Ordination de diacres permanents
30 septembre la cathédrale d'Arras
Lire l'homélie de Mgr Jaeger, en bas de page.
Lire résumé et photos, sur doyenné de St-Omer
Mgr Jean-Paul Jaeger ordonne
six nouveaux diacres permanents en la cathédrale d'Arras
Mgr Jean-Paul Jaeger ordonne
six nouveaux diacres permanents en la cathédrale d'Arras
A cette occasion, Guy Catouillard, diacre sur le doyenné de Béthune depuis dix ans nous, apporte son éclairage sur ce que signifie être diacre aujourd’hui.
Guy, qu'est-ce qu'un diacre permanent ?
Le diacre est un ministre ordonné de l’Eglise. Il reçoit le sacrement de l’ordre en vue du service.
Le diaconat a-t-il toujours existé ?
Depuis le rétablissement de ce ministère au cours du Concile Vatican II en 1964, 1800 diacres ont été ordonnés en France. Dans notre diocèse, à ce jour, il y a 37 diacres permanents et 355 prêtres.
Qu’est-ce que le diaconat apporte aux communautés chrétiennes ?
L’ordination donne des témoins, qui par leur manière d’être, de vivre, sont des signes qu’il est possible d’essayer de vivre l’Eucharistie dans toutes les situations et tous les milieux.
Et pour le diacre?
Le lendemain de mon ordination, dès mon réveil, une pensée m’est venue : je suis diacre ! Et j’ai ressenti une grande joie. Joie qui demeure car on a conscience de servir le Christ en Eglise, avec l’Eglise.
Comment s'articule pour le diacre, vie de couple, vie de famille et ministère ?
Il y a toujours le travail, la famille, les enfants. Avant de faire, il s’agit d’être. Le jour de l’ordination, l’épouse dit oui au Seigneur et à l’Eglise pour vivre aux côtés d’un homme appelé au diaconat. Oui pour partager avec lui les joies, les difficultés, les contraintes du ministère. Pour lui rappeler au besoin certaines priorités, pour veiller à son équilibre, pour l’aider à discerner, pour l’aider, en somme, à être diacre.
Il s’agit d’être ?
Un diacre est crédible dans son milieu professionnel s’il ne triche pas avec la vie quotidienne, s’il porte avec ses collègues le poids du jour, le poids du travail. C’est le premier lieu de témoignage.
Quelle différence avec un prêtre, un laïc engagé ?
Le diacre n’est pas un prêtre et encore moins un prêtre au rabais, inachevé. Avec le prêtre, il a une mission, un ministère dans l’Eglise. Le diacre n’est pas non plus un super laïc et sa mission n’est pas non plus d’abord en paroisse. Par le baptême tous, prêtres, diacres et laïcs reçoivent la mission commune de vivre l'Evangile, de témoigner de l'Evangile au milieu des hommes, de se relier et de relier les autres à Dieu par la prière. Les prêtres et les diacres reçoivent chacun pour leur part une mission spécifique pour rappeler à tous la mission de l'Eglise.
Comment s'exerce la mission d'un diacre ?
Il reçoit de l’Evêque au jour de son ordination une lettre de mission. Cette mission n’est pas figée, elle évolue selon les circonstances et les besoins des communautés et mouvements. Dans nos déserts aujourd’hui, aller à la rencontre de ceux qui cheminent vers le Christ, avancer et rejoindre les personnes, c’est la mission de tous les diacres.
Propos recueillis par Denis Pérard, pour Regard-en-Marche
Patrick et Béatrice Letellier demeurent à Béthune. Mariés depuis 33 ans, ils ont eu 8 enfants dont 7 ont été adoptés. Maintenant à la retraite, Patrick a travaillé dans l'industrie de l'emballage dans plusieurs pays et a terminé sa carrière à Béthune comme responsable d'usine. Ils sont engagés dans les milieux du handicap et de l’adoption (Nid du Moulin, Paralysés de France, Lumière des Enfants), mais aussi dans la vie de l’Eglise.
Luc et Laurence Desreveaux sont mariés depuis 1989. Ils ont trois filles. Laurence est aumônier laïc à l'hôpital de Béthune-Beuvry. Elle est aussi déléguée pour la pastorale de la santé pour le doyenné de Béthune. Luc est cadre commercial dans le transport international de marchandises. Il dirige une équipe de 15 personnes sur l'aéroport de Lille-Lesquin. Il est trésorier membre de l'OGEC des écoles St Paul/St Joseph de Lestrem. Luc prépare en équipe le baptême des 2/7 ans et les jeunes qui cheminent vers la confirmation.
