Quelle place pour les ministères ordonnés
Prêtres et diacres avec l'ACO
«De quels ministères ordonnés l'ACO a-t-elle besoin pour vivre sa mission?»
Ce thème a rassemblé trois jours durant, fin septembre 2007, à Rezé près de Nantes, 150 prêtres, une vingtaine de responsables de l'Action catholique ouvrière, et quelques diacres. Cette recherche sur la place des ministères ordonnés est engagée dans le mouvement depuis la rencontre nationale de Grenoble, en mai 2006.
En avril 2007, le conseil national de l'Action catholique ouvrière (ACO), constatant le vieillissement et la diminution du nombre des prêtres en France, s'était interrogé sur le sens de leur présence dans le mouvement. «Il s'agit de discerner où la présence de ministres ordonnés est essentielle pour la mission de l'ACO au- aujourd'hui, souligne Michèle. Béarez, secrétaire nationale à la formation du mouvement. Cette mission est tournée vers un monde ouvrier qui n'est plus un bloc homogène, mais est bouleversé dans ses solidarités, autrefois naturelles, aujourd'hui mises à mal par le libéralisme. »
Responsabiliser les laïcs
Mouvement d'Église, l'ACO se veut au service du dialogue que Dieu engage avec l'humanité. Sa mission est d'être en responsabilité du monde des «travailleurs», notamment des plus précaires. Cette volonté «d'être avec» a été explicitée lors de la dernière rencontre nationale de l'ACO dans une résolution intitulée «Faire peuple », déclinée dans chaque diocèse. Cette recherche sur la place des aumôniers est également «l'occasion d'une réflexion sur la responsabilisation des laïcs dans le mouvement», remarque Benoît Noblet, secrétaire national aux publications.
En début de session, après l'accueil des congressistes par Mgr Georges Soubrier, évêque de antes, le Père Jo Mauget, aumônier du comité de secteur de Cholet (Maine-et-Loire), a ainsi expliqué comment, à Cholet, sur les quinze équipes existantes, douze fonctionnent sans qu'un aumônier, prêtre ou diacre, les accompagne. Au fil des départs d'aumôniers non remplacés, l'importance de se former à la lecture de la Bible est apparue et des formations ont été mises en place à l'initiative de son prédécesseur. Quand ce dernier a demandé à quitter sa fonction, le comité de secteur a tenu à ce qu'un prêtre continue et soit «nommé» par l'évêque pour «être avec eux». Pour le P. Mauget, cette présence d'un aumônier de secteur est pour les laïcs «l'occasion de découvrir qu'ils sont un mouvement d'évangélisation reconnu. L'aumônier signifie que leur mission est dans la mission de l'Église.» Il est là pour témoigner de la place essentielle de la parole de Dieu et de la prière.
Serviteurs de l'espérance
Le P. Serge Cauvas a trente-quatre ans de sacerdoce derrière lui. Il a été nommé, comme diacre, en 1974 dans le bassin charbonnier d'Alès, alors que les charbonnages étaient en crise. Pour lui, une mission essentielle de l'aumônier est de saisir les occasions de rencontre et de partage sur ce qui donne sens à la vie de chacun et peut nourrir l'espérance. «Durant cette session, insiste-t-il, nous avons également beaucoup parlé du prêtre serviteur de la parole de Dieu, pour ces hommes et ces femmes, et du prêtre serviteur de la rencontre avec Dieu à travers les sacrements et la prière. »
La place des diacres a pris un accent particulier à Rezé. De l'avis de tous, le diaconat a une place spécifique auprès de ce monde ouvrier, puisqu'il est le signe du Christ Serviteur. Mgr François Maupu, évêque de Verdun et président du Conseil épiscopal pour les mouvements et associations de laïcs, est intervenu en fin de session. Il a incité les responsables du mouvement à continuer leur recherche sur les ministères ordonnés et les a invités à montrer que l'ACO était un bon outil d'évangélisation. Les points forts de la session seront présentés devant l'Assemblée plénière des évêques, qui se tiendra du 3 au 8 novembre prochain, à Lourdes.
Patrick de Sagazan,
ACO, 7, rue Paul-Lelong, 75002 Paris, site: www.acofrance.fr.
Paru dans Catholiques en France