N° 17 - Le sens d'une vie, de toute vie
Le sens d’une vie le sens de toute vie
Voici le temps de la Toussaint. Tout en nettoyant les tombes puis en faisant le tour des cimetières, chacun médite sur la relation qu’il a pu avoir avec celles et ceux qui l’ont précédé. « Il restera de toi ce que tu as donné… », cette expression de Mannick exprime un sens donné à la vie de celui qui s’en est allé. C’est un aspect de la foi chrétienne : le disciple du Christ est celui qui donne sa vie pour ses frères. Il est sans doute difficile au croyant du 21ème d’accepter de n’être qu’une voix au milieu de voix très différentes pour exprimer le sens qu’il donne à toute vie, mais il lui appartient envers et contre tous, de crier que la “Caritas”* vécue dans le quotidien est l’expression du lien avec Dieu et du sens donné à sa vie.
Ceci peut sembler puéril au moment où les grands de ce monde, surtout les financiers, essaient de “sauver les meubles”, de récupérer le plus possible de l’argent du monde. Lorsque la bourse chute ne restera-t-il que nos yeux pour pleurer : qu’as-tu fait de ta vie ? La lecture des dernières paraboles de Matthieu est éclairante à ce sujet : sur quoi l’homme est-il appelé à veiller ? On peut aussi relire des textes d’évêques, du pape ou de groupes de chrétiens qui se sont exprimé à ce sujet depuis quelques années.
Le hasard fait que la campagne de l’Eglise catholique pour les dons et legs ait commencé au moment même ou s’amplifie la crise boursière. Aucun rapport entre les deux, mais n’est-ce pas l’occasion de s’interroger sur la gestion des biens du monde. Il y a quelques mois on spéculait sur le prix du blé et du maïs, oubliant que les pauvres des pays non développés trinqueraient les premiers. Cette organisation du monde dépasse l’entendement de beaucoup. On ne peut hélas condamner aujourd’hui les auteurs de troubles quand on ne s’est pas investi pour changer la société et son laisser-faire généralisé. Des chrétiens et des hommes de bon sens ont essayé de faire entendre leur voix, discordantes, depuis de nombreuses années, ils n’ont guère été entendu.
Les échos de l’actuel synode sur la Parole de Dieu permettent de se réjouir sur l’insistance mise pour converser avec Dieu par la lecture continue des textes, de l’Evangile en particulier. Ce nouveau regard de la hiérarchie sur l’Ecriture fera oublier le temps, pas si lointain où il n’était pas conseillé de lire toute la Bible et encore moins de l’étudier** et de se méfier des sciences de l’interprétation. Aujourd’hui il est conseillé de lire l’Ecriture, à plusieurs, et dans son ensemble, en ayant recours à l’interprétation pour éviter les dérives, en particulier celles du fondamentalisme et d’une mauvaise compréhension de la lectio divina.
La foi en la résurrection a sa source dans la Parole de l’Ecriture. Elle apparait au bout d’un long chemin d’humanité où le Christ a porté au monde, aux pauvres et aux exclus en particulier l’amour du Père. Saurons-nous habiller notre monde de lumière ?
Abbé Emile Hennart
* Ubi caritas et amor, Deus ibi est
** On pourra lire dans Eglise d’Arras n° 20, décembre 2007, p.16 « Il y a cent ans, Lamentabili… »
Questions de société, quelques textes parmi d'autres: Mgr Descubes, avril 2007; ACO, juin 2008