Bertrand et Valérie Savary ont 4 enfants. Ingénieur de l'Ecole des mines de Douai, Bertrand a exercé dans l'industrie métallurgique pendant 15 ans. Il est devenu consultant pour la Qualité-Sécurité-Environnement en 2001 auprès des PME et PMI. Valérie, son épouse était infirmière à l'hôpital de Béthune-Beuvry jusqu'en 2006. Aujourd'hui, elle est formatrice dans un organisme régional dans le domaine sanitaire et social. Ensemble ils participent à la préparation au mariage sur la paroisse, à l’éveil à la Foi des plus petits et sont actifs dans l'association des Parents d'Elèves de la Sainte Famille (Béthune).
René et Francine Martin habitent à Hersin Coupigny. René travaille comme responsable achats au sein de la STA, usine filiale Renault à Ruitz. Mariés depuis 1973, ils ont eu 3 enfants. Ils participent à la préparation au baptême, au mariage et accompagnent des catéchumènes. René est référent catéchuménat pour le doyenné et correspondant laïc au sein de l’Equipe Pastorale de Doyenné. Il vie en lien avec le monde associatif : Restos du coeur, Secours Populaire, chorale laïque et harmonie locale.
Chantal et Philippe Dewalle se sont mariés en mars 1976. Ils ont sept enfants. Philippe est maraîcher à Saint-Omer, en production de choux fleurs l’été et d’endives l’hiver. Il est engagé dans le syndicat et diverses associations. Son épouse, Chantal est investi dans la caté et au sein de la paroisse. Notre premier engagement : « C’est la famille. Etre à l’écoute. Partager et vivre notre foi. »
Laurent et Manuela Samier demeurent à Divion. Laurent est opticien à Béthune, marié avec Maria-Manuela depuis 22 ans et ils sont parents de deux garçons. Membres d’une équipe d’Action Catholique Ouvrière (ACO), ils sont engagés dans la vie associative (parents d’élèves, lycée et collège) en équipe d’animation de la paroisse et équipes du Rosaire.
Le mot de conclusion des diacres
" De nombreux signes ont touché nos sens : les gestes, les chants
Avez-vous remarqué les compositions florales ? Avez-vous vu que chaque bouquet s’appuie sur du bois mort, symbole de la croix du Christ ? Et que sur ce bois de souffrance, jaillit la vie que Dieu nous propose d’annoncer au monde.
N’est-ce pas un résumé de notre mission de chrétiens, et plus particulièrement aujourd'hui de diacres envoyés dans le monde pour servir et nos frères souvent dans l'épreuve, et
Mgr JaegerL'homélie de Mgr Jaeger, le 30 septembre
Les textes de
Vous devinez cependant que l’enseignement qui nous est donné aujourd’hui, prend un relief particulier au moment où vont être ordonnés, dans cette Cathédrale, six diacres, ministres du Christ Serviteur.
Les mots du prophète Amos ne sont pas assez durs pour les repus qui s’enferment dans leurs richesses. De façon plus subtile et profonde, en une dramatique parabole, Jésus met en scène la tragédie de l’homme riche. Pour les deux protagonistes, l’étalage de l’éclaboussante richesse conduit à la perversion de la personne elle-même.
Aujourd’hui, encore, face au mépris du nanti, nous dénonçons immédiatement, et avec raison, l’injustice, la démesure, l’égoïsme, dont sont facilement victimes les humbles, les petits, les pauvres, les faibles, les handicapés. Nous mobilisons les énergies pour que soient corrigées les inégalités qui privent des êtres humains proches ou lointains d’un juste accès aux biens de la création et à la solidarité.
Notre foi ajoute qu’une saine gestion des ressources naturelles, matérielles, intellectuelles et spirituelles manifeste que nous sommes enfants du même Père et frères et sœurs les uns des autres.
Ces vérités fondamentales ont toujours besoin d’être rappelées. Cette nécessité justifierait, à elle seule, que, dans l’Église, des diacres soient appelés et ordonnés. Il y a, en effet, beaucoup à apprendre et à recevoir du Christ pour accepter de ne pas vivre que pour soi, pour les siens, son groupe ou son peuple. Il faut déjà, avec le Christ qui s’abaisse jusqu’à la mort, passer par le renoncement pour ne pas succomber - quand on en a les moyens - à la tentation de l’accaparement, de la domination, de la supériorité et de la suffisance.
