marie. Tous les ans, au mois de mai, il se rendait en pèlerinage à Lourdes avec les personnes de l'Auxilois, autant que pouvait en contenir le car. C'était pour lui un moment de joie.
Nous garderons de lui l'image d'un prêtre d'un grand dévouement , qui a montré dans l'adversité une volonté et un courage édifiants. Pendant ces dernières années, alors que la fatigue se faisait déjà sentir, il continuait à dire trois messes chaque week-end, de faire les mariages et les baptêmes. C'est avec une volonté surhumaine qu'il a exercé sa fonction sacerdotale pendant les trois premiers mois de cette année. Sa dernière messe fut une véritable épreuve tant était grand son épuisement. Deux jours après, il rentrait à l'hôpital. Dans l'impossibilité de poursuivre son sacerdoce, il donnait l'impression que la vie n'avait plus grand intérêt. Nous prierons pour que Dieu accueille son serviteur zélé dans sa maison.»

 

Après la proclamation de l'Evangile des Béatitudes, au cours de l'homélie, Mgr Jaeger a rappelé que l'Abbé Devines les avait annoncées, qu'il en avait donné le signe et le témoignage. Il a également prié pour que cette parole des Béatitudes continue à s'incarner dans l'Eglise et dans notre monde.