Mon ABCdaire du dé-confinement
Ce dé-confinement, tous l'attendent et en même temps d'autres l'appréhendent...
ABCdaire du dé-confinement
Le déconfinement, certains l’appréhendent :
Pendant tout ce temps où le cœur de la France battait à l’unisson et que beaucoup d’actes de solidarité naissaient dans notre société individualiste, il y eut une espérance qu’enfin, le monde change et que ses dirigeants comprendraient que nous allions droit dans le mur en continuant comme ça.
Car « tout est lié », comme le dit si bien notre Pape François. Même si on ne peut pas tout changer du jour au lendemain, il faut au moins commencer à restaurer notre « maison commune » et ça passe par des mots simples :
Amour : »Tu aimeras ton prochain comme toi-même » a dit Jésus. Le «comme toi-même » est important : s’aimer soi pour être capable de « bien » aimer l’autre…
Bienveillance dont notre monde a tant besoin : « Que je sois si bienveillant et si joyeux que tous ceux qui m’approchent sentent Ta Présence » priait Saint François d’Assise.
Consommer : Un des maîtres mots de notre société capitaliste et consumériste. Je me dis souvent que nous sommes entrés dans l’ère de « l’homo consommaticus ».
Cette croissance forcenée vers le « toujours plus », de consommation, de satisfaction de nos désirs immédiats, cette soif de possession a fini par se retourner contre nous. Alors consommer, oui, mais autrement et intelligemment !
Dialogue : Faisons le vœu que ces deux mois de silence contraint, nous aurons appris une autre façon d’échanger, une réelle capacité d’écoute dans le respect mutuel des idées de chacun.
Eucharistie : Source et sommet de notre foi, nourriture pour la route que Jésus nous a laissée. C’est un soulagement pour nous chrétiens de pouvoir à nouveau nous réunir et Le recevoir
Famine : Comme le virus elle se propage aux quatre coins de la planète, au sein de populations jusque là préservées, n’épargnant aucun continent, au Chili, en Thaïlande, au Liban, aux Etats-Unis, même en France…
Gouvernance : Nous avons pu constater la fragilité du système capitaliste qui s’est imposé sur toute la planète via le crédo de la mondialisation ; crédo d’une nouvelle religion celle du Dieu Argent, dont les valets sont l’Individualisme, l’Avidité, l’Arrogance et le « Tout à l’Ego ».
Pour éviter un scénario catastrophe, nos politiques doivent tirer les enseignements de cette crise qui, sur le plan social, a montré l’utilité de services publics performants (santé, police, éducation…), la nécessité de mieux reconnaître des métiers peu valorisés et sous payés … ; et sur le plan économique, la délocalisation de filières stratégiques devra les faire réfléchir.
En Europe, la France et l’Allemagne essayent d’impulser une dynamique de solidarité entre les pays les plus touchés et les autres en mutualisant les dettes, en aidant financièrement et en repensant la santé à un niveau européen. Même si certains renâclent, je trouve ça très positif. C’est peut-être la dernière chance pour la France et l’Europe de façonner le monde de demain et non de le subir… Nous sommes à la croisée des chemins.
Hôpital : La pandémie a fait surgir de l’anonymat de nombreux soignants chrétiens, l’hôpital est-il en passe de devenir une nouvelle terre de mission ? « L’Eglise pourrait y prendre une place essentielle car s’y vivent les étapes fondamentales de la vie : la naissance, la maladie, la mort » assure l’évêque de Montauban qui insiste sur « la nécessité de trouver d’autres formes d’environnement chrétien », dans l’hebdomadaire la vie du 28 mai 2020.
Inventivite : Il en faut et en faudra pour trouver des solutions adaptées au « monde d’après ».
Jésus : Il est notre guide, notre compagnon pour la route, toujours là avec nous et en nous, pour peu qu’on veuille bien l’y laisser entrer…
Kaïros : Dans la Bible, c’est le temps de Dieu par excellence, le moment favorable. Et on y est : l’épisode du Covid 19 nous donne l’occasion de prendre conscience que nous sommes allés très loin, (trop ?) dans l’assouvissement de nos appétits consuméristes et addictifs de tous ordres et de nous poser les bonnes questions pour y remédier.
Laudato Si : Cinq ans après sa parution, la dimension prophétique de cette encyclique apparaît comme une force d’évidence, la pandémie venant tragiquement confirmer l’intuition de notre Pape François que « TOUT EST LIE ».