La vie fraternelle n’exige pas le nivellement, l’égalitarisme qui détruirait toutes les originalités et les aptitudes. Elle nous appelle à ne jamais grandir sans vouloir que croisse le frère, à toujours offrir à l’autre et à reconnaître la place que, dans la dignité, il est appelé à occuper au sein de la famille.
Oui, tout cela, nous le savons. Au cœur du monde, Luc, Philippe, Patrick, René, Laurent et Bertrand, vous aurez à le signifier et à le proclamer. Voici, cependant, que
Nous laissant habiter par cette Parole de Dieu, nous en retirons un enseignement supplémentaire. Elle avertit toute personne susceptible de céder à l’attrait de la richesse qu’elle engendrera, à tous les coups l’injustice, mais qu’en même temps, elle se détruira elle-même et perdra son identité profonde. Les vautrés dont parle Amos « vivent bien tranquilles » et « se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. » Ils ne peuvent même plus voir et comprendre que se prépare et se forme leur propre désastre. Ils seront « les premiers des déportés. »
Plus saisissante encore est l’analyse de la situation de l’homme riche que Jésus fait dans l’Évangile. Écrasant de son insolence jusque dans ses répliques, le pauvre Lazare qui gisait sur le seuil de sa maison, l’homme riche ne sait pas qu’il a, à tout jamais, obstrué devant lui le chemin du bonheur et de la vie. Ne voyant plus que lui-même, s’étant forgé son bonheur au prix du dédain et du rejet, il n’y a plus place en lui pour accueillir
La situation catastrophique dans laquelle l’homme s’est mis lui-même est exprimée de façon poignante par les mots de Jésus à propos des frères de l’homme riche : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » Rarement le Christ ne prononce une parole aussi désespérante que celle qui qualifie la situation de ceux qui étouffent dans leur richesse : « Un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas et que de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. »
« Ils ont Moïse et les prophètes. » Aujourd’hui, nous ajouterons : ils ont Jésus Christ en qui la loi de Moïse et
Chers amis qui allez être ordonnés diacre, Jésus lui-même vient de vous dire pourquoi la mission de tout ministre ordonné, comme celle de toute l’Église, nous fait avant tout le devoir de proclamer
Mes amis, tout n’est pas encore dit ! S’il suffisait de laisser résonner en soi la loi de Moïse, le message des prophètes et
Imposition des mains Luc, Philippe, Patrick, Laurent, René et Bertrand, par l’imposition de mes mains et le don du Saint Esprit, vous serez ordonnés diacres. Vous serez configurés au Christ, façonnés et modelés à son image. À juste titre, vous pourrez être appelés, selon le qualificatif utilisé par l’Apôtre Paul à l’égard de Timothée, « hommes de Dieu. »
Ministres de Jésus Christ, il vous reviendra alors de porter sa Parole, mais aussi de la laisser transparaître à travers les faits et les gestes, les engagements de toute votre vie. Il vous reviendra, dans le quotidien de l’existence, de révéler ce Fils de Dieu qui, jusqu’à l’extrême de l’Amour, s’est fait le serviteur de son Père, le serviteur de ses frères.
Laurence, Chantal, Béatrice, Francine, Manuella et Valérie, vos épouses, vos enfants savent que vos couples et vos familles sont engagés dans cette aventure du service au nom de Jésus Christ. Vos itinéraires respectifs ont déjà mis à l’épreuve votre capacité d’accueillir, de partager et d’annoncer
Parce qu’Il vous a saisis, vous porterez sa Parole, vous servirez et vous tracerez les chemins du service, vous prierez et inviterez à la prière. Vous contribuerez à communiquer la vie de Dieu par les sacrements.
Fidèles et amis ici présents, ne vous contentez pas d’admirer la démarche de six hommes, de leurs épouses et de leurs familles. Ils sont ordonnés pour que, dans l’Église et dans notre société, nous redécouvrions ou renforcions le sens du service, celui qui nous fait accéder à cette pauvreté sans laquelle des abîmes infranchissables séparent les hommes entre eux et les séparent de Dieu.
Six diacres ajoutés à ceux qui remplissent déjà ce ministère, nous disent, nous montrent, qu’au sein de l’Église comme dans la famille humaine, il est toujours urgent d’accueillir la force, la lumière et la vie du Fils de Dieu, mort et ressuscité. Il nous appelle dans l’humilité et la pauvreté du service à découvrir le bonheur de vivre ensemble comme des enfants chéris et des frères bien-aimés.
Si nous en croyons Jésus, un mort qui ressuscite ne pourra jamais nous faire comprendre cela. Au nom du Christ, Luc, Philippe, Patrick, René, Laurent et Bertrand, eux, le feront !