Déclaration ACO "Folie de croire"

Rencontre nationale des délégués et responsables diocésains

 

Face aux attaques de tous ordres que subissent les travailleurs depuis un an, c'est-à-dire depuis l'élection présidentielle, l'ACO ne pouvait rester muette. Elle a donc profité de son week-end de responsables diocésains des 21 et 22 juin pour produire une parole intitulée "Folie de croire ?",

 

 

 

Folie de croire?
 
On veut nous faire croire que travailler plus donnera à tous des conditions. de vie décentes. Pourtant nous sommes de plus en plus nombreux à devoir nous contenter d'emplois précaires, à temps partiel sous payés.
 
On veut nous faire croire que le démantèlement des services publics n'aura aucune conséquence sur nos vies. Pourtant nous voyons que les conditions d'accueil dans tous les services de proximité (écoles, poste, hôpitaux, tribunaux...) sont de moins en moins bonnes.
 
On veut nous faire croire que la France n'a plus les moyens de financer les systèmes de solidarité, sécurité sociale, retraites, chômage. Pourtant nous constatons que dans le même temps la contribution des plus favorisés diminue, tandis que pour nous les remboursements des frais médicaux, nos allocations et nos retraites sont remis en cause.
 
On veut nous faire croire que les délocalisations, restructurations, licenciements sont inévitables pour la survie des entreprises. Pourtant nous constatons que les grands groupes industriels n'ont jamais fait autant de bénéfices.
 
On veut nous faire croire que la libre concurrence conduira à un équilibre social. Pourtant nous voyons que la fracture s'agrandit de plus en plus entre riches et pauvres partout dans le monde.
 
On veut nous faire croire que la France est la patrie des droits de l'Homme. Pourtant les étrangers sont pourchassés, emprisonnés et renvoyés comme des malfaiteurs.
 
On veut nous faire croire que la pieuse charité peut pallier l'absence de justice. Pourtant nous voulons que chaque Homme ait la possibilité d'assurer par lui-même son existence.
 
On veut nous faire croire qu'il n'y a aucune alternative possible au capitalisme libéral mondial. Pourtant nous savons qu'il n'en est rien. Ce mensonge est entretenu, parce que cela sert l'intérêt d'une minorité qui s'enrichit aux dépends de millions d'hommes et de femmes mal payés, exploités, méprisés...
 
On veut nous faire croire que la bourse et le marché échappent au contrôle humain. Pourtant la spéculation boursière est une activité humaine, réglementée par des personnes auxquelles pouvoir a été donné de prendre des décisions concernant la vie des enfants, des femmes et des hommes du monde entier. 
 

Nous, membres de l'ACO,

Engagés avec tous ceux qui sont dans !'action collective,

nous refusons de croire à ce fatalisme dans lequel on veut nous enfermer.

 

Nous faisons le choix de croire qu'un autre monde est possible. Nous savons qu'ensemble, nous pouvons inventer notre avenir et l'avenir du monde.

 

Nous faisons le choix de croire que la solidarité peut nous sortir de cette situation accablante. Nous en sommes déjà témoins et acteurs dans nos organisations et associations: nous luttons avec les sans papiers, nous agissons pour l'école, nous refusons la précarité, nous défendons le droit du travail..
 
Face à ce système qui détruit l'Homme dans son humanité, nous faisons le choix de croire que la fraternité est source d'espérance et d'avenir pour notre monde. Cette espérance prend source dans le message de Jésus Christ, qui nous révèle que nous sommes tous enfants d'un même Père. Il a fait passer la Justice avant l'ordre établi, l'Amour avant la loi. Il nous offre la joie de croire que son chemin est chemin de vie.
 

Tous frères! Une utopie? Une folie?

Eh bien, nous voulons être des utopistes et des fous!

Et si, ensemble, nous faisions le choix de croire que

c'est vraiment ce dont notre monde a besoin

 

L'Action Catholique Ouvrière,

réunie en assemblée nationale, à Paris le 22 juin 2008 .

 

Article publié par Emile Hennart - Maison d'Evangile • Publié • 13383 visites