Masques : Un nouveau concept a émergé de cette crise : la distanciation sociale avec son corollaire, le port du masque. Se protéger est nécessaire mais ça implique de tenir l’autre à distance, ce qui pose question ; en particulier pour les enfants. Beaucoup sont perturbés par ces adultes masqués censés s’occuper d’eux. Toutes les études de psychologie ont montré que des bébés animaux ou humains, nourris, logés, et en sécurité matérielle, s’étiolent, voire se laissent mourir dans un environnement sans caresses ni affection.
Nature : Avec le confinement elle a repris ses droits et c’est tant mieux. La pollution a beaucoup diminué, preuve que l’homme est bien à l’origine, pour une grande part, du réchauffement climatique. Espérons que les sceptiques se laisseront enfin convaincre.
Quel enchantement, au cours de mes promenades (avec attestation), accompagnées par un concert de chants d’oiseaux, d’apercevoir des chevreuils, des hérons, un couple de grèbes huppés avec leur bébé sur le dos, un paroissien a même vu une cigogne sur le toit de son voisin. Merci Seigneur pour la beauté de Ta Création
Ouverture : Œcuménisme et dialogue inter-religieux seront nécessaires car la crise est également spirituelle.
Périphéries : C’est elles qui paieront le plus grand tribut à l’après Covid, alors sortons de nos zones de confort et essayons chacun à notre niveau, là où nous sommes, de faire notre part, comme le petit colibri d’un numéro précédent et prions pour que la peur et le « chacun pour soi » ne nous gagnent pas, que la solidarité continue à faire des merveilles et que nos chercheurs aient le génie de la découverte.
Questions : Beaucoup restent en suspens sur l’origine de ce virus et la gestion de la crise mais regardons plutôt vers l’avenir….
Résurrection : L’origine du mot en grec est relèvement. Avec la pandémie, c’est l’humanité entière qui doit se relever et lutter pour que la vie reprenne ses droits.
Service du Frère qui est le pendant de l’eucharistie sans lequel notre foi est vaine.
Temps : Les crises étant multiples et mondiales, la solution ne pourra venir que d’une prise de conscience globale. Alors prenons le temps d’y réfléchir plutôt que de vouloir à toute vitesse retrouver le monde d’avant.
Au niveau individuel, pour certains, ce temps de retrait a été l’occasion de se poser et mieux discerner les priorités de leur vie pour moins courir après le temps.
Vacances : Finalement, nous pourrons partir en vacances. Beaucoup resteront en France cet été. Ce peut être l’opportunité de (re)découvrir notre beau pays. Mais dans l’euphorie du déconfinement, faisons attention à ne pas commettre d’imprudences : le virus est toujours là et peut très bien reprendre notamment à l’automne…
White-spirit : C’est un dissolvant et je crois qu’on a tous un peu besoin de dissoudre nos rigidités dues à l’habitude, au confort, à nos modes de vie et nos petites habitudes et oser aller un peu plus vers l’autre.
Xenophilie, La sympathie pour les étrangers. Je reviens sur le thème des migrants cher à notre pape. Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, en même temps, je me dis souvent que si nous étions à leur place, en danger de mort, nous ferions pareil…. il suffit de se rappeler l’exode pendant la 2e guerre mondiale ou le comportement des animaux qui fuient quand la forêt brûle.
YIn et Yang : L’altérité dans la complémentarité : chacun a son charisme propre et c’est ce qui fait la richesse et la beauté de l’être humain.
Zoonoses : ces maladies infectieuses transmissibles d’un animal à l’homme se répandent avec le développement économique et l’exploitation de zones vierges mettant en présence hommes et animaux. Et avec la mondialisation, un virus se répand facilement sur toute la planète. Beaucoup sont des maladies émergentes, à étudier d’urgence car il y en aura d’autres selon les scientifiques.
Pour conclure, ce dé-confinement, est à la fois porteur d’espérance qu’il y ait une prise de conscience au niveau mondial et que les choses changent mais aussi de la peur du « On prend les mêmes et on recommence », ce qui serait catastrophique pour l’avenir de l’humanité dont la pandémie a montré la fragilité.
A la crise écologique qui pouvait et peut encore sembler lointaine à certains, se mêlent désormais la crise sanitaire si proche, puis déjà une crise économique et sociale se profilant sur fond de crise spirituelle.
Il y va de notre propre survie dans une mobilisation à la fois collective et personnelle.
Je termine donc avec Martin Luther-King :
« Nous devons apprendre à vivre comme des frères, sinon nous mourrons tous ensemble comme des idiots ».
Béatrice Henry