Logements indignes, l’abbé Delenclos s’indigne.
Au moment où la France avait les yeux tournés sur le drame de Roubaix cet été, l’abbé Delenclos fulminait dans son bureau sur la situation dans son quartier. Depuis quarante ans qu’il est à Calais, son quartier, il connait ! Les personnes en précarité et en difficulté, il connaît, et leur histoire aussi, lui qui fut aumônier de la prison de Longuenesse jusqu’à sa retraite. Il ne supporte plus que l’émotion monte à son maximum dés qu’un évènement mortel se produit. Il sait qu’une fois l’émotion retombée, le silence à nouveau s’installe.
Pour lui, l’habitat et l’environnement dans lesquels sont confinés les habitants conditionnent, pour une bonne part le développement des violences.
A gens misérables, appartements misérables : à défaut de pouvoir payer pour être logés en collectifs, ils sont entassés dans des logements et des quartiers où ils pourrissent dans la promiscuité.
La création de dix logements individuels sur 142 m2 à deux pas du presbytère a fait bondir l’abbé. C’était çà ou la rue, alors on accepte de payer 330€/mois… Ce que dénonce l’abbé, c’est la politique du logement, abandonnée aux bailleurs privés, mais financée en fait par les organismes d’Etat. Au-delà de l’émotion ponctuelle lors d’un drame, les statistiques ont depuis de nombreuses années signalé l’extrême pauvreté qui s’installe sur la ville. La sortie du tunnel à Coquelles avait laissé espérer la création de nombreux emplois, implantation d’entreprises et création d’un centre commercial titanesque. Las !
Pour l’abbé Delenclos, la dégradation de la situation économique depuis de nombreuses années a entraîné la dégradation sociale dans de nombreux quartiers, pas seulement au Fort Nieulay. « Quand on habite le quartier (du Beau Marais, ex-Zup), on ne peut plus sortir en ville, car il n’y a pas de bus après 8h » soupire une habitante désabusée. Des efforts d’animation sociale se sont développés, mais beaucoup de locataires ont besoin d’un suivi éducatif. La vie associative a pu jouer un peu ce rôle éducatif, aujourd’hui elle a du mal à suivre. Les efforts de proximité de quelques bonnes volontés ne peuvent suffire devant les silences voire les désertions ; c’est ce qui a amené l’abbé à agir en cavalier seul. Aujourd’hui, il faut beaucoup plus que de la bonne volonté pour sortir de leur trou les abonnés de la vie, il faut une volonté ferme, de mise à plat de la question du logement, de l’accompagnement social et financier, traités par une seule et même instance juridique.
Depuis lors un nouveau drame a eu lieu. Nouvelle vague d’émotion… jusques à quand ?
EH